Politique

Au RD Congo, le report de la présidentielle a ouvert la voie à l’ingérence étrangère

Le président Bouteflika a annoncé, lundi 11 mars, dans un message adressé à la nation sa décision d’annuler les élections présidentielles prévues pour 18 avril prochain, et les reporter à une date ultérieure. L’annonce du report des élections en Algérie revêt un caractère assez inédit.

Car s’il arrive parfois de voir des élections être reportées de quelques jours ou semaines pour mieux organiser les élections, il est cependant très rare dans le monde de voir un président en place reporter des élections sans fixer de date précise dans le but de mettre en place une sorte de période de transition visant à passer les rênes du pouvoir.

L’Algérie n’est certes pas le seul pays dans l’histoire récente qui a vu le pouvoir en place annuler des élections présidentielles prévues et annoncer leur report à une date ultérieure. En 2016, c’est la République Démocratique du Congo qui a traversé une crise politique similaire à l’Algérie. Un épisode qui a notamment ouvert la voie à l’ingérence, par le biais notamment de sanctions imposées par des puissances étrangères à l’image de l’Union européenne et des États-Unis.

La crise politique au RD Congo commence le 29 septembre 2016. Ce jour-là la Commission électorale nationale indépendante (CENI, qui porte d’ailleurs exactement le même nom que la commission annoncée sur RFI par Ramtane Lamamra pour gérer les prochaines élections après le report) annonce que les élections présidentielles prévues pour le 27 novembre 2016 sont reportées et n’auraient pas lieu avant le début de l’année 2018, soit plus d’un an plus tard.

Pour justifier sa décision, le CENI évoque la nécessité d’effectuer un recensement de la population afin de connaître le nombre d’électeurs. Pour l’opposition, il s’agissait là d’une manœuvre délibérée du président en place, Joseph Kabila, pour se maintenir au pouvoir après la fin de son mandat le 20 décembre 2016.

Le président sortant du RD Congo était en effet sur le point de terminer son deuxième mandat à la tête du pays, et était dans l’obligation de céder sa place à la fin de son mandat car la constitution du RD Congo prohibe le président de se présenter pour un troisième mandat.

En réponse à l’annonce, des milliers de manifestants sont sortis dans les rues du pays pour protester contre ce coup de force anticonstitutionnel du président Kabila, et ont subi une violente répression de la part des autorités ayant mené à des centaines d’arrestations et plusieurs dizaines de morts.

Les élections présidentielles finissent par avoir lieu à la fin du mois de décembre 2018, durant lesquelles Félix Tshisekedi est élu nouveau président du RD Congo. Bien qu’il n’ait pas pu se porter candidat pour un troisième mandat, Joseph Kabila réussit ainsi à se maintenir comme président du RD Congo plus de deux ans après la fin légale de son mandat telle que fixée par la constitution congolaise. L’élection présidentielle est par ailleurs entachée de soupçons et des accusations de fraude ayant permis l’élection de M. Tshisekedi, son opposant Martin Fayulu affirmant être le président « légitime » du RD Congo.

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