
Traditionnellement, l’été est la période de la récolte des figues et du raisin en Algérie. Aujourd’hui, des agriculteurs récoltent un autre produit : les pistaches. Dans différentes régions d’Algérie, des pistachiers arborent des grappes de pistaches aux couleurs rose-orangées. Un produit très recherché et dont les prix sont élevés.
Sur les réseaux sociaux, les témoignages d’agriculteurs abondent. Dans la région de Batna, un agriculteur s’extasie devant la profusion des grappes de pistaches accrochées aux branches de ses arbres.
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Filmé par un de ses collègues, avec un large sourire et d’un geste rapide, il détache les pistaches mûres des grappes et désignant tour à tour celles-ci, il déclare : « c’est de l’argent qui pleut de cette grappe, puis aussi de cette autre ».
Les pistaches atterrissent sur une bâche en plastique posée sur le sol. En quelques instants, celle-ci est recouverte de nombreux fruits. D’un air amusé, et avec la ferme intention de convaincre de futurs planteurs de pistachiers, il continue de détacher les fruits en passant de grappes en grappes tout en indiquant à chaque fois : « c’est de l’argent ». Puis, il lance : « plantez des pistachiers dans les zones steppiques ».
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Pistachiers, éviter les faux pas à la plantation
L’ingénieur agronome, Samir Mariche, du bureau d’études, suivi et accompagnement agricole de Sidi Bel Abbès se dit confiant quant au potentiel de production de pistaches en Algérie. « Même si la culture de la pistache en Algérie connaît un grand retard et l’absence d’investissements, notre pays est qualifié pour être un pôle de production dans le monde », explique-t-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
En professionnel averti, il indique vouloir « essayer de clarifier beaucoup d’erreurs » commises lors de la plantation et « expliquer la démarche technique pour développer la culture de la pistache. » Il continue de dérouler son argumentaire : « Dans le monde, les trois pays producteurs sont l’Iran, les USA et l’Australie. L’Algérie pourrait les rejoindre, car le pays possède les superficies nécessaires. »
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C’est un arbre qui s’adapte sur les sols pauvres, demande peu d’eau, supporte des températures entre -15 °C et 50 °C, mais « qui doit être irrigué ». L’ingénieur s’inquiète d’investisseurs qui réalisent des plantations sans même prévoir d’irriguer. Il met également en garde contre les pépinières qui vendent des plants non agréés.
Il oriente les investisseurs potentiels vers les deux variétés les plus plantées au monde avec 80 % de la production mondiale. D’abord la variété Kerman originaire d’Iran, connue pour la taille de ses grandes coques faciles à ouvrir et qui présente l’avantage d’être très polyvalente. Elle s’adapte aussi bien dans les environnements semi-arides qu’au niveau des sols salés. Samir Mariche conseille également de planter la variété Sirora sélectionnée en Australie qui présente l’avantage d’une longue période de fructification, « jusqu’à fin avril » précise-t-il.
L’expert se désole du faible niveau technique de cette nouvelle filière et s’inquiète du retard important par rapport aux autres pays, dont les pays voisins.
Culture du pistachier, les erreurs à ne pas commettre
Tout d’abord, il recommande de laisser un espace de 5 à 7 mètres entre chaque plant et 7 à 8 mètres entre chaque rangée d’arbres. Quant aux plantations à « haute densité » comme dans le cas des pommiers, il indique que celles-ci ne sont pas d’actualité. Autre erreur à ne pas commettre, précise-t-il : « penser à planter un arbre mâle tous les huit arbres femelles. » Il recommande de s’assurer de la qualité des plants achetés. Comme beaucoup d’arbres fruitiers, les pistachiers sont greffés et les types de porte-greffes sont nombreux. Les plus productifs permettent une fructification au bout de 2 à 3 ans.
À ce propos, sur les réseaux sociaux, la page « Pistache-Algérie verte » met en ligne le cas d’une parcelle avec des pistachiers à peine âgés de deux ans et demi, mais possédant déjà plusieurs ramifications. Si trois d’entre-elles présentent des feuilles à leur extrémité, une quatrième présente pour sa part une grappe de pistaches.
Cependant, ce cas n’est pas général, certains porte-greffes, tel le pistachier de l’Atlas, ne permettent une première récolte « qu’au bout de 10 ans », indique Samir Mariche. Quant aux arbres greffés sur d’autres plants issus d’une graine, il alerte sur le fait que « la fructification n’arrive qu’après 12 à 15 ans. »
Mais ce n’est pas tout, explique l’expert ; si le pistachier a des besoins en eau bien inférieurs aux autres arbres fruitiers, il doit être irrigué, notamment lors de la floraison.
En Espagne, avec une production annuelle d’un million de plants, le groupe Agroptimum revendique la place de premier producteur de pistachiers en Europe et un réseau logistique performant. Des plants décrits comme « très développés et homogènes, ce qui favorise une entrée précoce en production. »
En Algérie, les premières récoltes de pistaches montrent tout l’intérêt des agriculteurs et investisseurs pour des arbres adaptés aux zones semi-arides et procurant un revenu appréciable. Reste à construire un outil aussi performant qu’en Espagne.
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