L’Algérie achète de moins en moins de blé français, en dépit d’une forte baisse de sa récolte de céréales durant la campagne 2020-2021. Traditionnellement, la France est le principal fournisseur de blé tendre pour le marché algérien, mais la donne a changé depuis deux ans pour deux principales raisons, selon les spécialistes.
La première cause est d’ordre technique : l’Algérie a modifié son cahier des charges pour l’achat de blé pour diversifier ses fournisseurs dans un contexte de hausse des prix sur le marché mondial.
| LIRE AUSSI : Le son de blé, objet de toutes les convoitises en Algérie
En 2020, l’Office algérien interprofessionnel des céréales, plus grand importateur de blé en Algérie, a modifié le taux d’endommagement du blé par les punaises de 0,5% à 1%.
Un changement qui a rouvert le marché algérien aux blés de la Mer Noire, notamment le blé russe. La Russie, qui a du coup repris ses exportations vers l’Algérie en juin dernier, avec une cargaison de 28.000 tonnes, ambitionne d’augmenter ses volumes sur le marché algérien à 800.000 tonnes.
Une situation politique « complexe »
La seconde raison de la baisse des exportations de blé français vers l’Algérie est liée aux tensions politiques entre les deux pays, qui ont culminé en octobre dernier, avec le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, suite aux propos controversés du président Emmanuel Macron sur la colonisation et le système politique algérien.
L’ambassadeur algérien a regagné Paris début janvier, dans un contexte de réchauffement des relations entre les deux pays.
Au plan économique, l’Algérie a décidé de rouvrir son marché aux génisses et bovins d’engraissement français, après une année de suspension à cause des tensions politiques entre les deux pays.
Mais pour les céréales, la situation n’a pas évolué. A la mi-campagne, la France n’a exporté que 1,154 million de tonnes de blé vers l’Algérie, contre un volume habituel de 4 millions de tonnes sur une année entière, selon le site terredauphinoise.fr qui cite le « contexte diplomatique tendu » entre les deux pays, comme principale raison.
Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre, chez FranceAgriMer, explique cette forte baisse par une situation politique « complexe » entre l’Algérie et la France, selon la même source.
Conséquence de la baisse des achats de l’Algérie, FranceAgriMer a révisé à la baisse les exportations de blé tendre vers l’Algérie. Les stocks de blé français destiné aux pays tiers se sont retrouvés au plus haut depuis 17 ans, soit 9 millions de tonnes pour la campagne 2021-2022
Pour compenser les pertes sur le marché algérien, FranceAgriMer table sur une hausse des exportations vers l’Égypte, le Maroc ou la Chine, selon la même source.