La valeur du dinar algérien au cours officiel plonge vertigineusement. Ce lundi 3 août, la monnaie nationale s’échange à 152, 25 pour un euro, soit un nouveau record après les pics historiques enregistrés ces dernières semaines.
Mercredi dernier, le seuil des 150 dinars pour un euro a été franchi pour la première fois (150,006). Face au dollar américain aussi, le dinar dégringole (128,13 Da pour un USD ce lundi).
L’impact premier d’une telle situation ne peut être que négatif pour le pouvoir d’achat. Les prix des produits importés et payés en dollar ou en euro devraient systématiquement augmenter sur le marché interne.
Mais pour l’équilibre budgétaire, c’est loin d’être une mauvaise chose. Le manque à gagner pour le Trésor public à cause du recul du prix des hydrocarbures sera atténué par cette baisse de la valeur du dinar, le volume de la fiscalité pétrolière étant exprimé en monnaie nationale et celui des recettes des exportations en dollar.
C’est surtout le rapprochement entre les valeurs officielle et parallèle du dinar qui se présente comme une bonne nouvelle. Parallèlement à sa chute sur les cours officiels, le dinar s’est légèrement revigoré sur le marché noir où l’euro s’échange désormais à environ 190 dinars.
Le gap se rétrécit et le différentiel entre les deux monnaies est désormais proche de 38 dinars, soit 24,8%. A ce rythme, la parité entre les cours officiel et parallèle, que réclament depuis des années plusieurs spécialistes, pourrait être atteinte à terme.
Ce qui sonnerait le glas peut-être du marché noir de la devise, ou du moins mettrait fin à une pratique extrêmement préjudiciable pour l’économie, la surfacturation des importations.
La double cotation profite en effet à ceux qui ont accès à la devise au cours officiel. Voilà comment fonctionne la mécanique. Avant même d’effectuer son opération commerciale, l’importateur fait une énorme plus-value sur les devises acquises et transférées légalement.
La surfacturation lui permet de régler la facture de la marchandise achetée à l’étranger et de dégager un plus destiné à d’autres usages dont l’acquisition de biens à l’étranger ou la revente sur le marché parallèle avec marge bénéficiaire avoisinant les 70%.
La lutte contre la surfacturation, promise par le président Tebboune dès sa prise de fonction, passe, entre autres, par l’élimination du marché noir des monnaies étrangères, du moins par le rétrécissement du fossé entre les cours officiel et parallèle.
L’objectif néanmoins est-il en train d’être atteint ? L’économiste Souhil Meddah, qui s’est récemment exprimé sur le sujet dans les colonnes de Liberté, estime qu’au vu des tendances constatées récemment, la parité se situerait dans une fourchette comprise entre 165 et 170 dinars pour un euro.
On n’en est plus qu’à une quinzaine de dinars, mais rien ne garantit que la tendance se poursuivra sur le même rythme à terme. Autrement dit, une nouvelle flambée de l’euro et du dollar sur le marché parallèle n’est pas exclue, étant donné que la décrue actuelle est surtout provoquée par la conjoncture sanitaire mondiale.
La réouverture des frontières et la reprise des activités du transport aérien et maritime, des échanges, des visas touristiques ou d’affaires et du pèlerinage risque en effet de tirer le prix des devises vers le haut et de freiner le rapprochement entre les deux cours entamé depuis plusieurs mois.