Économie

Algérie – Espagne : la pression monte sur Pedro Sanchez

Fortement impactés par la suspension des relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne depuis juin dernier, les patrons espagnols sont dans le désarroi.

Un mécontentement qui accentue la pression sur le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez. Ce dernier se trouve sous pression pour qu’il trouve des solutions d’autant plus que la crise avec l’Algérie a été provoquée par son revirement dans le dossier du Sahara occidental, en mars 2022.

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Selon le journal espagnol, El Independiente, un groupe de patrons espagnols se réunit ce mardi 10 janvier avec le ministre de l’Industrie à Madrid pour discuter des retombées de la crise entre l’Algérie et l’Espagne et pour trouver des solutions concrètes qui touchent 600 entreprises espagnoles au total.

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Les patrons espagnols décrivent une « situation désespérée » et dénoncent « l’opacité absolue » de la gestion du gouvernement espagnol et sa promesse non tenue de fournir des aides pour compenser les pertes occasionnées par le gel des transactions commerciales avec l’Algérie. Ces pertes sont estimées à 1,4 milliard d’euros en six mois, ajoute la même source.

« Que le ministère nous explique ce qu’il faut faire pour continuer à opérer. Jusqu’à présent, nous sommes restés pour la confiance de nos fournisseurs », note Julio Lebrero, directeur de l’entreprise Aecomhel, basée à Huesca et dédiée à la fabrication de machines de travaux publics.

Environ 90 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise Aecomhel dépend de l’Algérie, où elle a constitué une société mixte avec une entreprise publique, indique El Independiente.

Julio Lebrero pense que la crise ne sera pas résolue tout au long de l’année 2023 en évoquant « un silence qui empêche toute décision en Algérie ».

L’entreprise Aecomhel a déjà enregistré deux millions d’euros de pertes depuis juin 2022. Son patron Julio Lebrero table sur un statu quo qui porterait les pertes à 12 millions d’euros.

Interrogé par El Independiente, le président du Cercle de commerce et d’industrie algéro-espagnol, Djamel Eddine Bouabdallah, estime que « le secteur privé a été totalement oublié dans la crise entre les deux États. »

« Jusqu’à présent, les relations entre les deux pays ont essentiellement porté sur le gaz, le pétrole et l’énergie. D’où notre conviction que nous devons nous constituer un lobby efficace pour donner du muscle au secteur », soutient M. Bouabdallah.

Perspectives sombres pour les entreprises espagnoles

« Loin d’envisager une issue, la situation existante de blocage commercial avec tout ce qui est espagnol s’est enlisée et est devenue désespérée non seulement pour notre entreprise mais aussi pour tous les entrepreneurs espagnols présents en Algérie à l’horizon 2023 », confirme Indeco Global, une firme présente depuis plus d’une décennie en Algérie, où elle crée et développe des hôtels, centres commerciaux, complexes de loisirs et bureaux de la nouvelle chaîne hôtelière algérienne AZ.

Les perspectives sont sombres pour les opérateurs espagnols d’autant plus que le gouvernement de Madrid ne donne pas l’impression de pouvoir changer la donne. Le ministre espagnol des Affaires étrangères s’en est remis à l’Union européenne dans ses dernières déclarations sur le blocus commercial imposé par l’Algérie aux entreprises espagnoles.

Les contrats en vigueur en Algérie « menacés »

Les pertes risquent d’être plus importantes vu que les contrats en vigueur signés en Algérie sont « menacés », indique le responsable de l’entreprise espagnole qui participe à la réunion, cité par le même média.

« Nos clients pourraient envisager la résiliation de nos contrats dans un délai maximum de quatre mois afin de pouvoir réaliser les investissements prévus pour 2023 avec des entreprises de l’Union européenne suffisamment qualifiées et non interdites » en Algérie, prévient le responsable de cette entreprise pour El Independiente.

Les entreprises espagnoles concernées doutent de l’efficacité de la solution de recourir à l’Union européenne comme moyen de pression sur l’Algérie, selon la même source.

« Nous payons les conséquences d’un conflit diplomatique-commercial survenu et malheureusement enlisé sans perspective de sortie, qui menace sérieusement la continuité immédiate pour l’année 2023 de l’activité économique espagnole dans ce pays, mais aussi de ruiner tout le travail de réputation et de positionnement qui avait été réalisé jusqu’à présent pour les secteurs productifs espagnols cruciaux pour l’économie nationale », estiment des patrons consultés par El Independiente.

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