Économie

Blé : la Russie conforte sa position en Algérie au détriment de la France

L’Algérie poursuit sa politique de diversification des fournisseurs de blé dans un contexte de tensions politiques avec la France, son principal fournisseur.

 Traditionnellement grand importateur de blé français, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) se tourne de plus en plus vers les blés de la mer Noire, notamment russe. Selon Ioulia Koroliova, directrice du Centre russe d’évaluation de la qualité céréalière, l’Algérie a acheté 250.000 tonnes de blé russe, rapporte le média Russia Beyond.

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La Russie, qui a repris ses exportations de blé vers l’Algérie en juin dernier avec une cargaison de 28.000 tonnes après cinq ans d’absence, ne compte pas s’arrêter là. Elle veut augmenter ses parts sur le très lucratif marché algérien. Dans un premier temps, la Russie vise une exportation de 700.000 à 800.000 tonnes de blé vers l’Algérie, selon le même média.

L’Algérie devrait importer durant la saison 2021-2022 huit millions de tonnes contre 7,5 millions la saison passée, selon le Département américain de l’agriculture, et ce en raison de la chute de 38% de sa production céréalière à cause de la sécheresse qui a frappé sévèrement le pays en 2021.

« C’est un marché important, et nous espérons qu’il continuera à croître », a-t-elle dit.

Pour ouvrir son marché au blé russe, l’OAIC a modifié son cahier des charges pour permettre aux blés de la mer Noir de soumissionner aux appels d’offres lancés par l’Algérie, selon les spécialistes.

 En 2020, le monopole public des importations de céréales a modifié le taux d’endommagement du blé par les punaises de 0,5% à 1%. « Le taux-limite de grains punaisés est fixé à 1 % contre 0,5 % dans ses appels d’offres précédents », selon le site spécialisé Terre-net.

Des critères à la baisse

L’Algérie qui était très exigeante en matière de qualité des blés importés a revu ses critères à la baisse dans un contexte de baisse de sa production céréales et de hausse des prix du blé sur le marché mondial.

Mais aussi pour réduire sa dépendance vis-à-vis du blé français. En juin dernier, le ministre de l’Agriculture a annoncé que l’OAIC allait engager des poursuites judiciaires contre un fournisseur indélicat, après la découverte de carcasses d’animaux dans une cargaison de blé français qui a été déchargée dans le port d’Oran.

Les résultats de cette enquête n’ont pas été rendus publics, mais cette affaire a porté un coup dur au blé français. Cette situation ne devrait pas s’améliorer en raison des tensions politiques entre l’Algérie et la France.

Cette crise latente, d’une ampleur inédite, a éclaté début octobre, après les propos tenus par le président Emmanuel Macron sur le système algérien et la colonisation. Le président français avait qualifié le système algérien de politico-militaire et s’est interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830. Ces propos ont provoqué la colère d’Alger qui a rappelé son ambassadeur à Paris, et interdit aux avions militaires de l’opération Barkhane de survoler son territoire. 

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