Politique

Après la Turquie, la Russie rappelle à la France son passé en Algérie

La France est de nouveau attaquée par un pays tiers sur son passé colonial en Algérie.

Après la Turquie qui l’a fait à plusieurs reprises, c’est au tour de la Russie d’inviter Paris à regarder du côté de son histoire et de ce qu’elle a fait en Algérie pendant plus de 130 ans de colonisation.

La riposte de Moscou est survenue après le soutien de la France, au sein de l’Union européenne, à la création d’un tribunal pour juger les crimes de guerre en Ukraine.

Mercredi, le ministère des Affaires étrangères français a qualifié de « priorité » la lutte contre « l’impunité » pour les crimes commis en Ukraine suite à « l’agression russe ».

Plus explicite, le ministère français a ajouté dans le même communiqué qu’un travail a été entamé avec les Européens et les Ukrainiens sur la proposition de mettre en place un tribunal spécial chargé de juger les crimes de guerre en Ukraine.

La diplomatie russe a vite réagi, estimant que ce tribunal spécial devrait être plutôt créé par Paris pour enquêter sur « ses propres crimes » lors des guerres coloniales et des « expéditions punitives » menées dans le monde.

| Lire aussi : Colonisation : À Alger, le président de l’Azerbaïdjan tacle la France

Le ministère russe des Affaires étrangères cite les crimes de guerre commis par la France en Algérie et en Indochine et plus récemment en Libye, avec l’intervention de l’OTAN qui a provoqué la chute de Mouamar Kadhafi en 2011.

Pour la Russie, « il est particulièrement étrange d’entendre de telles déclarations de Paris », jugeant que les crimes cités, « restés impunis », « privent la France du droit moral de faire de telles déclarations », rapporte l’agence turque Anadolu.

« Fonds de commerce »

Une réaction qui rappelle celles, nombreuses, du président turc Tayyip Erdogan, à chacune de ses brouilles avec Paris, notamment sur le génocide arménien.

En 2012, Ahmed Ouyahia, alors Premier ministre algérien, avait accusé Erdogan de faire de l’histoire de l’Algérie un « fonds de commerce ».

« Personne n’a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce », avait réagi Ouyahia à des déclarations du président turc sur les crimes coloniaux de la France en Algérie, alors que le Parlement français débattait sur un projet de loi visant à pénaliser la négation des génocides, dont celui commis par l’empire ottoman pendant la première Guerre mondiale sur les Arméniens.

Les relations entre l’Algérie et la France butent régulièrement sur le contentieux mémoriel et ces interférences sont parfois jugées susceptibles de nuire aux efforts de rapprochement entre les deux pays.

Plus récemment, en février 2020, le ministère des Affaires étrangères algérien a dû faire une mise au point publique suite à des propos du président Erdogan tenus au lendemain d’une visite officielle en Algérie.

Le MAE avait indiqué que l’Algérie a été « surprise » par les déclarations du président turc qui a attribué a son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune « des propos sortis de leur contexte ».

Les propos en question portaient sur le nombre de victimes algériennes pendant toute la période coloniale, de 1830 à 1962.

« Les questions complexes liées à la mémoire nationale (…) sont des questions extrêmement sensibles » et « de tels propos ne concourent pas aux efforts consentis par l’Algérie et la France pour leur règlement », avait expliqué la diplomatie algérienne.

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