À Larbaa, près de Blida, dans la plaine de la Mitidja, se dresse ce qui reste d’un vieux palais ottoman, appelé aussi le « château de Napoléon ».
Ceux qui s’intéressent à l’histoire et au patrimoine de l’Algérie ne comprennent pas que l’édifice soit laissé à l’abandon. Des appels sont régulièrement lancés pour sauver l’endroit, témoin de la présence ottomane en Algérie et surtout de la période coloniale et de la guerre de Libération nationale.
Entouré d’un vaste domaine agricole, le palais datant du 18ᵉ siècle tient toujours bon devant les aléas du temps et de l’abandon, bien qu’il ait perdu des fragments entiers de la toiture. Il est aussi envahi par la végétation de toutes parts.
Il est appelé le domaine Boukandoura ou le château de Napoléon et les deux appellations ne sont pas inexactes.
Il aurait appartenu à sa construction au 18ᵉ siècle à un mufti hanafite du nom de Boukandoura. En 1835, il a été racheté par des colons français qui en ont fait un vaste domaine agricole de 800 hectares.
Depuis, il a changé de mains plusieurs fois jusqu’à l’indépendance du pays. Le château est devenu célèbre parce qu’il a servi de résidence à l’empereur Napoléon IIII et sa femme Eugénie lors de leur séjour en Algérie en 1865.
Séduit par l’endroit, le couple royal l’a racheté et a confié sa gestion à un certain Auguste Hardy, alors directeur de ce qui deviendra plus tard le jardin d’essais d’El Hamma, à Alger. Hardy a fait planter des milliers d’arbres au domaine de Napoléon.
Pendant toute la période coloniale, durant laquelle il changera plusieurs fois de propriétaires, les produits du domaine, toujours sous l’appellation Boukandoura, ont remporté de nombreuses médailles dans divers concours et expositions, dont l’exposition universelle de Paris en 1900.
Pendant la guerre de Libération, un bataillon de l’armée française s’y est installé. Il se dit encore aujourd’hui chez les habitants de la région que c’est dans cet endroit qu’a été exécuté Larbi Ben M’hidi en mars 1957, mais rien ne l’atteste avec certitude.
Il se pourrait toutefois que l’affirmation soit vraie, à en croire l’unique témoignage dont on dispose sur la mort du héros de la guerre de Libération, celui de son assassin, le général français Paul Aussaresses.
Selon ce dernier, lui et ses hommes ont conduit Ben M’hidi de nuit dans « la ferme désaffectée d’un colon dans la Mitidja » où ils l’ont pendu. Aussaresses, dans ses aveux faits en 2007, n’a pas précisé le nom de la ferme ni donné des indications permettant de l’identifier.
Que le domaine Boukandoura soit le lieu de la mort de Larbi Ben M’hidi ou pas, il reste un endroit chargé d’histoire qui pourrait servir, une fois restauré, de musée par exemple. Les ministères concernés, ceux de la Culture et des Moudjahidines notamment, devraient creuser l’idée.