En général, les PDG d’entreprises ne sont pas bavards. Pris par leurs engagements professionnels, ils n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à la communication. Ils interviennent rarement dans les débats publics. Quand ils le font, c’est sur des sujets précis et avec beaucoup de prudence.

En Algérie, cette règle est observée par de nombreux PDG d’entreprises publiques. Mais, quand certains patrons du secteur public s’expriment, c’est souvent pour dire des banalités ou faire des annonces surréalistes. Dernier cas en date : Belkacem Harchaoui, PDG de la compagnie aérienne publique Tassili Airlines.

Ce mercredi, il a annoncé ni plus ni moins l’ouverture prochaine de négociation avec le géant de l’aviation Boeing. Pourquoi faire ? « La réalisation d’un projet de fabrication en Algérie d’équipements et pièces destinés aux avions Boeing acquis par Tassili », a expliqué le PDG à l’agence officielle qui rapporte l’information.

« Nous leur (Boeing) avons proposé de venir s’installer ici en Algérie pour la fabrication de certains équipements et pièces destinés aux avions de Boeing. Ils sont favorables et une commission (de Boeing) viendra l’été prochain en Algérie pour ouvrir ce dossier », a précisé M. Harchaoui.

Ces négociations, poursuit-il, « interviendront dans le cadre de l’acquisition par Tassili de trois avions Boeing 737-800 de 155 sièges et dont le premier sera livré en septembre 2018 ».

Cette annonce est-elle sérieuse ? « Boeing a livré au total 748 avions commerciaux en 2016, plaçant l’avionneur américain devant l’européen Airbus qui mise sur une livraison de 670 appareils« , rapportait récemment le site spécialisé Air journal.

Sur cette base, les 3 avions de Tassili représentent 0,40% du total des livraisons annuelles de Boeing. Tassili Airlines n’est donc pas un gros client de Boeing pour que l’avionneur américain délocalise une partie de son activité chez nous.

Mais on pourrait penser que Boeing serait intéressé par un tel projet pour des raisons industrielles. Mais, dans ce cas pourquoi c’est Tassili Airlines et non le ministère de l’Industrie, plus habilité, qui mènerait de telles négociations ? On voit mal le ministre de l’Industrie se mêler de projets sans grand intérêt. On l’imagine encore moins laisser la primeur d’une telle annonce au PDG d’une petite compagnie aérienne.

En réalité, le projet dont parle Belkacem Harchaoui n’existe pas. Et même s’il est envisagé, il n’a pas atteint le stade de l’annonce. Le PDG de Tassili Airlines aurait dû se contenter de parler de la préparation de la saison estivale et surtout de sa stratégie pour améliorer les services de sa compagnie, au lieu de faire des annonces sur des sujets qui le dépassent et dépassent même l’Algérie d’aujourd’hui.