
Dans son annonce de la conclusion d’un accord mettant fin à la guerre de Gaza, le Hamas palestinien a remercié plusieurs parties, mais pas l’Algérie qui a pourtant fourni d’intenses efforts depuis deux ans pour mettre fin au génocide. Une « omission » qui sème l’incompréhension chez les Algériens.
Jeudi 9 octobre, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait en quelque sorte anticipé cet « oubli » du mouvement palestinien.
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« Nous n’avons besoin de la reconnaissance de personne, notre conscience nous suffit. Les Palestiniens eux-mêmes témoignent que les Algériens ont combattu en Palestine en 1948 », a-t-il déclaré dans une allocution prononcée devant les cadres de l’armée au siège du ministère de la Défense nationale (MDN).
Le président de la République a révélé pour la première fois l’intention d’Israël de bombarder le site de Club des pins à Alger lors de la proclamation de l’État de Palestine en 1988.
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Le Hamas remercie plusieurs pays
Toujours jeudi, le mouvement Hamas a rendu publique une déclaration annonçant officiellement la conclusion d’un accord qui met fin à la guerre contre Gaza qui dure depuis deux ans. Le mouvement a remercié trois pays, le Qatar, l’Égypte et la Turquie, et même Donald Trump, mais pas l’Algérie.
« Nous apprécions hautement les efforts de nos frères médiateurs en Égypte, au Qatar et en Turquie, tout comme nous saluons les efforts du président américain. Donald Trump pour l’arrêt définitif de la guerre et le retrait total de l’occupation de Gaza », a écrit le Hamas.
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Dans sa déclaration, le mouvement palestinien a appelé le président Trump et les États garants de l’accord à contraindre le gouvernement d’occupation à mettre en œuvre toutes les dispositions de l’accord et à ne pas le laisser se soustraire ou retarder la mise en œuvre des accords conclus.
Le responsable du Hamas, Khalil Al Hayya, a lui cité une liste plus large de pays, mais pas l’Algérie.
« Nous avons reçu des garanties des médiateurs et de l’administration Trump que la guerre est totalement terminée et nous remercions les médiateurs l’Égypte, la Turquie et le Qatar ainsi que ceux qui ont participé avec nous à cette bataille au Yémen, au Liban, en Irak et en Iran », a déclaré Al Hayya.
L’Algérie en première ligne dans la défense de la Palestine
Chez les internautes algériens, c’est l’incompréhension totale, sachant que l’Algérie a compté parmi les plus farouches défenseurs de la cause palestinienne ces deux dernières années, et même avant.
Le soutien de l’Algérie à la cause palestinienne est encore plus visible depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza en octobre 2023. L’Algérie et son ambassadeur aux Nations-Unies Amar Bendjama ont fait du siège non-permanent algérien au Conseil de sécurité une tribune pour Gaza et la Palestine.
Pour ses efforts en faveur de la Palestine, Bendjama a été décoré fin septembre dernier de la médaille de l’Ordre du mérite national au rang « Achir », sur décision du président de la République.
« Nous n’attendons la gratification de personne » et « nous n’avons aucun intérêt sauf notre conscience vis-à-vis d’un peuple qui se bat contre la colonisation. Nous n’avons pas d’autre but », a déclaré pour sa part le président Tebboune jeudi dernier.
Certains pensent que le chef du Hamas n’a commis aucune ingratitude envers l’Algérie.
« Dans son allocution, le représentant du Hamas a surtout évoqué les États directement impliqués dans la médiation : il n’a pas présenté sa gratitude à l’Algérie, ni mentionné l’Afrique du Sud, ni l’Espagne, ni aucune autre nation qui pourtant n’a pas ménagé ses efforts au service de la cause palestinienne », a écrit le Professeur en cardiologie Salim Ben Khedda sur sa page Facebook qui accuse les mouches électroniques derrière la campagne « Khalil Al-Hayya n’a pas remercié l’Algérie ».
D’autres pays, comme l’Afrique du Sud notamment, ont joué un rôle clé dans la défense des Palestiniens de Gaza en saisissant la Cour pénale internationale contre les dirigeants israéliens.
Pour revenir au Hamas, ce n’est pas la première fois que la communication et la diplomatie de ce mouvement désarçonnent les observateurs. En juin 2021, six mois après la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, Ismaël Haniyeh, alors chef du Hamas (qui sera assassiné par Israël en juillet 2024 en Iran), a fait un déplacement officiel à Rabat. Sur place, il a salué « l’action du Roi Mohammed VI en faveur du peuple palestinien et l’amitié maroco-palestinienne qui transcende le conjoncturel ».