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Après Cléopâtre en Égypte, le Hannibal noir enflamme la Tunisie

Après Cléopâtre en Égypte, le Hannibal noir enflamme la Tunisie

Vive polémique en Tunisie après l’annonce de la plateforme Netflix d’un projet de film sur le général carthaginois Hannibal, avec l’acteur Denzel Washington dans le rôle principal.

C’est la couleur de peau du célèbre acteur américain qui semble poser problème. L’affaire a pris de telles proportions qu’elle a finie par être soulevée au Parlement.

C’est la deuxième affaire du genre qui éclate dans un pays nord-africain, après l’Égypte qui s’est plaint de l’interprétation de Cléopâtre par une actrice noire. Falsification de l’histoire, afrocentrisme ou racisme anti-noirs ?

La célèbre plateforme américaine a annoncé le projet d’un film sur Hannibal Barca (247-183 av. J-C), considéré comme l’un des plus grands généraux et stratèges militaires de l’histoire.

Ni la date du début du tournage, encore moins celle de la sortie du film ne sont révélés, mais un détail dévoilé a suffi pour déclencher la polémique en Tunisie.

Le célèbre chef carthaginois sera incarné par Denzel Washington. Or, estime-t-on en Tunisie, Hannibal, tel qu’il est représenté jusque-là, n’était pas noir.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux Tunisiens ont rappelé l’origine punique des fondateurs de Carthage et que, de ce fait, Hannibal ne pouvait être un Noir, mais un Blanc nord-africain.

Beaucoup ont pointé du doigt une action des afro-centristes. L’afro-centrisme est une doctrine qui présente l’Afrique comme le berceau non seulement de l’humanité, mais aussi des civilisations.

Au parlement tunisien, le député Yassine Mami, sans doute pour s’éviter les accusations de racisme, n’a pas soulevé le problème sous cet angle en interpellant la ministre de la Culture, Hayat Guermazi.

Le parlementaire s’est plaint du fait que la Tunisie n’a pas été associée et n’a pas été informée du contenu du film, ce qui risque de se traduire par une « falsification de l’histoire ».

La ministre a répondu que son département cherche à négocier avec la plateforme américaine pour que certaines scènes soient tournées en Tunisie, sans plus. Pour le reste, le film est une fiction et la Tunisie n’a aucun droit de regard sur son contenu.

Tunisie : colère à cause d’un film sur Hannibal

Sur les réseaux sociaux, la polémique est plus vive. Une pétition exhortant Netflix à annuler son « pseudo-documentaire » est signée par 2.000 personnes qui dénoncent une « tentative de voler l’histoire » de la Tunisie.

Tandis que certains trouvent Denzel Washington « trop vieux » (68 ans) pour le rôle, d’autres estiment qu’il est « trop noir » pour incarner fidèlement le stratège militaire carthaginois.

La Presse, l’un des plus grands journaux tunisiens, a écrit, citant des critiques, qu’il s’agit d’une « erreur historique » de vouloir « dépeindre Hannibal comme un Africain noir alors qu’il est un blanc sémite ».

La polémique tombe d’autant plus mal que la Tunisie a fait l’objet, il y a quelques mois, de racisme après des déclarations faites, en février dernier, par le président Kaïs Saïed sur les migrants subsahariens qui, selon lui, ont envahi la Tunisie pour changer sa configuration démographique. Des propos qualifiés de « choquants » par l’Union africaine, entre autres.

En avril dernier, c’est l’Égypte qui a contesté bruyamment un autre film de Netflix dans lequel la reine Cléopâtre est incarnée par l’actrice noire Adele James.

L’affaire avait suscité une ferme réaction des autorités qui ont dégagé une importante enveloppe pour réaliser leur propre documentaire afin de rétablir ce qu’elles considèrent comme la vérité historique.

« Cléopâtre avait la peau blanche et des traits hellénistiques », avait tranché le ministère des Antiquités égyptien dans un communiqué officiel.

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