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Armée française au Sahel : la décision algérienne a induit des surcoûts

Les premières conséquences de la décision de l’Algérie de fermer son espace aérien aux avions militaires français qui se rendent au Sahel commencent à se faire ressentir.

La décision a été prise le 2 octobre dernier, ainsi que le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, le jour même où le journal Le Monde a révélé les propos tenus deux jours plutôt par le président Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie.

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Cette dernière est tombée au plus mauvais moment pour l’armée française ayant coïncidé avec une large relève effectuée par le commandement et qui a concerné six unités engagées dans l’opération Barkhane. En étant obligés de contourner le territoire algériens, les avions de l’armée française voient leur temps de vol allongé et consomment de plus grandes quantités de kérosène.

« Aujourd’hui, la durée de chaque rotation vers la bande sahélo-sahélienne est rallongée de 2 heures à 2 heures trente. Pour conserver la charge utile offerte par les A400M, nous procédons à une escale à Dakar », a confirmé le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Stéphane Mille, dans une réponse à une question du président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, rapporte le site opex360.com

Cette rallonge de la distance et du temps de vol a un surcoût de « plusieurs millions d’euros », selon le militaire français.

Le 3 octobre, le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Pascal Ianni, avait indiqué que la décision algérienne « n’affecte ni le déroulé ni la conduite des opérations ». « Nous nous adaptons et nous n’avons aucune inquiétude sur les opérations », a-t-il assuré, cité par le Figaro.

« Nous n’avons plus à coopérer… »

Mais d’autres sources citées le même jour par la chaîne Russia Today avaient soutenu que la fermeture de l’espace aérien aux avions militaires français est de nature à « impacter lourdement les opérations militaires française et corrigera une erreur stratégique commise par l’ancien président de la République (Abdelaziz Bouteflika, ndlr) ». Les avions de l’armée française ont été autorisés à survoler l’Algérie en 2013.

Dans une interview accordée début novembre au journal allemand Der Spiegel, le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué cette question dans des termes très fermes. « Si les Français veulent aller au Mali ou au Niger maintenant, ils devront voler neuf heures au lieu de quatre. »

Il a dit qu’une « exception » sera faite « lors du sauvetage de blessés ». « Mais pour tout le reste, nous n’avons plus à coopérer les uns avec les autres, c’est peut-être terminé maintenant», a-t-il déclaré.

La décision algérienne est aussi saisie par certains potentiels candidats à la prochaine élection présidentielle française. Xavier Bertrand l’a qualifiée de manque de respect à la France de la part des responsables algériens. « Les dirigeants algériens ne nous respectent pas, ne nous respectent plus. Ils nous empêchent de survoler leur espace aérien alors que nos avions en ont besoin pour se rendre au Sahel », a-t-il dit.

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