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Algérie : ces destins engloutis dans les eaux de Oued El Harrach

Derrière le drame du bus à Oued El Harrach, des destins brisés. Une tragédie qui a endeuillé toute l’Algérie.

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Algérie : ces destins engloutis dans les eaux de Oued El Harrach
Source : Facebook
Lynda Hanna
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Le drame de Oued El Harrach, l’un des accidents de la route les plus meurtriers de ces dernières années en Algérie, ne finit pas de susciter l’émotion à travers le pays. 

Ce vendredi, un bus bondé de passagers a fini sa course folle dans les eaux polluées de l’Oued d’El Harrach. Le bilan est très lourd : 18 morts et 24 blessés. Le drame n’a pas seulement endeuillé de nombreuses familles, mais il a brisé bien des destins et des projets de gens ordinaires et anonymes. 

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Sur les visages et dans les voix brisées des proches de ceux qui ont péri et qui ont témoigné aux médias se lisaient la douleur. Et derrière chaque témoignage, une histoire. Comment pouvait-on imaginer qu’un projet de visite familiale, un jour d’été et de repos hebdomadaire, pouvait se transformer en tragédie ?

Une famille presque entièrement décimée

C’est pourtant le destin de cette famille presque entièrement décimée de Biskra. Venue profiter de quelques jours de repos à Alger, loin de la chaleur étouffante du sud, elle a vu son projet englouti dans les eaux de Oued El Harrach. Sur les cinq membres, présents à l’intérieur de ce bus de la mort, deux sœurs ont pu survivre. Mais leur mère, leur grand-mère et leur frère, eux, n’ont pas eu cette chance.

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Autre histoire émouvante, celle d’un père sorti sans jamais revenir à la maison. Les larmes au bord des yeux, son fils raconte à une chaîne de télévision comment il a appris la nouvelle du décès de son père. « Il était parti chercher ma sœur, mais il a tardé à revenir… On s’est inquiété. Avant de quitter la maison, il m’avait fait des recommandations et il avait même rendu visite à mes tantes, jeudi soir. », dit-il, comme pour suggérer le signe prémonitoire de cette subite disparition. « C’est ma sœur qui a donné l’alerte. On a essayé de le contacter au téléphone, en vain. Puis, on s’est rendu à l’hôpital Zmirli après avoir appris la nouvelle de l’accident. Sur place, on nous a dit que certaines victimes ont été transférées à l’hôpital Ain Naadja et d’autres à l’hôpital Mustapha. Une fois à Ain Naadja, on nous montre des documents, c’était ceux de mon père », témoigne le jeune homme qui a fini par flancher, peinant à retenir les sanglots.

Pour lui, le destin a fauché une présence rassurante, laissant un vide impossible à combler. «Je ne suis pas rassasié de sa présence », crie-t-il alors que des présents à ses côtés tentaient de le consoler. 

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Un autre homme a perdu sa femme et sa fille qui étaient dans le bus de la mort. Malgré l’immense chagrin, il préfère s’en remettre à Dieu, comme par résignation. Seulement, des mots de foi. « Ma famille était vertueuse, que Dieu leur fasse miséricorde, elles sont décédées. C’est le destin. ».

Un fils unique parti à jamais

Il y’a aussi cet autre témoignage bouleversant : au milieu des corps sans vie alignés, un jeune homme, sans documents d’identité sur lui, est méconnu. C’est sa tante qui finit par l’identifier. « C’était le fils unique de ma sœur », raconte la femme en sanglots.

Une tragédie pour sa mère qui avait déjà perdu son époux. « C’était mon voisin. Il allait souvent rendre visite à sa mère. C’était un homme bien, toujours souriant, il ne m’a jamais dit un mot déplacé ».

La voix tremblotante, un autre homme raconte la perte de son voisin « serviable et discret ». Lorsqu’il apprit la nouvelle, il peinait à réaliser tant il voyait une amitié de plusieurs années s’effondrer en l’espace de quelques heures, engloutie à jamais dans les eaux de cet oued qui traverse El Harrach. « C’était un rituel pour lui de rendre visite à sa mère le vendredi. Le destin a voulu que cette fois ci, c’est la dernière », souffle-t-il, la gorge nouée et des larmes perlant sur son visage.

Venu chercher du travail à Alger, il repart dans un cercueil 

Autre destin brisé : Brikat Salah Eddine est depuis deux jours seulement à Alger. Venu de Barika pour chercher du travail dans la capitale, il n’y retournera plus. Son oncle raconte aux médias : « Sa sœur avait eu comme un pressentiment. Ils l’ont appelé au téléphone, mais il ne répondait pas».

Son rêve d’une nouvelle vie, à peine entamée, a été englouti. Ce sont là quelques témoignages qui racontent le sort de certaines victimes, loin probablement d’imaginer que ce voyage était le dernier pour elles. Le drame d’El Harrach n’est pas seulement une tragédie qui a endeuillé et amputé des familles de toute l’Algérie, mais a interrompu des rêves et des espérances. Une tragédie qui aurait pu être évitée, que certains ont accepté comme une épreuve du destin. 

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