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Belgacem Haba, le parcours atypique d’un grand chercheur algérien

Belgacem Haba, le parcours atypique d’un grand chercheur algérien

Belgacem Haba est un chercheur algérien installé aux Etats-Unis. Natif de la région d’El Meghair dans le sud-est du pays, il est reconnu aujourd’hui comme l’un des plus grands inventeurs de la planète avec à son actif plus de 1500 brevets d’invention dont 500 aux Etats-Unis.

En Algérie depuis quelques jours, Belgacem Haba a donné des conférences dans les universités de Touggourt, Ouargla et Biskra où il a attiré la grande foule et enflammé les réseaux sociaux.

 Samedi, il a été décoré de la médaille de l’Ordre de mérite national au rang de « Achir »  par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.

Une occasion pour  la chaîne de télévision Echourouk de lui consacrer une émission et de de revenir sur son parcours.

Un parcours hors du commun

Diplômé en physique de l’université des sciences et de la technologie de Bab Ezouar, Belgacem Haba quitte l’Algérie pour les Etats-Unis en 1980, grâce à une bourse de l’Etat algérien.

 « Avant de partir, j’ai cherché du travail en Algérie pendant plus de six mois, de Biskra jusqu’à Oran », a-t-il dit. Après l’obtention de son baccalauréat en 1976, il a été affecté à l’université de Bab Ezzouar pour les études. « Pour l’hébergement, on m’avait envoyé à Constantine. J’ai souffert pendant quelques mois, j’ai dormi dehors », raconte-t-il, en soulignant qu’il a triché sur sa date de naissance. «En 1969, l’école m’a demandé de présenter un extrait de l’acte de naissance. A l’état-civil, j’ai découvert que je n’étais pas inscrit du tout. J’ai ramené mon père et mon oncle, ils m’ont inscrit comme quoi je suis né en 1957, après j’ai découvert que ce n’est pas la bonne date ».

En 1984, il obtient  un mastère en sciences des matériaux et de l’ingénierie de l’université de Stanford en Californie, aux Etats-Unis. « Quand j’ai obtenu ma bourse, j’ai regardé sur la carte géographique des Etats-Unis, et j’ai cherché une université la plus proche du sud où il fait chaud. Je ne voulais pas aller dans une ville où il fait froid. Alors je suis tombé sur Stanford qui est l’une des plus importantes universités américaines », a-t-il confié.

Très vite, il intègre un centre de recherche appartenant à la firme IBM, puis rejoint l’entreprise japonaise d’informatique et de télécommunication NEC  avant d’intégrer à nouveau une société américaine Rambus où il participe, entre autres, à la mise en œuvre des PlayStation 2 et 3.

Revenant sur ses inventions, le célèbre chercheur qui fait rêver les étudiants algériens, explique : « Le rythme de mes inventions a augmenté avec le temps.  Au départ, j’inventais une nouvelle technologie tous les cinq ans, et à un moment donné, je pouvais même aller jusqu’ à 60 à 70 nouvelles inventions par an. » « Maintenant l’âge fait que ce rythme a beaucoup diminué », dit-il ironiquement.

Belgacem Haba affirme que « 95% voire 100% »des entreprises de téléphonie utilisent dans la partie caméra, des technologies que ses sociétés ont développées. » « Nos clients actuels sont des grandes entreprises comme Samsung », ajoute-t-il.

En 2013, le scientifique algérien rejoint le géant Google où il y restera deux ans. « Personnellement, je fais du hardware mais à Google cela est secondaire.  Eux sont  beaucoup  plus focalisés sur le software », dit-il pour expliquer les raisons de son départ du géant américain de l’internet.

Les freins à l’invention en Algérie

Interrogé sur ce qu’est, selon lui, une bonne invention, le chercheur a répondu :  «Il faut tout d’abord définir ce qu’est une invention. Une invention c’est trouver la solution à un problème qui apparaît dans une société et faire en sorte que la solution trouvée puisse apporter éventuellement de l’argent à la société en question ».

Pour Belgacem Haba,  qui définit un  inventeur comme étant  » à la fois, un ingénieur et un entrepreneur »,  il y  a un problème  « dans le système » en Algérie.

« En Algérie, les universités sont coupées de la société, et les entreprises sont coupées des universités et n’ont aucun lien avec elles.  Avant de parler d’invention, il faudrait régler ce problème-là », explique-t-il.

Selon lui, l’environnement dans le pays n’est pas propice à l’innovation. « Il manque en Algérie un écosystème. Il faut créer un environnement  qui soit propice au développement.

Pour y arriver, le chercheur estime  « qu’il faut  aussi la participation d’investisseurs qui ont une vision. » « Il faudrait également  que les entreprises du pays soient disposées à acheter de chez un  inventeur algérien lorsqu’il créé et développe quelque chose. Il faut que les entreprises donnent la chance  aux inventeurs algériens, c’est un point très important », a-t-il souligné. 

« Et enfin, il faudrait accompagner les inventeurs en fonction de leurs projets et non pas en fonctions de leurs relations et des personnes qu’ils connaissent « , a-t-il ajouté.

Interrogé sur ses futurs projets, Belgacem Haba,  pour qui une chose est sûre: « la technologie du futur repose sur le virtuel »,  explique qu’il aimerait écrire un livre.  « C’est un souhait que je n’ai toujours pas réalisé. Je parlerais de la technologie et  de ma vision des choses, et pourquoi pas encourager des gens et faire naitre des passions », a-t-il conclu.

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