Après l’élevage bovin, il semble se dessiner une coopération autour de la production de pommes de terre entre l’Algérie et les Etats-Unis. Des agriculteurs d’Oued Souf ont reçu une délégation d’experts américains. Ces derniers ont exprimé leur admiration face aux réalisations des agriculteurs algériens.
Ces experts se sont déplacés au niveau des champs agricoles de cette ville du sud-est algérien. Des échantillons de pomme de terre ont été présentés à une des expertes de la délégation américaine.
Une experte américaine encense la pomme de terre d’El Oued
A la vue de la taille des pommes de terre à la peau fine et à la forme parfaite, celle-ci a déclaré : « ce sont les plus belles au monde », ajoutant « n’avoir jamais vu d’aussi belles pommes de terre. » Celles-ci sont cultivées dans du sable ce qui permet d’éviter les désagréments liés à la culture dans les sols plus lourds.
La scène est rapportée par Hakim de la chaîne Web le Grand Sud d’Algérie qui a demandé à l’agriculteur : « dites-moi ce que vous voulez répondre pour que je puisse traduire ».
Celui-ci a détaillé les techniques de culture et indiqué que le produit était très apprécié dans les pays du Moyen-Orient où ces pommes de terre sont exportées grâce à des aides publiques et à l’intervention d’intermédiaires tunisiens.
Autour de la délégation d’experts américains et algériens les champs circulaires verdoyants de pomme de terre s’étendent. Des champs dont la superficie d’un hectare est liée à la taille des pivots rotatifs mis au point par des artisans locaux.
La délégation américaine s’est intéressée aux moyens développés par les agriculteurs afin de se protéger du vent, notamment les remblais de sable entourant les champs au-dessus desquels sont installées des palissades faites de palmes de palmiers dattiers.
El Oued, pôle agricole
Distant de 650 km d’Alger, El Oued est devenu en quelques années un pôle agricole important qui assure aujourd’hui 60 % à la production nationale de pomme de terre selon la Chambre d’Agriculture locale. A la mi-mai, selon la même source, une production de 3,8 millions de quintaux de pommes de terre de saison pour la campagne agricole 2024-2025. Une récolte obtenue sur 11 000 hectares avec des rendements moyens de 320 à 350 quintaux.
La variété Spunta a la peau fine et présente une couleur claire. Sa forme parfaite et régulière ainsi que sa capacité à s’adapter à différents climats font que cette variété occupe 60% des surfaces cultivées dans la wilaya. A l’étranger, les grands groupes agro-alimentaires tels Mac Cain ou les chaînes de restauration rapide telle Mac Do exigent des agriculteurs des produits de belle taille de façon afin d’y découper des frites assez longues.
La pomme de terre, un produit stratégique en Algérie
Au fil des années, la pomme de terre est devenue un produit stratégique au même titre que les céréales en Algérie. Le savoir-faire des agriculteurs d’Oued Souf en matière d’irrigation, fertilisation ou conservation a permis de répondre à une demande croissante.
Pour cette jeune filière, les défis restent nombreux aussi pourrait-elle profiter de la collaboration avec les chercheurs algériens et étrangers.
Dans le domaine, il a existé plusieurs projets de coopération dont celui avec les Pays-Bas, notamment dans le domaine de l’irrigation. L’installation d’une mini-station météo au champ couplée à un système d’irrigation par goutte à goutte a permis une nette réduction des quantités d’eau utilisées.
En 2015, six protocoles d’accord de partenariat ont été signés à Alger, par des entreprises algériennes et américaines lors d’un forum algéro-américain consacré à l’agriculture dont l’un d’eux consacré à la production semences de pommes de terre.
En 2021 dans le cadre du projet de coopération européen PASA a été réalisée une analyse de la filière locale.
En Algérie, la récolte des tubercules n’est que partiellement mécanisée. C’est le cas de leur déterrage mais pas de leur ramassage qui reste entièrement manuel. La totalité des pommes de terre consommées en Algérie sont ramassées à la main alors que dans le cas des céréales l’opération est aujourd’hui totalement mécanisée.
Dans la région d’Oued Souf, on doit l’essor de la culture de pomme de terre à la mise au point locale de pivots rotatifs. Dans la plupart des cas, dans ces sols sablonneux, ce sont des fientes de volailles qui sont utilisées pour la fertilisation azotée. L’humidité et la chaleur provoquent leur dégradation rapide. Dans ces sols sableux, l’azote non utilisé par les plantes migre rapidement à travers le sable sous forme de nitrates. Le risque est qu’il pollue la nappe d’eau souterraine.
Quantités d’eau prélevées, risques de pollution, production locale de semences certifiées, si les défis restent nombreux, les producteurs d’Oued Souf peuvent s’enorgueillir de produire une pomme de terre considérée comme « la plus belle du monde ».
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