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Cancer : l’arrivée de l’immunothérapie retardée par des lenteurs administratives

Cancer : l’arrivée de l’immunothérapie retardée par des lenteurs administratives

L’Algérie a adopté l’immunothérapie dans le traitement du cancer de la vessie, a annoncé vendredi le Professeur Blaha Larbaoui, chef du service oncologie médicale du centre anti-cancer d’Oran.

L’immunothérapie consiste à aider le système immunitaire, avec des substances naturelles ou synthétiques, à détruire les cellules cancéreuses. Les médicaments de l’immunothérapie rendent les cellules cancéreuses de nouveau vulnérables au système immunitaire, rendant ce dernier capable de détruire les tumeurs.

De grands espoirs pour les cancéreux

De grands espoirs ont été soulevés par l’arrivée de l’immunothérapie dans les arsenaux des oncologues depuis quelques années. Ces médicaments permettent aux cancéreux de gagner plusieurs années d’espérance de vie et, dans de nombreux cas, l’espoir d’une guérison est même permis.

« Il faut savoir que dans les cancers de la vessie infiltrant, les chimiothérapies habituelles ne marchent pas donc cette immunothérapie induit d’énormes espoirs pour les patients atteints de ces cancers », explique le Professeur Bouzid, Président de la Société algérienne d’oncologie médicale (SAOM).

Mêmes si l’annonce faite ce vendredi par le Professeur Blaha Larbaoui ne concerne que le cancer de la vessie, l’immunothérapie peut être utilisée dans plusieurs types de cancer et apporter des résultats inatteignables avec les autres thérapies.

Selon le Professeur Bouzid, pour qui « l’immunothérapie va apporter un plus indéniable », ces médicaments peuvent être utilisés dans le traitement de plusieurs cancers, comme celui du poumon, du rein ou encore dans le traitement des mélanomes.

« Pour le cancer du poumon qu’on ne peut pas opérer, l’immunothérapie permet de prolonger la survie au-delà des cinq ans pour un cancer métastatique, alors que maintenant, ils meurent en neuf mois. Pour le cancer du rein, c’est la même chose, au point où on parle maintenant de guérison pour des cancers métastatique. Quant au mélanome, qui est une tumeur très grave, c’est la même chose, c’est réellement une révolution », explique notre interlocuteur.

L’immunothérapie des cancers est relativement récente mais elle commence à se généraliser à travers le monde. Les indications de l’immunothérapie pour le cancer du poumon, du rein et le mélanome ont reçu des autorisations de mise sur le marché en Europe et aux États-Unis depuis respectivement trois, cinq et sept ans.

Lenteurs dans la mise en œuvre de l’immunothérapie en Algérie

L’immunothérapie du cancer de la vessie et les cancers d’autres localisations permettra clairement de sauver des vies dès sa mise en œuvre dans le pays. Mais selon le professeur Bouzid, les deux médicaments adoptés par l’Algérie, à savoir le Pembrolizumab et l’Atizolizumab, n’ont pas encore été acquis, faute de fonds.

« Le Pembrolizumab a eu une décision d’enregistrement en Algérie le 7 janvier », explique notre interlocuteur qui regrette les lenteurs que connait l’importation de ces médicaments.

La mise en œuvre de ces nouveaux médicaments dans les centres anti-cancer algériens dépend directement de leur processus d’importation, processus qui bloque au niveau du ministère de la Santé, selon le Professeur Bouzid. « C’est la pharmacie centrale qui importe ces médicaments mais il faut qu’elle ait les fonds pour le faire et c’est le ministre de la Santé qui décide », a-t-il affirmé, ajoutant que « si on les paye, les médicaments arriveront mais on les a pas payés donc ils n’arriveront pas ».

Des « médicaments cabas » en attendant…

Dans l’attente de l’importation de ces médicaments qui traîne en longueur, des cancéreux décèdent et d’autres voient leurs chances de survie diminuer.

« J’ai des malades qui sont en train d’attendre depuis un an ou un an et demi et certains sont morts », s’insurge le Professeur Bouzid qui est même allé jusqu’à « ramener ces médicaments pour ses patients en ‘’cabas’’ de la Turquie ». Un geste qui lui a été « reproché » mais qui reste justifié pour le professeur pour qui la situation actuelle rappelle celle de 2011.

« On est dans la même situation qu’en 2011 lorsqu’il y a eu une crise sur certaines thérapies ciblées. À l’époque, M. Ould Abbes a réglé le problème en un tour de main », explique le Professeur Bouzid qui souhaite que « les décideurs fassent la même chose », car selon lui, le blocage se situe au niveau du ministre de la Santé qui, pour régler le problème, peut « se référer au Premier ministre comme l’a fait Ould Abbes en 2011 ».

En attendant la mise en place effective de l’immunothérapie dans le traitement des cancers de la vessie et d’autres tumeurs, des cancéreux auront « des pertes de chances inacceptables », a dénoncé le Professeur Bouzid qui a affirmé que « si on les paye aujourd’hui (les médicaments), demain ils seront là, je m’en porte garant ».

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