Économie

Air Algérie plombée par le réseau domestique

Vingt ans après la fermeture de l’aérien au privé suite à l’affaire Khalifa Airways en 2003, Air Algérie continue de régner presque seule sur le marché algérien.

Une situation intenable pour la compagnie aérienne publique qui se retrouve plombée par le réseau domestique.

L’apport de Tassili Airlines, qui appartient à Sonatrach, s’est avéré insuffisant alors que Air Algérie fait face à une hausse de la demande sur les lignes domestiques et les vols internationaux.

« Il y a une très forte demande sur les lignes domestiques. En Algérie, les gens voyagent de plus en plus par avion », explique une source proche du dossier.

En plus de desservir de nombreux aéroports à travers un vaste pays, Air Algérie doit faire face à une hausse de la demande sur le marché international, avec notamment la décision des autorités de faire de l’aéroport d’Alger un hub entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe.

Les premiers résultats de cette politique de déploiement en Afrique sont encourageants. La ligne Alger – Dakar est souvent pleine, selon Air Algérie.

Dans ce contexte, la compagnie aérienne nationale veut se développer à l’international où les dessertes sont plus rentables que les lignes intérieures où les billets d’avion sont soutenus par l’Etat.

« Un vol Alger – Tamanrasset revient en équivalent en dinars de 150 euros. Le vol Alger – Paris est facturé en basse saison à 300 euros, sans les promotions, et à 600 euros en haute saison. La durée du premier est de trois heures et celle du second est de deux heures », explique la même source.

Si elle gagne de l’argent à l’international, Air Algérie se contente d’assurer un service public sur les lignes domestiques.

Si la fin du monopole des compagnies aériennes publiques sur le transport aérien en Algérie a été actée en 2021 avec la décision du ministère des Transports de rouvrir le secteur au privé, aucune nouvelle compagnie n’a été lancée, pour des raisons inconnues.

On s’attendait alors à ce qu’Air Algérie et Tassili Airlines ne soient plus les seules compagnies aériennes algériennes présentes sur le marché mais aucune avancée n’a été faite sur ce dossier depuis ces annonces.

Pourtant, l’ouverture du transport aérien aux investisseurs privés notamment dans le réseau domestique est une nécessité.

Air Algérie : la demande sur les vols domestique en hausse

Sur les lignes intérieures, Tassili Airlines, beaucoup plus centrée sur les créneaux du sud du pays où sont basées les installations pétrolières de sa maison mère la Sonatrach, ne peut se substituer seule à Air Algérie.

Avec une flotte d’une douzaine d’avions, le poids de Tassili Airlines sur le marché domestique demeure faible, alors que son apport à l’international est insignifiant.

De son côté, Air Algérie, avec une flotte de 56 avions, ne peut pas assurer à elle seule la couverture d’une trentaine d’aéroport au niveau national tout en assurant les dessertes internationales.

Même l’acquisition prochaine de 15 nouveaux avions ne pourra pas permettre à Air Algérie de couvrir le domestique et l’international dans des conditions optimales.

À elle seule, l’Algérie compte autant d’aéroports domestiques que plusieurs pays d’Afrique du nord réunis. Il n’est pas possible que deux compagnies aériennes puissent assurer seules la couverture de tout un pays de deux millions de km².

La réouverture de plusieurs aéroports dans les Hauts-Plateaux comme Mecheria, Tiaret, ainsi que d’autres enceintes a fait grimper la demande sur les vols du réseau domestique.

Les Algériens voyagent de plus en plus par avion entre les wilayas du pays, en raison des longues distances à parcourir par route entre le sud et le nord du pays et la faiblesse du transport ferroviaire.

A l’international, Air Algérie peine à satisfaire la demande en raison de la présence d’une importante communauté algérienne à l’étranger, notamment en France, et qui reste attachée au pays.

« Les tensions sur les billets sur le réseau international commencent dès le mois d’avril et durent tout l’été. Il y a une forte demande et les places dans les avions ne sont pas nombreuses », souligne notre source.

L’arrivée d’une ou plusieurs compagnies low cost spécialisées dans le domestique pourrait permettre à Air Algérie de se consacrer au réseau international où elle a pour objectif de faire de l’aéroport d’Alger un hub entre l’Europe et l’Afrique.

Ayant des obligations sur les réseaux domestique et international ainsi que vers les Lieux-Saints de l’Islam (Omra et Hadj), Air Algérie a besoin d’être épaulée au moins sur le réseau intérieur pour qu’elle puisse renforcer ses positions à l’étranger.

La gestion de tous ces créneaux en plus des vols des officiels et des délégations sportives devient problématique avec une flotte de 56 avions seulement quand on sait que le renfort en nouveaux appareils n’interviendra pas bientôt.

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