Politique

Appel au dialogue de Gaid Salah : la réponse des manifestants

Pour ce quinzième vendredi de manifestations depuis le 22 février, les Algériens ont investi massivement les rues du pays. Par centaines de milliers, ils ont marché malgré la chaleur et le jeûne pour réitérer leur principale revendication : l’application des articles 7 et 8 de la Constitution, synonyme d’une transition démocratique sous le contrôle du peuple et sans les figures du régime, notamment Noureddinne Bedoui et Abdelkader Bensalah.

Le rejet de ces deux figures du régime est unanime chez les manifestants. Aujourd’hui, les Algériens l’ont encore réaffirmé : il n’y aura ni dialogue ni élection présidentielle avec ces deux responsables. C’est une réponse claire au dernier appel au dialogue lancé par Ahmed Gaid Salah. Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à invalider la présidentielle du 4 juillet faute de candidats, le pouvoir est averti : il est inutile de fixer une nouvelle date dans les conditions actuelles.

À moins de tenter un passage en force, on ne voit pas par quel moyen le régime va pouvoir faire évoluer l’opinion des Algériens concernant Bensalah et Bedoui. Ces derniers représentent tout ce que le peuple dénonce depuis plusieurs années : fraude électorale, mauvaise gestion, abus de pouvoir…

Bensalah et Bedoui sont étroitement liés à l’ancien président et à sa famille. Les Algériens ne comprennent pas comment deux hommes étroitement liés à « la bande » dénoncée par Gaid Salah peuvent aujourd’hui être présentés comme des interlocuteurs crédibles dans un processus de dialogue engageant l’avenir du pays.

Le refus du dialogue avec Bensalah et Bedoui est le principal message du 15e vendredi du mouvement populaire. Le second message est la détermination des Algériens à poursuivre leur combat pacifique pour la démocratie.

Ce vendredi, la mobilisation a été plus forte que la semaine dernière dans plusieurs wilayas. C’est le signe que la mobilisation ne faiblit pas. C’est aussi la confirmation que les Algériens sont déterminés à faire aboutir l’ensemble de leurs revendications et qu’ils ne se contenteront pas de demi-mesures, comme lors des précédentes « transitions » contrôlées par le régime dans les années 1990.

Les manifestants le savent : tout recul de la mobilisation va produire un retour en arrière, synonyme d’une nouvelle confiscation du pouvoir pour une longue période. D’autant que cette semaine, les partis de l’Alliance présidentielle ont montré leur disponibilité à accompagner un nouveau président illégitime pour une nouvelle confiscation de la volonté populaire.

Les manifestants savent aussi que le combat sera long face à un régime qui ne fait aucune concession. Le décès en détention du militant Kamel Eddine Fekhar et les cris d’alarme d’avocats et de proches de militants jetés en prison pour avoir exprimé des opinions sont venus rappeler aux Algériens une réalité amère : ils vivent toujours sous un régime autoritaire, malgré le départ de Bouteflika et de sa « bande ».

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