Économie

Algérie : cette condition qui ferme la porte aux véhicules premium

Les véhicules du segment haut de gamme ou premium pourraient être les victimes des nouvelles conditions d’importations de voitures adoptées par l’Algérie.

L’événement depuis quelques semaines en Algérie c’est la réouverture du marché automobile à l’importation.

Les véhicules devraient être de nouveau disponibles progressivement à partir de ce mois de mars après des années de blocage, mais cela risque de ne pas être le cas pour les voitures haut de gamme ou premium, comme Mercedes, Audi et BMW, les trois marques qui avaient des représentants en Algérie, avant le blocage des importations de voitures.

En cause, les conditions imposées aux concessionnaires automobiles algériens par le cahier des charges relatif à l’exercice de l’activité.

Le cahier des charges a été publié en novembre dernier et les premiers agréments viennent tout juste d’être attribués. Lundi 6 mars 2023, le ministère de l’Industrie a annoncé les noms des trois premiers concessionnaires automobiles officiellement agréés et qui pourront incessamment entamer les opérations d’importation.

Véhicules en Algérie : l’étrange interdiction du diesel

Il s’agit de Fiat Algérie, qui commercialisera les véhicules de sa maison-mère, Emin Auto pour les véhicules chinois JAC et Halil Auto qui représentera la marque allemande Opel.

D’une capacité de 60.000 véhicules, l’usine algérienne de Fiat qui est implantée à Tafraoui près d’Oran, en cours de réalisation, entrera en phase de production et de commercialisation vers la fin de l’année 2023, selon le ministère de l’Industrie.

L’offre devrait en outre être renforcée par l’entrée sur le marché des véhicules de moins de trois ans d’âge, désormais autorisés à l’importation en vertu de la loi de finances pour 2023 et d’un décret d’application daté du 20 février dernier.

Toutes ces nouveautés ont fait naître un espoir de voir les véhicules de nouveau disponibles et plus accessibles sur le marché automobile algérien après plusieurs années de pénurie et de flambée des prix tant du neuf que de l’occasion.

L’amélioration de la situation ne concerne toutefois pas certaines catégories de véhicules. Il y a déjà ceux équipés d’une motorisation diesel, les plus demandés en Algérie mais exclus de l’importation du neuf et du moins de 3 ans, pour des raisons inconnues.

L’Algérie a décidé d’interdire l’importation des véhicules dotés de motorisations diesel alors que ces derniers demeurent les plus adaptés aux grands rouleurs.

Pays vaste par son territoire, l’Algérie a besoin de véhicules qui peuvent parcourir de longues distances, sans consommer beaucoup de carburant.

Dans ce registre, les véhicules diesel sont toujours les plus compétitifs par rapport aux voitures essence et aux automobiles électriques davantage adaptées aux courtes distances.

Algérie : les véhicules premium ne trouvent pas de représentants

Les choses risquent de demeurer aussi inchangées pour les véhicules classés dans le haut de gamme sur le marché algérien. On pense notamment à la gamme Audi, BMW, Mercedes, Tesla, Volvo, Lexus…

Il sera difficile pour ces marques de se faire représenter sur le marché algérien car le cahier des charges cité impose aux concessionnaires une condition particulièrement contraignante.

L’article 27 du décret exécutif 22-83 du 17 novembre 2022 dispose que le concessionnaire doit, au terme de la première année après son agrément, s’implanter dans au moins 28 wilayas du pays.

Si cette condition est à la portée des concessionnaires automobiles des marques généralistes destinées au grand public, elle est susceptible en revanche de rendre l’activité non rentable pour ceux qui se spécialiseraient dans une marque premium.

Car cette gamme, toutes marques confondues, ne représente que 3% du marché algérien de l’automobile en volume. Pour chacune des marques qui peuvent potentiellement s’installer en Algérie, c’est moins de 1% du marché.

Ouvrir au moins 28 points de vente et de service après-vente, cela ne peut pas être rentable et si aucun agrément n’a été octroyé pour les concessionnaires de cette gamme, c’est probablement parce qu’il n’y a pas eu de postulants.

L’unique moyen de rentabiliser une telle activité est de la centraliser, pour chaque marque, au niveau de deux ou trois grandes villes du pays.

En plus, ouvrir des concessions Mercedes ou Audi dans 28 wilayas du pays est difficile à justifier en raison de la concentration dans les grandes villes du pays des clients des véhicules premium comme les hommes d’affaires et certaines administrations centrales de l’Etat.

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