Économie

Blé : l’Algérie impacte les cours et fait saliver les fournisseurs

L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a effectué l’acquisition de 390 000 tonnes de blé à moudre dans le cadre d’un appel d’offres international clôturé ce mercredi, rapporte ce samedi le site Hellenic Shipping News.

L’OAIC ne publie pas les résultats de ses appels d’offres et les estimations sont basées sur des évaluations de traders européens du marché de blé. La quantité de blé acquis était initialement estimée entre 330 000 et 390 000 tonnes. La livraison doit être effectuée durant la deuxième partie du mois de février, ou durant la première partie du mois de février si le blé provient d’Amérique du Sud ou d’Australie.

La majorité du blé acquis par l’OAIC a été acheté à un prix situé entre 312,5 et 314,5 dollars la tonne, livraison incluse. L’acquisition aurait en outre été effectuée auprès d’au moins six fournisseurs, précise la même source. « Je pense qu’une large partie, peut-être environ la moitié, de l’achat pourrait provenir de la France mais aussi du nord de l’Union européenne voire d’Amérique du Sud », a estimé un trader.

« Il y a beaucoup de rumeurs que l’Argentine va prendre une part importante du dernier appel d’offres algérien, ce qui est décevant puisque le marché algérien est si important pour nous », a déclaré dans ce cadre un trader allemand au sujet de la récente acquisition de blé par l’OAIC. Cette éventualité a d’ailleurs fait baisser les cours du blé européen sur les marchés internationaux, précise l’agence Reuters.

Fin décembre, c’est le contraire qui s’est produit. Le cours du blé européen avait augmenté de 0,5 %, porté par un appel d’offre lancé par l’Algérie.

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Le marché algérien du blé suscite des convoitises

L’Algérie avait acheté 300.000 tonnes de blé à environ 292 dollars la tonne livraison incluse durant le dernier appel d’offres international lancé par l’OAIC le 31 décembre dernier. Les cours du blé ont cependant enregistré une hausse conséquente récemment suite à la décision de la Russie d’augmenter ses impôts en vue de réduire les exportations de blé.

Le dernier appel d’offres effectué en décembre était vu sur le marché comme relativement petit et les observateurs s’attendaient à une nouvelle acquisition de la part de l’Algérie malgré les prix élevés.

Les appels d’offres de l’Algérie sont très convoités sur le marché mondial du blé, compte tenu des grandes quantités de blé importées par le pays. Selon World Grain, qui cite le département américain de l’agriculture (USDA),  la consommation de blé de l’Algérie pour la saison 2020/2021 est évaluée entre 10,7 et 11 millions de tonnes, alors que le pays devrait produire environ 3,75 millions de tonnes, en baisse de 5 % par rapport à la production de la saison 2019-2020.

Selon l’USDA, l’Algérie pourrait importer entre 5 et 8 millions de tonnes de blé cette saison pour satisfaire ses besoins qui sont couverts à hauteur de 34 à 36 % par la production nationale. La France, l’Allemagne, La Pologne, le Canada, le Mexique, les États-Unis et le Royaume-Uni sont les principaux fournisseurs de blé de l’Algérie.

En 2019, le gouvernement algérien a plafonné les importations de blé à quatre millions de tonnes par an, un objectif qui semble hors d’atteinte, en raison de son incapacité à réduire la consommation des produits dérivés des céréales, et à augmenter la production de blé, pénalisée par une agriculture archaïque, fortement dépendante des précipitations.

En septembre dernier, le gouvernement a décidé d’instaurer un système de subvention ciblée des céréales en excluant le blé dur destiné à la fabrication des pâtes début septembre du soutien de l’État, le gouvernement a fini par faire machine arrière deux mois après, en revenant à l’ancien système, mercredi 11 novembre.

« L’application de la subvention ciblée était tributaire de la mise en place d’un cahier des charges par l’OAIC pour la distribution du blé aux minoteries, ce que n’a pas été fait. Le gouvernement avait mis la charrue avant les bœufs, et quand il s’est aperçu de son erreur, il a fait machine arrière », explique un proche du dossier.

Résultat : les prix des produits dérivés du blé comme les pâtes alimentaires ont flambé sur le marché national, en raison de la baisse de l’offre, consécutivement à l’application pendant deux mois du décret relatif à la subvention ciblée des céréales.

En 2019, l’Algérie avait importé pour 2,7 milliards de céréales, qui représentent plus d’un tiers de ses importations de produits alimentaires.

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