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Arrêt des transports publics : quel effet sur la gestion de la crise ?

Arrêt des transports publics : quel effet sur la gestion de la crise ?

Les mesures supplémentaires annoncées jeudi par le président de la République sont actées par un décret exécutif et entrées en vigueur depuis ce dimanche 22 mars. Ce n’est pas encore le confinement total auquel appellent de nombreuses voix au vu de la propagation inquiétante de l’épidémie du coronavirus, mais des restrictions importantes touchent désormais presque tous les secteurs d’activité.

Même ceux dont la continuité du fonctionnement est jugée vitale car directement impliqués dans la gestion de la crise, risquent d’être impactés indirectement par certaines des nouvelles mesures décidées, notamment celle portant arrêt total des transports publics.

Dans le texte, il est stipulé qu’il sera procédé à « la suspension de tous types d’activités de transport de personnes allant des services aériens sur le réseau domestique au service de taxi collectif, en passant par les transports routiers, ferroviaires ou guidés, sur toutes les liaisons».

En excluant de ces mesures l’activité de transport des personnels, les autorités ont pensé à ceux dont la présence sur les lieux de travail est indispensable, les personnels de la santé en premier, mais aussi beaucoup d’autres fonctionnaires de l’État et les employés de certaines entreprises économiques publiques ou privées revêtant un caractère stratégique dans cette période de crise.

Il y a aussi les moyens de locomotion individuels (voitures personnelles) qui pourront continuer à être utilisés. Mais est-ce suffisant pour garantir l’arrivée aux lieux de travail de tous ceux dont la présence est indispensable ? Pas sûr, pour plusieurs raisons. D’abord, les fonctionnaires et employés n’habitent pas tous près de leur lieu de travail et certains d’entre eux ne disposent pas d’un véhicule personnel.

Dans une ville comme Alger, beaucoup dépendent des lignes de métro et de tramway, qui ne connaissent presque jamais de perturbation, pour aller travailler. Parmi eux, sans doute, des médecins et des infirmiers. Les établissements de santé n’ayant pas de transport de personnel, il va sans dire qu’une partie d’entre eux risque de manquer à leurs collègues, ce qui n’est pas le meilleur scénario souhaitable en pleine crise sanitaire.

Dans la communication du ministère de la Santé, il n’a pas été fait état de mesures visant à assurer le transport aux personnels. Ceci est valable pour l’ensemble des fonctionnaires des autres secteurs directement concernés par la lutte contre la propagation de l’épidémie, les services de sécurité, la protection civile, les employés des communes…

Ayant sans doute pris conscience des difficultés qui seront posées par la suspension des transports collectifs, l’entreprise de taxis Yassir a annoncé ce dimanche sa disponibilité à transporter gratuitement les personnels de la santé jusqu’à la fin de la crise, avec l’aide de ses partenaires volontaires. Les personnels concernés sont les médecins, infirmiers, aides-soignants et agents d’entretien. Louable initiative, sauf que les moyens de cette société sont limités et son champ d’action ne couvre pas tout le territoire.

Même dans le secteur économique, public ou privé, certaines entreprises se trouvent très sollicitées et ne peuvent se permettre un arrêt de l’activité. Avec ou sans confinement général, des sociétés doivent continuer à produire et à distribuer du matériel de protection et de prévention pour les médecins et infirmiers et pour la population (masques chirurgicaux, combinaisons, gel désinfectant, autres produits d’hygiène).

Celles de l’agroalimentaire, qui constitue un pan important du tissu industriel national, n’ont pas non plus le droit au répit. La continuité de l’approvisionnement du marché en produits alimentaires de base est aussi vitale que les autres mesures prises pour lutter contre la propagation de l’épidémie.

Certes, beaucoup de ces entreprises assurent en temps normal le transport à leurs travailleurs, mais à seulement partir de points de ramassage qu’ils rejoignaient par les moyens de transports publics, bus ou taxis.

La continuité du service risque de ne pas être assurée entièrement à cause de cette question du transport. Il n’est peut-être pas trop tard pour le gouvernement de décréter des mesures supplémentaires pour permettre aux travailleurs de différents secteurs de rejoindre leurs lieux de travail, sans grandes difficultés.

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