Politique

L’Algérie expulse d’autres agents français : ce que l’on sait

Les choses ne sont pas près de s’arranger entre l’Algérie et la France. Alors que les deux pays avaient pris à la mi-avril la mesure inédite de l’expulsion réciproque de 12 agents consulaires, de nouveaux agents français viennent d’être déclarés persona non grata par Alger. Ce sont encore des agents de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), rattachés directement au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, rapporte AL24 News.

L’information a été rapportée en exclusivité samedi 10 mai par la chaîne publique algérienne. Selon le journaliste Fayçal Métaoui, par ailleurs, chargé de mission à la présidence de la République, le ministre français de l’Intérieur a, dans « une nouvelle manœuvre », envoyé « des hommes sous couvert de passeport diplomatique ».

En fait, précise AL24 News, ce sont des hommes qui appartiennent à une direction qui dépend des services du ministre de l’Intérieur, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Ayant constaté que la partie française « n’a pas respecté la procédure en la matière », l’Algérie a tout de suite déclaré les agents en question persona non grata et a procédé à leur expulsion. « C’est une procédure tout à fait légale, parce que lorsqu’on entre dans un territoire avec un passeport diplomatique, il faut informer toutes les parties en respectant la convention de Vienne et les accords consulaires existant entre les deux pays », a expliqué le journaliste.

« C’est une manœuvre encore une fois de ce ministre de l’Intérieur qui mène une croisade contre l’Algérie depuis plusieurs mois et qui utilise tous les moyens pour essayer de faire pression sur l’Algérie qui continue à défendre sa souveraineté », a-t-il commenté.

Bruno Retailleau de nouveau au cœur de la crise France-Algérie

La mesure survient alors que le gouvernement français a menacé de « durcir » ce qu’il appelle la « riposte graduée » à l’égard de l’Algérie.

« La situation est bloquée aujourd’hui avec l’Algérie (…) Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères, vont réengager ensemble, une phase de concertation et de négociations pour continuer à appliquer cette riposte graduée vis-à-vis de l’Algérie et probablement la durcir », a déclaré la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas à la sortie d’un Conseil des ministres mercredi 7 mai.

Lundi 5 mai, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait déjà fait état du blocage du dialogue entre les deux capitales, précisant que le maintien en détention de l’écrivain Boualem Sansal et l’expulsion des agents consulaires « ne facilitent pas le dialogue ».

Le 23 avril, le ministre de l’Intérieur avait brandi la menace de prendre d’autres mesures contre l’Algérie, indiquant que la prochaine étape pourrait être la remise en cause d’un accord bilatéral de 2013 portant exemption réciproque de visa pour les porteurs de passeports diplomatiques.

L’Algérie a décidé à la mi-avril d’expulser 12 agents du ministère de l’Intérieur français exerçant à l’ambassade et dans les consulats de France, en réaction à l’arrestation et l’incarcération à Paris, au début du même mois, d’un agent consulaire algérien dans le cadre de l’affaire de l’enlèvement présumé du cyberactiviste Amir DZ.

Le ministère des Affaires étrangères algérien a imputé la responsabilité de la dégradation de la relation bilatérale à Bruno Retailleau.

La France a réagi par l’expulsion de 12 agents consulaires algériens et le rappel de son ambassadeur en Algérie, Stéphane Romatet. À une semaine du congrès des Républicains, Bruno Retailleau se retrouve de nouveau au cœur de la crise franco-algérienne. Candidat favori à la présidence du parti, le ministre de l’Intérieur est soupçonné d’utiliser le dossier Algérie pour séduire l’électorat extrémiste de cette formation politique de droite.

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