
À Tlemcen, c’est le temps des cerises. Dans les vergers de cette wilaya de l’extrême ouest de l’Algérie, le vert des feuilles est ponctué du rouge vif des baies. Pour les agriculteurs, la course est lancée, assurer la récolte avant les éventuels dégâts des oiseaux. Ces cerises ont acquis une renommée qui pourraient déboucher sur l’attribution d’un label.
Sur des coteaux, les branches des arbres sont chargées de fruits mûrs. Habilement, des ouvriers détachent les cerises. D’autres parcelles attendront, leurs cerises ne sont pas totalement mûres.
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Dans les allées, les ouvriers s’activent. Les grandes caisses habituellement utilisées en agriculture sont bannies, pour les cerises seules des cagettes de faible contenance sont utilisées. Les cerises sont des fruits fragiles. Une dizaine de personnes s’activent sous les arbres, ce type de récolte réclame une importante main-d’œuvre.
Les cagettes en plastique sont pesées puis chargées à l’arrière du pick-up d’un commerçant. Plus loin, de jeunes ouvriers s’affairent autour d’un fourgon. Ils chargent des cagettes remplies des précieuses cerises. Le chef d’équipe explique : « C’est un chargement pour le marché des Eucalyptus à Alger. »
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À Tlemcen, la production de cerises est « abondante »
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Parmi les cerisiers, une variété reconnaissable par tous : des Bigarreau à la belle taille et particulièrement juteuses. Un agriculteur confie à la Télévision algérienne : « cette année la production est excellente. Les commerçants viennent de toute part pour s’approvisionner : d’Alger, Blida ou Boumerdès. » Fièrement, il ajoute : « 50% des cerises consommées en Algérie viennent de Tlemcen qui est connue pour sa production. »
Les cerises ont leur fête
Les cerises ont leur fête. A la mi-juin dans la commune d’Oued Lakhdar a été organisé un festival des produits du terroir et de la cerise. La presse locale n’a pas manqué de relever le travail des producteurs d’Ain Fezza, Terny, Ouled Mimoun qui « produisent une qualité exceptionnelle de la cerise notamment le Burlat, Napoléon, Moreau et Dur Noire. »
Sous des stands aux chapiteaux de toile blanche, les producteurs ont exposé leurs plus beaux fruits. Ils sont venus de toute la région. Il y a bien sûr les fameuses Bigareau mais également de nouvelles variétés : Van ou Sunburst.
Le développement des pépinières y est pour beaucoup dans l’introduction de nouvelles variétés et le renouvellement du verger.
Pour les producteurs de Tlemcen, l’intérêt de disposer de différentes variétés réside dans leur maturité échelonnée ce qui laisse le temps aux agriculteurs d’organiser la récolte. Un exposant déclare : « Il y a de la qualité et des quantités suffisantes pour chacun. » Il ajoute : « Les prix sont accessibles ».
Une indication géographique protégée
Dans la région de Tlemcen, la culture des cerises a trouvé ce « lien au lieu » si cher aux spécialistes de la labellisation des produits agricoles. Sur ces côteaux, les cerises ont trouvé leur terroir. D’abord un ensoleillement puis une altitude moyenne qui permet une amplitude entre les températures du jour et de la nuit. Une altitude qui permet également une maturité échelonnée des différentes variétés. Si la chaleur oblige à une irrigation, avec le vent elle réduit le risque de maladie du feuillage.
Ces conditions naturelles contribuent à créer un terroir d’autant plus qu’existe un réel savoir-faire des producteurs locaux acquis au cours des années. Ces caractéristiques pourraient permettre de labelliser les cerises des côteaux de Tlemcen, ce qui suppose que les producteurs locaux s’entendent sur un cahier des charges.
Une démarche qui implique des limites géographiques avec le nom des communes concernées, les conditions de culture, les variétés cultivées, le calibre des fruits, le taux de sucre et une traçabilité des produits. Une stratégie qui permet de déboucher sur une indication géographique protégée (IGP) et garantit les produits tant sur le marché local qu’à l’exportation.