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Casbah : les naufragés de la rue Ali-Tamglit

Casbah : les naufragés de la rue Ali-Tamglit

Il n’y a plus de toit. Les fils électriques sont apparents. Des déchets jonchent le sol. De l’eau ruisselle des murs et seules de fines planches de contreplaqué servent parfois à maintenir les marches des escaliers. C’est pourtant dans ce bâtiment en ruine de la rue Ali-Tamglit (Basse-Casbah) partiellement effondré le 22 avril dernier et faisant cinq morts, que vit Dahbia avec ses deux enfants. Elle résidait au cinquième étage avant l’écroulement.

« J’avais peur, alors je suis descendue au premier. » Avec elle, une voisine et son conjoint qui ont eux aussi quitté leur palier. Une pièce fait office de chambre et de salon. Dans l’autre, des dizaines de sacs-poubelles et de cartons dans lesquels sont stockées leurs affaires. « On n’a pas où se laver ni se faire à manger, raconte Dahbia. Depuis le début du Ramadhan, on dîne à l’extérieur. Chez des voisins, des amis. »



 

Immédiatement après le drame, des propositions d’hébergement d’urgence ont été faites aux locataires de ce vieil immeuble qui jouxte la mosquée Ketchaoua. Seulement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Ainsi la veille du premier jour de Ramadhan, plusieurs de ceux qui avaient fait le déplacement à Baba Hassen en vue d’être relogés ont dû rebrousser chemin sans la moindre explication, d’après le HuffPost Algérie. Plus de dix jours après le début du mois sacré, au moins six familles sont encore parquées dans cette bâtisse classée rouge.


 

Pourtant depuis plusieurs années, pour des raisons de sécurité évidentes, les opérations de relogement se multiplient à La Casbah. « Mais ça n’a jamais été notre tour, confie Dahbia. On n’est jamais prioritaires alors qu’on vit ici depuis des années. C’est de la hogra. Si seulement j’avais quelqu’un pour m’aider ! Mais je ne connais personne ni à la mairie, ni à la wilaya. Je n’ai que Dieu. » Épuisée, elle fond en larmes. « On n’arrête pas de réclamer et ça ne change rien, je suis fatiguée. C’est invivable. Je défie quiconque d’essayer de vivre ici… »

Nous croisons Sadek, la quarantaine. L’homme a grandi ici. Il rentre de la daïra où il espérait avoir de bonnes nouvelles. « Il n’y a rien. On me dit toujours ‘attendez’», déplore-t-il. Un autre habitant qui souhaite garder l’anonymat assure que certains ont profité de la tragédie pour mettre la main sur des appartements. « Je vous le dis : il y a des gens qui sont venus de Jijel qui ont obtenu le logement. D’autres ont présenté leur carte d’identité avec de l’argent. » Il nous désigne un homme qui descend d’un escalier sans lumière. « Regardez celui-là. Il est malade. Et même comme ça on ne lui a rien donné. La situation est totalement anarchique, chacun fait ce qu’il veut. »

Contacté ce jeudi, le standard de l’Assemblée Populaire Communale (APC) nous a demandé de les rappeler dès dimanche. D’ici là, Dahbia, Sadek et les autres devront encore passer quelques nuits de plus au péril de leur vie.

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