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Collecte des peaux des moutons de l’Aïd : mode d’emploi

Collecte des peaux des moutons de l’Aïd : mode d’emploi

ENTRETIEN. Hassiba Mokraoui est la directrice générale de la PME au ministère de l’Industrie et des Mines. Dans cet entretien, elle revient notamment sur les objectifs  de la campagne de collecte des peaux  d’ovins et de bovins qui seront sacrifiés à l’occasion de l’Aïd-el-adha, que son département a décidé de lancer.

Propos recueillis par Achira Mammeri

Le ministère de l’Industrie et des Mines  prévoit de lancer une  vaste campagne de collecte des peaux d’ovins, de bovins et de caprins, durant l’Aïd El Adha. Quel est le but de cette opération ?

Chaque année, plusieurs millions de têtes d’ovins sont sacrifiées durant la fête de l’Aïd. L’année dernière, le nombre était estimé à 4 millions, or la peau traitée a une valeur économique. Nous avons une tradition de tannerie, avec des tanneurs qui ont du savoir-faire.

Certaines entreprises (La Tannerie Mitidja par exemple) vendent ces peaux à de grandes marques de luxe françaises et Italiennes.

Les études effectuées par notre département ministériel montrent que l’Algérie a un avantage compétitif dans la filière cuir. Si on arrive à structurer cette filière et accroitre la productivité des tanneries, nous pourrons contribuer à diversifier l’économie, à exporter, donc accroitre les rentrées en devises et contribuer à équilibrer la balance commerciale du pays. Un des problèmes rencontrés par la filière est le manque de peaux (quantité et qualité) et cette opération cherche à résoudre ce problème.

Parmi les retombées d’une telle opération, on note également une meilleure gestion de l’environnement sanitaire et de santé publique. Actuellement les peaux sont jetées n’importe où, créant des conditions sanitaires hasardeuses lorsqu’elles ne sont pas collectées à temps.

En organisant la collecte et en travaillant avec toutes les parties prenantes, nous allons éviter ce que nous avons vu par le passé. Nous allons commencer par une opération pilote dans 6 wilayas avec des sites ciblés. On pourra tirer les leçons de l’opération pour l’étendre au niveau national l’année prochaine.

Comment cette opération sera-t-elle organisée ? Qui se chargera de la collecte ? Au profit de qui ? Comment va se faire la récupération ?

Il y a trois stratégies. Travailler d’abord avec les abattoirs en encourageant les citoyens à amener les bêtes dans les endroits professionnels qui ont tout l’équipement, la présence de sacrificateurs disposant d’un savoir faire en matière de dépeçage, les vétérinaires pour assurer la qualité sanitaire et alimentaire.

Par ailleurs les lieux de dépôt des peaux sont désignés par les wilayas : les affichages dans les mosquées informeront les citoyens de ces points de dépôts ; on aura sur le site web du ministère la liste des sites de dépôt.

Troisièmement, ce dispositif est défini à l’échelle centrale et réalisé au niveau local à travers des comités locaux, intervenant sous la supervision des walis et pilotés par les directeurs de l’Industrie et des Mines. Ils sont composés de tous les secteurs concernés ,en plus des associations de la société civile, les APC, les organes d’information, Net Com (société en charge de la collecte des déchets ménagers à Alger), Extra Net (société de collecte de déchets ménagers).

Nous demandons aux citoyens de saler les peaux avec 2 Kg de sel pour ralentir la putréfaction et conserver les peaux en attendant que les collecteurs passent.

Pour le profit, c’est l’ensemble de la population algérienne qui va en bénéficier. Une balance commerciale équilibrée contribue à un taux de change favorable pour l’économie, réduit les prix des produits exportés et redynamise l’économie. En plus, une filière structurée qui se développe crée de l’emploi.

À cela s’ajoute un meilleur environnement, et moins de problèmes sanitaires et de santé publique, liés à des peaux qui se putréfient sur la voie publique pendant plusieurs  jours. Tout le monde doit mettre la main à la pâte pour que l’opération réussisse ; les sociétés de collecte, les agents de propreté travailleront en heures supplémentaires etc…

L’idée de créer une entreprise publique spécialisée dans la collecte et le stockage des peaux animales ne date pas d’aujourd’hui. Où on est ce projet ?

Pour que la filière soit compétitive, il ne s’agit pas de collecter et stocker seulement, il faut traiter la peau, faire la teinture et vendre sur les marchés internationaux.

Tout cela demande une expertise, dont disposent les tanneurs privés et publics. Cette opération n’est qu’un début. Les acteurs de la filière pourront discuter d’investissements communs (usines de traitement des peaux, opérations de collecte de peaux par exemple) et cela sera extrêmement efficace, car on aura une adéquation entre l’offre de peaux et la demande du marché mondial.

Le rôle du ministère de l’Industrie et des Mines est d’apporter des soutiens à des acteurs dans leurs efforts, de coordonner nos services et de faciliter l’environnement des affaires pour qu’ils puissent se développer, investir et créer de l’emploi.

Le secrétaire général de l’Union nationale des producteurs algériens (UNPA), Mohamed Alioui pense qu’il serait plus « judicieux » de lancer d’abord une campagne de collecte des quantités volumineuses de laine qui sont jetées chaque année, avant de s’attaquer aux peaux des bêtes. Quel est votre commentaire ?

Oui, effectivement, la laine constitue, elle aussi, une matière première importante dans la transformation industrielle du textile. Notre département ministériel compte s’orienter vers l’organisation de ce segment, juste après avoir mis en place un système efficace pouvant acheminer la peau vers les entreprises de transformation. Peut être à partir de l’année prochaine.

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