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BAC 2020 : ce que révèle le sort des deux sœurs de Tamanrasset

BAC 2020 : ce que révèle le sort des deux sœurs de Tamanrasset

Le sort de deux lycéennes de Tamanrasset enflamme la Toile algérienne. Dimanche 13 septembre, premier jour des épreuves du Bac, deux sœurs ont été empêchées d’accéder au centre d’examen pour être arrivées en retard.

Cela signifie pour elles qu’elles ont déjà échoué et qu’elles devront repasser les épreuves l’année prochaine, refaire toute l’année scolaire, tout le travail et toutes les révisions.

Une année perdue d’une vie pour cinq petites minutes de retard, il y a comme une cruauté du destin. L’image les montrant rebroussant chemin derrière leur père abattu a ému les Algériens, mais en dépit de tout le bruit fait sur les réseaux sociaux et les médias, et même l’intervention de certains hommes politiques, l’administration s’est montré intransigeance.

La direction locale de l’Éducation a clairement signifié ce lundi que les deux malheureuses lycéennes n’auront pas droit à une session de rattrapage.

La loi c’est la loi et nul ne peut reprocher à un agent de l’État de l’avoir appliquée. Il est en outre certain que si le responsable du centre d’examen avait passé l’éponge sur le léger retard, il serait peut-être coupable aux yeux des mêmes internautes de laxisme, voire de passe-droit.

Le problème n’est pas là mais dans l’arsenal législatif et du système éducatif algérien qui fait du Bac un examen couperet dont dépend tout l’avenir de l’individu.

En Algérie, on ne peut aller à la fac ni accéder aux grandes écoles sans bac, un diplôme délivré sur la base d’épreuves écrites s’étalant sur quelques jours.

Tout le monde sait qu’il arrive que des élèves studieux toute l’année, voire pendant tout leur cursus, flanchent à l’épreuve fatidique pour un coup de fatigue ou de stress, la non-compréhension d’une question, une panne de voiture ou même un réveil qui ne sonne pas.

Les deux sœurs de Tamanrasset sont dans ce cas de figure et leur sort devrait inciter à ouvrir le débat sur la réforme du Bac et l’opportunité de recourir, comme le font de nombreuses nations, à l’évaluation continue qui sanctionne avant tout la régularité.

Il est aussi peut-être temps à revoir le mode d’accès aux études supérieures et ne plus le limiter au sésame du Bac. Même les Français songent sérieusement à revoir le poids et la configuration du baccalauréat, deux siècles après l’avoir inventé.

« Zones d’ombre » et égalité des chances

Ce qui s’est passé à Tamanrasset soulève une autre question qui est déjà d’une brûlante actualité : les insuffisances criantes dont souffrent les habitants de certaines régions du pays, désignées désormais par le vocable de « zones d’ombre ».

Tamanrasset, chef-lieu d’une wilaya de la taille d’un grand pays, en fait partie, du moins plusieurs de ses localités. Dans beaucoup de communes, d’Adrar, d’Illizi, de Tamanrasset et d’autres vastes wilayas du sud, il faut parfois parcourir des centaines de kilomètres de piste pour se faire délivrer un simple document administratif ou se faire ausculter par un médecin spécialiste.

L’immensité des distances et le manque d’infrastructures ne facilitent pas la vie aux habitants. Le propos n’est pas de justifier l’arrivée en retard des deux sœurs, sachant que même au cœur de la capitale il arrive que des candidats au Bac ou autre examen ne soient pas à l’heure.

D’autant plus que, à en croire la direction locale de l’éducation, elles habiteraient à quelques encablures du centre d’examen. Mais cela ne change rien au fait que ces régions ont besoin de plus d’attention en matière de développement et d’une réglementation plus souple, en tout cas spécifique à leurs caractéristiques.

Contrairement aux deux malheureuses lycéennes, beaucoup sont sans doute partis de très loin, sont arrivés à l’heure et ont passé l’examen. Ils ont fait un périple en piste, entamé au milieu de la nuit pour passer l’examen de leur vie, après l’avoir fait pendant toute l’année et tout leur cursus, sans que tout cela ne soit pris en compte par les évaluateurs.

On est loin de l’égalité des chances. Et quand ils échoueront, personne n’en parlera sur les réseaux sociaux ou ailleurs. Il y aura juste les railleries pitoyables sur le faible taux de réussite scolaire des élèves des régions du sud.

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