Économie

Blé : les exportateurs français s’inquiètent de perdre leur position en Algérie

Les exportateurs de blé français s’inquiètent de voir s’effriter leur position dominante sur le marché algérien, face à la montée de la concurrence de pays comme la Russie et aux annonces du gouvernement de revoir sa stratégie d’importation de blé.

« La compétition est de plus en plus ouverte et la concurrence de plus en plus vive. La France a longtemps eu des marchés captifs, comme l’Algérie et le Maroc. Aujourd’hui, ces grands pays testent d’autres origines, comme la Russie, qui a fait de très gros progrès en quantité et en qualité », a indiqué Michel Portier, directeur général d’Agritel, la société de conseil en gestion sur les marchés agricoles, dans un entretien accordé aux Echos.

« Nous sommes aussi nouvellement concurrencés au Maghreb par l’Ukraine, le Kazakhstan et la Roumanie. En clair, la France est en train de perdre des chasses gardées. Il y a vingt ans elle faisait 6,5 % du blé mondial. Aujourd’hui 5 % », a affirmé M. Portier, qui estime toutefois que la France a encore des atouts face à la concurrence, notamment grâce aux coûts logistiques mois élevés.

« Aujourd’hui, le blé français est moins cher que le blé russe. On est donc bien placé pour l’export », a soutenu le directeur général d’Agritel. « Les coûts logistiques en Russie sont énormes. Le chargement d’un bateau, c’est 25 dollars la tonne. En France, c’est 4 euros », a-t-il rappelé. Agritel estime ainsi que la France pourrait exporter cette année 5 millions de tonnes vers l’Algérie, malgré la concurrence de l’Argentine qui risque de s’avérer très agressive, estime Michel Portier.

Le 7 août, le ministre de l’Agriculture Cherif Omari avait affirmé que la production du blé tendre continue de faire l’objet « d’un chantier ouvert au ministère de l’Agriculture avec la perspective de conforter le rendement de cette filière », relevant que la consommation du blé tendre, aliment de base dans beaucoup de produits alimentaires notamment le pain est « à revoir ». « Pas moins de 10 millions de petits pains sont jetés quotidiennement », a déploré le ministre, cité par la Radio nationale.

En ce qui concerne la production du blé dur, Cherif Omari a précisé que l’Algérie a pu assurer une « autosuffisance de 10 mois en la matière », affirmant que cet effort est « à consolider par le suivi et l’accompagnement de cette filière pour des résultats meilleurs ».

Jeudi 22 août, le ministre du Commerce Said Djellab a évoqué la possibilité de ne pas importer de blé cette année. « La possibilité de ne pas recourir à l’importation de produit subventionné existe eu égard aux mesures prises par le gouvernement à l’encontre de certains propriétaires de minoteries frauduleux qui contournent les lois pour profiter des subventions allouées par l’État », a précisé le ministre, selon l’agence officielle.

« La production abondante de différents types de céréales enregistrée cette année et la valorisation du produit national de blé dur, tendre et d’orge permettra de ne pas recourir à l’importation du blé cette année », a-t-il ajouté.

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