Économie

BTP : les entrepreneurs demandent de l’aide, déplorent le recours aux étrangers

Plongée dans le noir depuis 2019, le secteur algérien du BTP peine à entrevoir le bout du tunnel. De nombreuses entreprises ont fait faillite, et plus de 150.000 travailleurs ont perdu leurs emplois, selon l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). Et la crise ne fait que s’aggraver.

« Depuis plusieurs mois, rien ne va. Tout est à l’arrêt ». C’est par cette formule que Mouloud Kheloufi, président de l’AGEA a résumé, lundi 17 mai, la situation du secteur à la lumière de cette année 2020 particulièrement accablante pour les entreprises du secteur.

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Pour faire entendre sa voix, l’AGEA a convoqué une Assemblée générale est pour le courant du mois en cours afin de tirer la sonnette d’alarme et d’interpeller le gouvernement.

« Nous préparons une assemblée générale pour le 26 mai afin d’interpeller les hautes autorités sur les difficultés qui minent le secteur », explique Mouloud Kheloufi, dans une déclaration à TSA, ce lundi 17 mai.

« On attend des jours meilleurs. À la fin de cette AG on sortira avec des conclusions et des propositions urgentes qu’on transmettra au président de la République », ajoute le président de l’AGEA pour qui l’enjeu est de sauvegarder les emplois.

Les pertes d’emplois durant les deux dernières années se comptent par milliers, d’après l’AGEA qui les chiffre à 150.000. « Pour le secteur du BTP, 2019 et 2020 demeurent les deux pires années depuis l’Indépendance », selon les propres mots de Mouloud Kheloufi qui garde néanmoins l’espoir de sortir de cette crise.

L’AGEA déplore le recours aux entreprises étrangères

Mais pour y parvenir il appelle à ouvrir un dialogue avec les pouvoirs publics, en précisant que l’AG du 26 mai s’inscrit dans cette perspective. « On va essayer de trouver les voies et moyens pour remédier à cette situation et formuler des propositions à l’adresse du président de la République. Il est le seul à pouvoir prendre des décisions et régler les problèmes du secteur à travers des aides directes et indirectes », espère Kheloufi.

Pour lui, sauvegarder des entreprises qui assurent des milliers d’emplois ne doit pas attendre. « Il faut des aides imminentes pour sauvegarder les emplois », exhorte Kheloufi.

Questionné si la situation économique et financière du pays permttait aujourd’hui à l’État de venir en aide au secteur, Mouloud Kheloufi estime qu’il n’y a pas de raison d’en douter.

« C’est la même situation partout dans le monde, en Europe, en Afrique ou au Moyen-Orient. L’Algérie est membre de l’Union des entrepreneurs arabes et tous nos contacts au sein de l’Union décrivent la même situation. Cependant, leurs gouvernements les ont aidés par rapport à la fiscalité ou aux crédits en vue de sauvegarder les emplois. Ces Etats ont injecté de l’argent pour éviter que les entreprises aillent vers la fermeture », développe Kheloufi qui déplore que les entreprises privées du BTP n’aient pas bénéficié jusque-là d’un soutien de l’État.

Lors de l’AG du 26, sur laquelle les opérateurs du BTP affiliés à cette association semblent fonder beaucoup d’espoir, il sera question notamment de la marginalisation des entreprises nationales au profit d’acteurs étrangers dans le secteur du BTP.

« Des entreprises algériennes confient des projets à des acteurs étrangers et délaissent des opérateurs algériens, alors que nous avons signé une convention public-privé », déplore M. Kheloufi.

À cet effet, l’AGEA avait saisi le Premier ministre au début de l’année 2020 pour lui proposer l’annulation pure et simple de la short-list des entreprises accédant aux projets via le gré à gré et de revenir au code des marchés publics avec la préférence de 25 % aux entreprises algériennes, publiques ou privées.

« Cette short-list prévue pour la réalisation du programme de logements a montré ses limites, sa suppression permettra aux entreprises nationales (publiques et privées) de bénéficier des marchés publics pour leur survie du fait de la situation économique du pays, et d’autre part, garantir les salaires des travailleurs appartenant à celles-ci », avait indiqué l’AGEA dans son courrier daté du 7 janvier 2020 et consulté par TSA.

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