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CAN 2021 : les 4 raisons de la débâcle de l’Algérie

CAN 2021 : les 4 raisons de la débâcle de l’Algérie

L’équipe d’Algérie de football a quitté prématurément la coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021. Venus avec l’ambition de défendre leur titre acquis en 2019 en Egypte, les Verts ont échoué à s’extirper d’un groupe pourtant pas très difficile. Il s’agit de l’une des plus grosses désillusions de l’histoire du football algérien.

Fifa, covid, pelouse catastrophique

L’Algérie a fait match nul avec la Sierra Leone (0-0) mardi 11 décembre avant de se faire battre successivement par la Guinée équatoriale (0-1) dimanche 16 janvier et la Côte d’Ivoire (1-3) jeudi 20 janvier.

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Pour qu’une équipe considérée comme l’une des meilleures au monde du moment, de l’avis de techniciens renommés, et qui n’a pas goûté à la défaite pendant 35 matchs consécutifs, présente un tel bilan négatif au premier tour de la CAN, il faut assurément un alignement exceptionnel des planètes, donc la conjugaison de beaucoup de facteurs défavorables. Les Vents contraires étaient plus forts.

Il y a d’abord des raisons objectives et exogènes sur lesquelles ni le staff technique ni la fédération n’ont d’emprise. L’équipe d’Algérie a très mal préparé le tournoi, la faute à la Fifa qui a autorisé les clubs à garder leurs joueurs jusqu’à la dernière semaine avant le début de la compétition, et au covid qui a touché plusieurs éléments du groupe.

Jusqu’à maintenant, on ne connait toujours pas avec exactitude le nombre de joueurs qui ont attrapé le virus. Au stage du Qatar, certains joueurs clés, comme Ryad Mahrez, sont arrivés exténués par le rythme de la compétition dans leurs championnats respectifs.

D’où d’ailleurs la décision du sélectionneur Djamel Belmadi de ménager son capitaine a donné lieu à une polémique qui ne s’estompe pas. Au cours du même stage, le programme de l’équipe nationale a été chamboulé par l’annulation du match amical face à la Gambie.

Au Cameroun, les conditions étaient tout sauf idéales. Chaleur, humidité, arbitrage douteux et pelouse catastrophique étaient au menu des Verts. La pelouse du stade Japoma de Douala est un véritable champ de patates, indigne d’une CAN. Un terrain inadapté au football, dangereux pour les joueurs algériens qui ont l’habitude d’évoluer sur des pelouses de grande qualité.

On pourrait ajouter l’insécurité puisque des journalistes algériens ont été agressés devant l’hôtel de l’équipe avant le début de la compétition. Si cela doit consoler, rappelons que l’équipe nationale n’est pas le premier champion en titre à se faire éliminer au premier tour. Au cours de la trentaine d’éditions de la CAN, cela est arrivé assez souvent (à 17 reprises).

Des choix discutables

Tout cela n’excuse toutefois qu’en partie le visage méconnaissable montré par l’équipe d’Algérie dans les trois matchs qu’elle a disputés. De mauvaises décisions ont été prises à plusieurs niveaux tant dans les choix tactiques et de joueurs que dans la gestion du groupe, de la pression et de l’environnement général de l’équipe nationale.

Irréprochable jusque-là, le coach Belmadi aurait peut-être mieux fait de puiser dans son banc riche plutôt que de compter sur des éléments revenant de convalescence, à fortiori du covid dont la principale séquelle est la fatigue intense.

Les « remplaçants » qui ont joué en amical face au Ghana (victoire 3-0) ont montré un visage séduisant, en tout cas nettement meilleur que ce qu’a produit pendant la CAN le groupe « indéboulonnable » de titulaires.

Ce qui nous amène à l’attitude incompréhensible de Djamel Belmadi qui a quasiment figé son onze rentrant depuis la campagne victorieuse de 2019. Le coach des Verts a appelé de nouveaux joueurs, mais ce sont les mêmes qui jouent régulièrement, quel que soit leur état de forme.

Par rapport au onze de 2019, seul Ramiz Zerrouki est venu remplacer Adlène Guedioura. Même s’il irrite le public par son inefficacité et qu’il n’a marqué que deux fois avec les Verts en 2021 (ce qui est dérisoire pour un attaquant de pointe), Baghdad Bounedjah, était toujours sûr d’être sélectionné et même de jouer au moins une mi-temps.

Son concurrent direct Islam Slimani n’est pas plus efficace, mais tout aussi irremplaçable aux yeux de Belmadi. Celui-ci devait-il montrer plus de souplesse dans l’affaire Andy Delort ou donner sa chance au jeune Amoura, comme le suggère une partie du public ?

Joueurs intouchables et excès de confiance

Nul doute que Djamel Belmadi sait ce qu’il fait, il l’a plus que prouvé pendant trois ans, mais cette fois, le résultat ne lui donne pas raison. Sa tendance à défendre ses joueurs contre toute critique, même lorsqu’ils sont l’ombre d’eux-mêmes, a tué la concurrence et la remise en question, moteurs de la performance de toute sélection.

La nonchalance observée chez certains éléments pendant les trois matchs de la CAN n’est pas due seulement à la fatigue générée par les facteurs cités, mais aussi à un sentiment d’être « intouchables » et d’avoir atteint le sommet.

L’excès de confiance a joué un mauvais tour aux Verts. On n’a pas géré de la meilleure des manières cette histoire d’invincibilité, derrière laquelle Belmadi et ses joueurs courraient sans relâche, et tout ce qui s’est dit sur le nouveau statut du groupe Algérie, auquel on a même prêté la capacité de se mêler à la lutte pour la victoire finale lors de la prochaine coupe du monde. Les choses sont parfois trop simples : pourquoi un favori pour le titre mondial se méfierait de la 114e sélection au classement Fifa ?

Deux compétitions intenses en un mois

On ne s’attardera pas sur les choix tactiques et les hésitations de Djamel Belmadi, comme le positionnement de Ryad Mahrez. Au risque de se répéter, il connaît son métier et son groupe. Il a beau répéter qu’il assume seul la débâcle, on sait que cela n’est pas tout à fait vrai.

La Fédération algérienne de football a aussi failli en engageant quasiment la moitié de l’équipe en coupe arabe, faisant disputer à cinq piliers de la sélection, M’bolhi, Benlamri, Bounedjah, Belaili et Brahimi, deux compétitions intenses en moins d’un mois.

C’est du jamais vu à ce niveau. On se gardera de faire écho ici à tout ce qui se raconte sur de prétendus tiraillements au sein de l’encadrement et de la fédération. Tout cela est encore au stade de la supputation. Mais on ne peut occulter un fait que tout le monde connaît pour avoir fait beaucoup de bruit. Au printemps dernier, quelque chose s’est peut-être cassée lorsque Djamel Belmadi est monté au créneau pour dénoncer et l’éviction du président de la FAF Kheireddine Zetchi et les tentatives de l’impliquer dans l’adoubement de son successeur.

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