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Bensalah à la présidence : l’ombre de Bouteflika

Bensalah à la présidence : l’ombre de Bouteflika

Il y avait Abdelkader Bensalah, le sénateur qu’il avait nommé dans le tiers présidentiel avant de le désigner président du Sénat, devenu aujourd’hui président par intérim. Il y avait tous ses conseillers, à l’exception de son frère Said qui se fait discret. La télévision les a montrés accueillir le nouveau président, comme on accueille un invité dans sa propre maison.

Il y avait sa plume habituelle, reconnaissable à son style incompréhensible en arabe et à ses phrases creuses, symboles d’une communication d’un autre âge…

Ce soir Abdelaziz Boutefika était omniprésent dans le premier discours à la Nation d’Abdelkader Bensalah. Il était peut-être plus présent que lors de ses précédentes lettres aux Algériens dont la lecture était confiée parfois à un ministre parfois à une présentatrice de l’ENTV.

Ce soir, le discours de Bensalah ressemble à une dernière provocation du clan présidentiel. Abdelaziz Bouteflika, qui a quitté le pouvoir il y a une semaine après avoir failli déclencher un conflit majeur au sein de l’armée a même eu droit à un hommage appuyé.

« Les valeurs de gratitude qui animent les enfants de notre peuple, nous commandent d’exprimer nos vifs remerciements et notre reconnaissance à ceux qui ont eu le mérite d’avoir déployé toutes leurs énergies pour permettre aux Algériens de se réconcilier entre eux, de vivre ensemble en paix et d’avoir contribué à bâtir un pays moderne, fort et respecté dans le concert des nations », a affirmé le président par intérim. Le nom de Bouteflika n’est pas cité mais la référence à l’ancien président est claire.

Dans son discours, Abdelkader Bensalah a repris deux thématiques chères à l’ancien président : la réconciliation nationale et le retour de l’Algérie dans le concert des nations. Deux « réalisations » que Bouteflika s’est régulièrement attribuées.

C’est la première fois depuis son départ que l’ancien président a droit à un hommage. Même ces partisans les plus zélés, comme Djamel Ould Abbes, n’ont pas osé prononcer son nom.

Sur le fond, Abdelkader Bensalah nous a vendu ce soir le même projet que Bouteflika le 11 mars : une élection présidentielle sous la supervision d’une commission indépendante qui travaillera en étroite collaboration avec l’administration actuelle, c’est-à-dire le gouvernement Bedoui, nommé par l’ancien président.

Bensalah a répété les mêmes phrases déjà entendues des dizaines de fois dans la bouche de ceux qui lisaient les messages de son prédécesseur. Il s’engage mais sans fournir la moindre garantie. Faute de crédibilité, sa parole ne suffit pas à elle seule à convaincre les Algériens.

Comme Bouteflika il y a un mois, Bensalah a ignoré ce soir les critiques sur sa désignation et les appels à la démission. Il a ignoré la répression des étudiants à Alger, menée par la police, le jour même de son installation à la tête de l’État. Comme Bouteflika, Bensalah a ignoré les mises en garde concernant les dangers que représente la situation actuelle pour la stabilité du pays, la cohésion entre le peuple et l’armée. Comme Bouteflika, Bensalah a ignoré les Algériens.

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