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Autoroute Est-Ouest : un exemple de ce qu’il ne faut plus faire

Autoroute Est-Ouest : un exemple de ce qu’il ne faut plus faire

L’ENTV a diffusé, ce vendredi, un reportage sur l’état catastrophique de l’autoroute Est-Ouest dont la réalisation a déjà coûté plus de 12 milliards de dollars. Le tronçon concerné est situé entre Bouira et Alger, précisément entre Lakhadria et le premier tunnel de Bouzegza dans le sens est-ouest. C’est un tronçon qui accueille quotidiennement un trafic important.

La partie droite de la chaussée, qui est réservée aux poids lourds, est quasiment impraticable, à cause des sillions creusés par les camions, souvent trop chargés. C’est l’effet mécanique de la circulation automobile sur les routes de mauvaise qualité. Cela influe assurément sur le comportement des automobilistes, qui se débrouillent comme ils peuvent, pour sortir, sains et saufs, de ce coupe-gorge.

Les véhicules évitent la partie dégradée, parce que trop dangereuse, pour rouler sur la partie gauche, encore praticable, ce qui crée des situations dangereuses et provoque des accidents de la route.

Pourtant, ce tronçon est récent. Il a été mis en service le 29 novembre 2011, par Amar Ghoul, alors ministre des Travaux publics. Six ans et quatre mois, c’est relativement jeune pour une autoroute, convenablement construite.

Malheureusement, le groupement chinois Citic-CRCC, qui a réalisé les tronçons est et ouest de cette infrastructure vitale, n’a pas fait un travail de qualité. Le tronçon de Lakhdaria n’est pas un cas isolé. D’autres parties de l’autoroute ont déjà été refaites, après avoir subi de fortes dégradations, ou sont actuellement en travaux.

D’une façon générale, l’exploitation de l’autoroute a révélé des défaillances dans sa réalisation. Et la dégradation rapide de la chaussée est une preuve irréfutable que les normes de construction de ce genre d’ouvrages n’ont pas été respectées à la lettre.

Mais on ne peut se contenter de pointer la responsabilité des entreprises de réalisation. L’autoroute Est-Ouest est aussi victime de la mauvaise politique du gouvernement.

En voulant à tout prix livrer l’autoroute rapidement, il a fermé les yeux sur la qualité des travaux. Mais il a perdu sur les deux tableaux. Non seulement, l’autoroute n’a pas été livrée dans les délais contractuels initiaux -elle est toujours en travaux, 12 ans après le lancement du chantier-, mais sa qualité est douteuse.

Plus grave encore, plusieurs années après sa mise en service, l’autoroute ne dispose toujours pas d’un service d’entretien dédié, avec les moyens humains et matériels adéquats.

L’Agence de gestion des autoroutes (AGA) a été créée pour s’occuper de cette tâche. Elle a été par la suite absorbée par l’Algérienne des autoroutes (ADA), qui a pris la place de l’Agence nationale des autoroutes (ANA). Et cette dernière peine à entamer son travail. Résultat : aucun organisme ne s’occupe de l’entretien de l’autoroute.

Et conséquence inévitable du non-respect des procédures et des étapes de conduite d’un tel projet : la chaussée se dégrade; la clôture, pourtant obligatoire pour ce genre d’infrastructures, est en lambeaux; les glissières de sécurité endommagées attendent d’être remplacées; les aires de repos et les stations-services réalisées des années après la livraison….

Le gouvernement doit tirer la leçon de cet échec et ce projet doit servir d’exemple de ce qu’il ne faut plus faire dans le domaine de la gestion des projets d’infrastructures de base.

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