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Blanchiment : l’Arabie saoudite dans le viseur de l’UE en pleine tension diplomatique

Blanchiment : l’Arabie saoudite dans le viseur de l’UE en pleine tension diplomatique

Bruxelles a proposé, ce mercredi 13 février, d’ajouter sept pays, en particulier l’Arabie saoudite, à sa « liste noire » pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, dans un contexte de tensions avec Ryad à la suite de l’affaire Khashoggi.

Cette initiative de la Commission européenne devra encore recevoir le feu vert du Parlement européen et des pays de l’Union, dont certains comme la France et le Royaume-Uni ont exprimé des réserves sur cette nouvelle liste de 23 pays à « haut risque ».

Les nouveaux pays ciblés, avec parmi eux l’Arabie saoudite et le Panama, s’ajoutent aux 16 qui figuraient déjà sur ce registre – comme l’Iran, l’Irak, le Pakistan ou encore l’Ethiopie et la Corée du Nord – dont l’objectif est de « protéger le système financier de l’UE ».

Le fait de se retrouver sur cette liste ne déclenche pas de sanctions, mais il oblige les banques européennes à appliquer des contrôles renforcés sur les opérations financières avec des clients ou des établissements financiers dans ces pays.

« Sujet sensible »

L’initiative de l’exécutif européen ne fait pas l’unanimité au sein de l’UE. Les réticences de capitales comme Paris ou Londres sont interprétées par certains comme une volonté de ne pas envenimer les relations avec certains pays. Notamment celles avec l’Arabie saoudite, particulèrement tendues depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Commis début octobre dans le consulat de son pays à Istanbul par un commando venu de Ryad, ce crime a profondément terni l’image des dirigeants saoudiens, et provoqué de fortes tensions avec les capitales occidentales.

Il ne s’agit pas « d’une opposition à l’ajout de tel ou tel pays », a cependant affirmé une source diplomatique, estimant que les réserves de certains concernaient plutôt « la méthodologie » d’évaluation de la Commission. Celle-ci aboutit à des résultats différents de ceux du Gafi, dont l’expertise fait pourtant autorité, a ajouté cette source.

Les pays qui souhaiteraient s’opposer à la nouvelle « liste noire » disposent d’une période d’un mois (prolongeable d’un mois) pour réunir une majorité qualifiée d’Etats membres hostiles.

L’eurodéputée Eva Joly (Verts), ancienne juge d’instruction, a salué de son côté la nouvelle liste proposée par Bruxelles, qualifiée de « progrès pour combattre l’argent sale ».

« La Commission doit toutefois publier les évaluations des pays afin de renforcer la transparence du processus et éviter les accusations de marchandage politique », a ajouté Mme Joly. Elle a par ailleurs demandé que certains pays européens comme Chypre ou le Royaume-Uni soient eux aussi mis au ban.

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