Le soutien américain à Israël est mis à rude épreuve par 100 jours d’une guerre barbare que mène le gouvernement israélien à la bande de Gaza.
Les bombardements indiscriminés de la guerre israélienne ont fait plus de 23.000 morts, dont une majorité de femmes et d’enfants.
Selon des médias américains, le président Joe Biden est « à bout de patience » avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, plus enclin à écouter ses ministres religieux extrémistes que les voix modérées de son gouvernement.
Depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, les plus hauts responsables américains, dont le président Biden et le secrétaire d’État Antony Blinken, ont multiplié les voyages en Israël et les entretiens téléphoniques avec les dirigeants israéliens. C’était une manière d’afficher leur soutien au gouvernement israélien, mais aussi de calmer ses ardeurs.
Il y a cependant un fait qui ne trompe pas, note le média américain Axios : alors qu’ils s’entretenaient un jour sur deux depuis le début de la guerre, Joe Biden et Benyamin Netanyahou ne se sont pas parlés une seule fois ces vingt derniers jours. Leur dernière conversation s’est mal terminée et Biden a presque raccroché au nez à son vis-à-vis.
Le président américain et ses hauts collaborateurs sont de plus en plus frustrés par l’attitude de Benjamin Netanyahou qui a rejeté la plupart de leurs demandes liées à la guerre à Gaza, rapporte Axios dans un article mis en ligne dimanche 14 janvier. Le journal cite quatre responsables américains ayant une connaissance directe du dossier.
Même si l’administration américaine ne laisse rien paraître publiquement, en coulisses, la colère monte contre le gouvernement de Tel-Aviv.
« La situation est mauvaise et nous sommes coincés. La patience du président (Biden) est à bout », a déclaré un responsable à Axios.
« À chaque instant, Netanyahu a fait un doigt d’honneur à Biden », a confirmé le sénateur démocrate Chris Van Hollen.
États-Unis – Israël : Biden et Netanyahou ne se sont pas parlé depuis 20 jours
Le dernier refus en date du gouvernement israélien c’est celui de libérer les recettes fiscales palestiniennes, comme le demandaient les Américains.
Avant cela, Netanyahou avait ignoré les demandes américaines de faciliter le passage de l’aide humanitaire à Gaza, réduire l’intensité des opérations militaires, discuter sérieusement de l’après-guerre et envisager une solution politique à deux Etats.
« Si Israël ne réduit pas considérablement ses opérations à Gaza, il deviendra probablement de plus en plus difficile pour Biden de maintenir le même niveau de soutien à la campagne militaire israélienne », écrit Axios.
Tony Blinken s’est déplacé la semaine dernière dans certains pays arabes et en Israël mais sa visite n’a fait qu’exacerber les frustrations au sein de la Maison-Blanche et du Département d’État, selon les mêmes sources d’Axios.
Tout ce que Blinken a pu obtenir de Netanyahou c’est sa disposition à autoriser une mission de l’ONU à entrer dans le nord de Gaza pour évaluer les besoins pour le retour des civils palestiniens.
Au cours de sa visite, Blinken a fait savoir à Netanyahou que l’Arabie saoudite souhaitait toujours une normalisation après la fin de la guerre, à condition qu’Israël s’engage sur le principe d’une solution à deux États.
La patience des Américains n’est pas sans limites et ils savent qu’ils ne pourront pas continuer à soutenir indéfiniment Netanyahou. Selon Axios, ils maintiennent les contacts ouverts avec les autres acteurs politiques en Israël.
La semaine dernière, Blinken a justement tenu une réunion séparée avec le ministre de la Guerre Benny Gantz, qui a les faveurs des sondages en ce moment, et rencontré le chef de l’opposition Yair Lapid et le ministre de la Défense Yoav Gallant, principal rival de Netanyahou au sein du Likoud.
Netanyahou, lui, préfère écouter les ministres religieux Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich que « ce que dit le président des États-Unis », regrette le sénateur Van Hollen.
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