Politique

Bouzid Lazhari répond au Parlement européen : « Oui, il y a des dépassements, mais … »

Bouzid Lazhari, président du Conseil national des droits de l’Homme, réagit à la résolution du Parlement européen sur la situation des droits de l’Homme en Algérie.

Même s’il reconnait l’existence de « dépassements isolés », Lazhari juge néanmoins la teneur de la résolution exagérée et en déphasage avec la réalité du terrain.

S’exprimant sur le plateau d’Ennahar TV, le président du CNDH s’interroge d’emblée sur le timing de cette résolution qu’il soupçonne de servir un agenda visant à ternir l’image de l’Algérie.

 « J’ai suivi les débats et j’ai constaté que les intervenants répètent le langage d’un courant bien déterminé en Algérie. En parlant d’un État civil et non militaire, c’est l’ANP qui est visée d’une manière indirecte, parce qu’elle est soutenue par les Algériens et elle a une bonne réputation,  c’est elle qui a protégé le Hirak. C’est bien d’écouter l’opposition, mais il faut écouter l’autre partie », dit-il.

Pour lui, le titre même de la résolution réduit toute la question des droits de l’Homme au cas d’une seule personne, le journaliste Khaled Drareni, emprisonné depuis huit mois. Il réitère que le journaliste n’a pas été emprisonné pour ses opinions.

« La contre-vérité, c’est qu’ils disent que des journalistes, des défenseurs des droits de l’Homme et des syndicalistes sont emprisonnés à cause de leurs opinion politiques. Ils devaient d’abord consulter leurs dossiers. Les accusations sont là, c’est l’article 79 du code pénal, c’est l’incitation à attroupement non autorisé. La défense peut prouver que les éléments de ce délit ne sont pas réunis et je me demande pourquoi les avocats n’ont pas saisi le conseil constitutionnel pour contester la constitutionnalité de cet article 79 qu’ils considèrent comme portant atteinte aux droits de l’Homme », explique-t-il.

« C’est vrai qu’il y a quelques journalistes en prison, nous le regrettons et nous refusons qu’un journaliste soit emprisonné à cause de ses opinions. Parmi eux celui-là dont le nom a été cité dans le rapport. Nous avons saisi le ministère de la Justice, ils nous ont dit voici les accusations, ils n’ont pas été emprisonnés pour leurs opinions », défend encore Lazhari.

Celui-ci affirme qu’il ne peut pas nier l’existence de dépassements, mais refuse qu’ils soient imputés à une « politique d’État ». « Ce sont des cas isolés, œuvre d’un policier, d’un gendarme ou tout autre agent de l’État, mais ce n’est en aucun cas une politique d’État. Au contraire, il y a une volonté politique pour la protection des droits de l’Homme. Le Conseil des droits de l’homme est une instance constitutionnelle qui œuvre à attirer l’attention de l’État sur toute déviation de nos engagements internationaux. Nous recevons quotidiennement des plaintes et nous saisissons les autorités », assure-t-il, citant l’exemple de prisonniers qui se plaignent de « tortures, de manque de soins ou d’éloignement » et dont les doléances sont dans 90 % des cas prises en charge par le ministère de la Justice.

Le président du CNDH regrette que la résolution du Parlement européen n’ait pas pris compte des réformes contenues dans la nouvelle constitution et de toutes les avancées de l’Algérie en matière des droits de l’Homme, comme la nouvelle composante du Conseil supérieur de la magistrature ou la protection de la femme contre les violences.

Il souligne aussi que les rédacteurs de la résolution se sont basés sur des données dépassées, comme lorsqu’ils appellent l’État algérien à lutter contre la corruption « alors que nous sommes en pleine guerre contre ce fléau », ou lorsqu’ils demandent la révision de la loi sur les associations, ignorant que la question a été prise en charge dans la nouvelle constitution.

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