Politique

Atteintes aux droits humains en Algérie : le bilan noir de la LADDH

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a dressé un bilan noir de la situation des droits humains en Algérie, de la liberté d’expression et de réunion, dans son rapport annuel 2020.

« Aujourd’hui encore, à l’adresse du pouvoir politique, les militants des droits humains disent ceci : ‘Aucun discours ou programme ne peut permettre à la société de se développer sans les droits de l’Homme.’ Plus encore, ‘les droits de l’Homme ou le chaos.’ Et si le régime continue à ne pas respecter les droits de l’Homme, il aura fait le choix du chaos, qu’il assumera devant l’histoire, » prévient la LADDH dans son « rapport annuel 2020 sur la situation des droits humains en Algérie », publié ce mercredi 9 décembre.

« Alors qu’ailleurs, on célèbre les droits de l’Homme de la 5e génération, en Algérie, on a fait un recul, y compris pour des textes élaborés les siècles derniers. Plus grave encore, le pouvoir politique a profité de la crise et des mesures de confinement et de restrictions en raison de la pandémie de la Covid-19 pour procéder à des arrestations ciblées des activistes pensant ainsi briser le Hirak », dénonce la Ligue, qui estime que « cette gestion par le tout-sécuritaire n’a fait qu’exacerber la méfiance, faisant croire même à certains, que la Covid-19 est juste une invention du pouvoir pour casser le Hirak. »

Parmi les atteintes aux droits humains sur des catégories spécifiques de la population, la LADDH met en lumière les atteintes aux droits des femmes, soulignant que « ces deux dernières années, les violences faites aux femmes se sont multipliées dangereusement, surtout dans le contexte du confinement lié au COVID-19, avec, notamment, une augmentation des cas de féminicides. »

La LADDH relève également les nombreuses atteintes aux libertés de manifestations pacifiques, de réunions publiques et d’association, mettant notamment en avant la politique à deux vitesses du pouvoir.

Pour la LADDH, le pouvoir a mis en place « une vraie politique de deux poids deux mesures, en réprimant et interdisant, d’une part, à l’opposition toute réunion publique et, d’autre part, en autorisant à ses partisans à organiser des congrès et des rassemblements dans des salles publiques à l’occasion de la campagne référendaire. Activités couvertes par la télévision publique et les télévisions parapubliques, qui sont pourtant de droit étranger », dénonce le rapport, estimant qu’en « agissant ainsi, c’est finalement le pouvoir qui a cassé le confinement sanitaire. »

Le rapport de la LADDH met également un coup de projecteur sur les atteintes à la liberté d’expression d’information et de presse. « Plusieurs journalistes, bloggeurs, caricaturistes, ont été emprisonnés, poursuivis, interpelés, il s’agit des journalistes Khaled Drareni, Said Boudour, Mustapha Bendjama, Sofiane Merrakchi, Abdelhaï Abdessamai, des bloggeurs Walid Kechida et Abdelmonji Khelladi, du caricaturiste Nime », indique comme exemples la Ligue.

« Pour les défenseurs des droits humains, pour la corporation des journalistes et globalement pour l’ensemble des acteurs sociopolitiques et du Hirak, Khaled Drareni subit un acharnement judiciaire en raison de son activité de journaliste », soutient la LADDH, dénonçant le « traitement spécifique » subi par le journaliste Khaled Drareni, devenu un « otage personnel » du président Abdelmadjid Tebboune.

Le rapport de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme met également en exergue les manquements de la justice supposée indépendante. « Ce sont quelque 94 personnes qui seraient actuellement emprisonnées en Algérie pour avoir exprimé leurs opinions, motifs qui porteraient atteinte à leurs libertés individuelles, notamment dans le cadre du Hirak », déplore la LADDH, qualifiant « d’abusif » le recours à la détention provisoire et estimant qu’elle devrait être « l’exception. ».

« Jusqu’à présent les ex-détenus revendiquent leurs réhabilitations », signale par ailleurs la LADDH dans son rapport, qui réitère qu’actuellement ils demeurent encore dans les prisons 95 détenus d’opinion répartis sur 34 wilayas. »

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