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Combat identitaire tronqué et truqué ou nostalgie du système colonial ?

Combat identitaire tronqué et truqué ou nostalgie du système colonial ?

« La guerre culturelle n’est pas une guerre déclarée, ce n’est pas la guerre d’un Etat militaire, c’est la guerre d’une société empoisonneuse contre la culture d’un peuple…La Guerre classique visait au cœur pour tuer et conquérir, la guerre économique visait au ventre pour exploiter et s’enrichir, la guerre culturelle vise à la tête pour  paralyser sans tuer, pour conquérir par le pourrissement et s’enrichir par la décomposition des cultures et des peuples. » (Dans : Henri Gobard : « La Guerre Culturelle, Logique du Désastre,» Editions Copernic, Paris, 1979, p. 9)

L’Algérie est-elle la seule ancienne « colonie » à laquelle a été infligée une politique de division des différentes composantes de son peuple ? Non, et on peut affirmer que nulle puissance coloniale n’a résisté à la tentation de semer le doute dans l’esprit des populations locales quant à leur histoire, à leur langue, à leur culture, à leur religion, et à leur composition ethnique.

La nation française existe-t-elle ? Non, affirme le professeur Henri Gobard !

Le Professeur Henri Gobard, cité en exergue de cette contribution, a fait la constatation suivante dont on lui laisse entièrement la responsabilité, constatation qui dément l’unité « jacobine » sans faille de l’ex-puissance coloniale : « La France (…) tire sa dénomination d’une tribu d’étrangers traîtres à leur propre religion et qui ont colonisé une colonie romaine en voie de décomposition. La France est un concept contre nature car ce n’est ni un pays, ni un peuple, ni un territoire, ni une nation, la France n’a jamais été, et ne sera jamais, hélas, qu’un Etat doublé d’une énarchie. La France n’est pas un pays, mais une zone plus ou moins hexagonale, où se trouvent plusieurs peuples, et de nombreux individus cohabitant sur des territoires divers. » (op. cit. p. 33).

On ne peut pas accuser le Pr Godard d’être un nostalgique partisan de « La France du Troisième Reich, » ni d’être à la solde d’une puissance étrangère, s’étant donnée pour objectif de morceler la France en « étaticules, » faciles à contrôler. Il ne semble pas que, derrière ces affirmations, se cache un projet politique quelconque constituant une menace pour l’intégrité du territoire français, et appuyé par une main étrangère.

Donc, même si on n’adhère pas à l’affirmation du Pr Godard, on ne peut que constater que, si certains fielleux, haineux et revanchards nostalgiques de « l’Algérie française, » de l’autre côté de la Méditerranée, contestent l’existence de la Nation algérienne, sans d’ailleurs ne rien prouver d’autre que leur haine de l’Algérie indépendante, il y a également dans l’ex-métropole coloniale, certains citoyens français, qui n’ont rien de « métèques mal assimilés, » et qui présentent des références scientifique difficilement récusables, et, pourtant , rejettent l’existence de la Nation française, car, si on cherche bien, on trouvera d’autres chercheurs français qui sont arrivés aux mêmes conclusions.

D’ailleurs, la France, qui se targue d’être une Nation pure et parfaite, si unie qu’aucune de ses composantes humaines ne contesterait son appartenance à cette entité nationale, a subi le sort qu’elle a réservé à ses colonies, lors de son occupation par les Nazis entre 1940 et 1945.

Ceux-ci ont non seulement décidé unilatéralement que les Alsaciens, qui parlent un dialecte de bas-allemand, appartenaient en fait à la nation germanique, et devaient donc d’office allégeance au Troisième Reich ; mais ils ont été encore plus loin en ressuscitant les irrédentismes breton, flamand, languedocien, et bien d’autres mouvements, qui ont été vivement combattus par la résistance française.

Cette partie de l’Histoire de la France, prêtant une certaine vérité à la constatation de Gobard, est soigneusement occultée, car elle contredit la thèse officielle de l’unité sans faille de la Nation française, et prouve que ce pays n’est pas aussi uniforme linguistiquement qu’on l’affirme, et que les interventions étrangères dans ses affaires intérieures ont pu trouver moyen d’agiter des populations qui, bien que parlant français, parce que soumises à une éducation exclusivement faite en français, se sentaient brimées dans leur identité.

La répression linguistique appuyée par la loi

Et s’il y a un pays réfractaire à toute diversité linguistique mettant en cause, même marginalement, le monopole total de la langue dominante, sauf de manière cosmétique, c’est bien la France.

Il est bon, pour illustrer cette affirmation,  de rappeler que de 1881 à 1953, il existait dans le corpus législatif français une clause pénale interdisant  aux enfants  de s’exprimer à l’école en une  langue autre que le Français ; et les parents étaient sanctionnés par le payement d’une amende, en cas de contravention de leurs enfants à cette loi. C’était donc un crime pour les enfants de parler leur langue maternelle, fut-elle locale ou étrangère, dans ce lieu public qu’était l’école.

La répression linguistique n’était pas une spécificité du colonialisme nippon en Corée, et qui interdisait  à la population coréenne de parler dans les lieux publics une autre langue que le Japonais. Elle a même touché, aussi, des citoyens à part entière qui parlaient, sur le territoire français, une autre langue que la langue officielle du pays. Cela rappelle fort l’interdiction de toute manifestation d’appartenance religieuse dans les lieux publics !

En Algérie, les occupants français sont allés au-delà,  et  ont usé et abusé de leur pouvoir total et totalitaire pour tenter d’effacer, de manière délibérée et persistante, tant l’Arabe, – qui fut, qu’on le veuille ou non, avant le 5 Juillet 1830, et pendant prés de 14 siècles, la seule langue de culture partagée et d’éducation en Algérie, et, de plus, demeure une langue internationale de culture, vivante et créatrice,- que les langues amazigh.

Renforcer L’arabe comme langue nationale et effacer la domination de la langue française

Le problème qui se pose en Algérie n’est pas celui de la place de l’Arabe ou des différentes langues amazigh, – qui sont, l’une comme les autres, qu’on le reconnaisse ou pas, les langues indigènes au pays, tout comme le Celte est la langue indigène de ce qui est actuellement la France,- mais celui de la langue française, quelles que soient, par ailleurs, les qualités que l’on puisse lui attribuer, et son rôle d’instrument de maintien du contact avec la modernité.

Au-delà des divergences conjoncturelles et des haines entretenues par les extrémistes des deux bords, et de l’hystérie islamophobe entretenue par les médias et certains faiseurs d’opinion influents de l’Hexagone,  et malgré tout le contentieux historique sanglant que le peuple algérien a contre l’Etat colonial français, l’amitié profonde avec le peuple français, que l’on valorise et qu’on l’on ne peut que vouloir maintenir, n’implique nullement l’obligation de suicide linguistique et culturel. L’Algérie n’est pas condamnée à pousser à cet extrême le « symptôme de Stockholm » qui la lie à la France.

Le gouvernement américain n’exigera jamais de la France, que, pour prouver l’amitié éternelle qui la lie au peuple américain, elle renonce à la langue française et adopte l’Anglais, comme langue exclusive d’administration, de culture et d’éducation ! Pourquoi donc doit-on interpréter le processus d’arabisation comme un acte d’hostilité envers la France et son peuple ?

Le Français a une présence étouffante dans la pratique linguistique algérienne, au détriment des langues locales originelles, que ce soit l’Arabe ou les langues amazigh; et le problème n’est pas de déterminer la place de l’Arabe et des langues amazigh, mais de réduire la domination de la langue française, qui s’accompagne d’une tentative, par certains, de marginaliser ces langues nationales d’origine jusqu’à les faire totalement disparaître.

Le paradoxe de la lutte identitaire : se baser sur des écrits coloniaux pour reconstruire son identité

Le paradoxe, de la lutte « identitaire » revendiquée, «dure et pure », est que nombre de ses partisans visent, non à revivifier une des langues originelles du peuple, mais à l’effacer au profit de la langue de l’ex-colonisateur, en adoptant au passage sa narration déformée et manipulée de l’Histoire de l’Algérie, Histoire directement copiée, mot pour mot, des idéologues colonialistes, et qui, selon la version des plagiaires « identitairistes,» se serait interrompue après la chute de la domination romano-byzantine , et aurait repris à partir du 5 Juillet 1830.

Entre ces deux période, selon cette version coloniale de l’Histoire de l’Algérie, reprise pratiquement mot pour mot par les  combattants « identitairistes,» autoproclamés, se seraient étendus des « siècles obscurs. » Ainsi est effacée, selon leur version, toute l’Histoire de l’Algérie qui n’a connu ni la domination romaine, ni le colonialisme français. Dans la foulée, ils rejettent, en toute logique, même la légitimité de la guerre de libération nationale et de l’Indépendance retrouvée après 132 années de totalitarisme colonial. Et le baiser qu’ils donnent aux « valeurs du Premier Novembre, » ressemble fort au baiser du sicaire  de la Mafia sicilienne, qui annonce le meurtre de celui qui le reçoit.

Haut conseil à l’amazighité ou « Haut conseil à la romanité ? »

Même le «Haut Conseil à l’Amazighité,» organisme officiel, financé par les deniers publics, et supposé veiller à la consolidation des différentes langues amazighs, s’est transformé en « Haut Conseil à La Romanité ; » il a exclu totalement de ses activités de recherches et de ses séminaires publics toute la riche histoire évènementielle, culturelle et littéraire des royaumes et empires berbères du moyen-âge, reprenant, presque mot à mot, la vision coloniale de l’Histoire de l’Algérie.

Adoptant la version française de l’histoire de l’Algérie, version cohérente qui établit un lien entre son invasion et l’occupation coloniale romaine, on glorifie Massinissa, dont toute l’histoire provient exclusivement de sources, non amazigh, mais romaines et grecques, et dont le pouvoir est venu de Rome, dont il a été l’auxiliaire fidèle.

On sait comment le rusé Scipion l’Africain l’a utilisé pour détruire son ennemi Carthaginois, en préparation de l’occupation romaine du Maghreb Central et Oriental. Scipion a même été choisi comme exécuteur testamentaire politique de Massinissa, ce qui donne une idée de la gratitude de ce dernier envers Rome pour la puissance que, pour atteindre ses propres desseins sur l’Afrique (la Tunisie actuelle), la Numidie et la Libye, elle l’a aidée à acquérir.

Rome a utilisé Massinissa comme une boule de billard pour se débarrasser de Carthage et mettre un pieds en Afrique du Nord. Elle a aidé Massinissa à se débarrasser de Syphax, son rival, lui permettant d’unifier le Maghreb Central et Oriental sous une seule bannière, donc simplifier pour cette puissance coloniale l’équation géopolitique, l’a mobilisé pour défaire les Carthaginois à la bataille de Zama (202 AC) puis l’a convaincu de diviser son royaume en trois parties, pour éviter que sa puissance acquise ne donne naissance à un Etat fort pouvant faire échouer le dessein romain de s’emparer finalement de tout le territoire qu’elle l’avait aidé à acquérir.

Ce ne fut pas la première fois dans l’Histoire du monde que les systèmes coloniaux ont utilisé cette ruse ! On comprend pourquoi les historiens coloniaux ont monté au pinacle Massinissa, le désignant même comme grand héros des Amazigh, tout en dénigrant l’Emir Abdelkader, qui, lui, a refusé d’entrer dans le jeu des stratèges coloniaux, et a réussi à unifier tout le peuple algérien dans sa résistance contre l’envahisseur étranger, cette masse d’émigrés illégaux armés!

On glorifie Massinissa, jouet entre les mains des envahisseurs romains, et on passe sous silence Abdelmoumène, l’enfant de Tajra et  « le flambeau des Almohades, » cet authentique Amazigh  qui a été le seul capable d’unir, sous une même bannière, tout le Maghreb, des bord de l’Atlantique à l’oasis de Siwa, -et sans aucune intervention extérieure, – et dont la dynastie a laissé des documents écrits en amazigh et en caractères arabes ;  son histoire est, de plus racontée, en Arabe, par des Arabo-berbères du cru !

Au nom de la lutte identitaire, on fait clairement L’apologie du colonialisme romain et français !

Bref, certains milieux continuent à glorifier, sans s’en cacher et avec fierté,  le colonialisme, au nom de la « lutte identitaire,» et, apparemment, ne sont même pas conscients de l’incohérence de leur position « identitairiste. »

Il faut reconnaitre que l’incompétence et la semi-culture des hautes autorités publiques n’a pas été pour peu dans cette dérive, qu’elles ont acceptée sans sourciller, si bien que la lutte pour la revivification de l’Amazighité s’est peu à peu transformée en apologie du système colonial français, de sa justification comme héritier légitime de l’Empire romain, et son refus de ne reconnaître l’histoire arabo-berbère que comme un accident qui aurait détourné le Maghreb de sa vraie appartenance !

La lutte pour l’Amazighité s’est convertie en entreprise de «délégitimation» de la fusion arabo-berbère autour de l’Islam, qui est la vraie et seule constituante de l’identité nationale, et qui est la seule légitime, car fondée sur l’adhésion millénaire profonde du peuple algérien aux valeurs qu’elle porte et qu’elle reflète, et sur sa lutte pour la libération nationale , au nom de ces valeurs millénaires.

Les « Amazighophobes » ne sont pas ce que certains  se plaisent à étiqueter comme tels, mais ceux qui refusent aux royaumes et empires berbères-musulmans de culture arabe, désignés comme tels par les  historiens coloniaux eux-mêmes, leur place dans l’histoire de l’Amazighité ! Comment peut-on prétendre vouloir en revenir à l’Amazighité pure et dure tout en effaçant la partie la plus glorieuse de l’Histoire des Amazigh ? Jamais les Berbères n’ont joué un rôle aussi déterminant dans l’histoire du monde que dans les siècles que certains tiennent à effacer de leur histoire. D’auxiliaires marginaux des empires de l’antiquité, ils sont devenus des acteurs reconnus dans l’histoire du Monde et de ses civilisations !

Il est décevant que des intellectuels brillants aient accepté d’adopter la version délibérément et grossièrement falsifiée et tronquée de l’histoire de leur patrie, et d’y ajouter même des mensonges de leur propre fabrication, telle l’origine egypto-amazigh de la fête de Yannayer, qui est,- et rien ne peut changer cette vérité historique,- le premier jour de l’an de l’année julienne, répandu par le colonialisme romain à toutes les nations qu’il avait conquises. Aucune trace archéologique ou autre de cette origine égyptienne de « l’ère amazigh » n’est présentée pour en prouver même la vraisemblance, que serait-ce l’authenticité, d’autant plus que le Pharaon qui aurait prétendument établi cette fête comme le début de l’ère amazigh était effectivement d’origine amazighe, mais rien de plus.

C’était un souverain égyptien, certes de descendance libyenne, mais totalement assimilé,  car descendant de tribus installées en Egypte, quelque trois cent ans avant qu’il ait accédé au pouvoir suprême, ne parlant que l’Égyptien,  entièrement acquis à la civilisation et à la religion égyptiennes, y compris à son système de calendrier politico-religieux fondé sur la durée de vie du taureau sacré. Il était, sans aucun doute, totalement indifférent à ses voisins de l’Ouest, qu’il a combattu avec autant de férocité que Ramsès II.

Chachnaq , ce souverain, dont le nom s’écrit de diverses manières, a même été plus loin dans l’assimilation en construisant une ville entière consacrée au culte du chat, animal sacré chez les Égyptiens anciens,  et en y réservant un cimetière qui recevait  de toutes les parties de l’Egypte, les cadavres momifiés de ces animaux.

En finir avec l’ethno-linguistique coloniale

Ainsi, les termes de référence du débat identitaire dans notre pays continuent-ils, paradoxalement, d’être dictés par les linguistes, ethnologues, miliaires, administrateurs coloniaux, et missionnaires des XIXème et XXème siècle, morts depuis longtemps, et  qui ont eu pour tâche exclusive de donner un fondement idéologique cohérent à la colonisation française, et ont établi, dans cette logique de justification historique, un lien entre la colonisation romaine et celle de la France.

On aurait pensé, à juste titre, que les conditions dans lesquelles le peuple algérien a repris son indépendance par une union sans faille autour de la renaissance de la Nation algérienne et du drapeau national, symbole de son droit à l’existence et de son unité, auraient abouti à la démonétisation totale de ces créations intellectuelles visant à dévaloriser le peuple algérien et à semer la division dans ses rangs.

La dangereuse « indigénisation » des théories légitimant le colonialisme

Or, c’est le contraire que l’on constate chez une nouvelle classe d’intellectuels « engagés, » qui utilisent comme fondements de leurs réflexions et analyses sur l’identité nationale algérienne, non leurs propres enquêtes ou leurs propres idées, mais celles des idéologues du colonialisme, qui visaient à faire disparaitre culturellement, si ce n’est physiquement, le peuple algérien dans toutes ses composantes.

Ils arguent de leur droit d’exprimer leur liberté comme ils l’entendent, alors qu’en fait ils sont prisonniers, dans leur visions de l’Algérie, et même du monde, de théories et d’idées destinées à justifier le fait colonial, et  à en perpétuer la présence dans notre pays, sous une forme sournoise, car maintenant ces théories et ces idées apparaissent sous les signatures de noms propres du cru. «L’indigénisation» des théories coloniales, culturelles, linguistiques, et politiques, ne les rend pas plus véridiques,  mais plus nocives et plus destructives, et porteuses de nouveaux drames. C’est un peu le malade qui adore les virus qui détruisent peu à peu son corps !

Qui peut prétendre, et pousser l’orgueil jusqu’à se présenter comme un « Hay Ibn Yeqdhan, » du XXIème siècle,  capable de retrouver, par la force de son seul intellect, et construire son humanité, dans une île où il est le seul être humain et où il a été élevé par une gazelle ?

En conclusion : Nul n’est plus esclave que celui qui ignore son état de servitude et se croit libre de toutes entraves, quelle qu’en soit la nature. Le système colonial fait partie de l’histoire de notre Nation, et donc de notre histoire individuelle, et c’est là un fait dont nous ne pouvons nous libérer que si nous en prenons conscience

Prés de 60 années après notre indépendance, il est probablement temps de comprendre la nécessité de poser en termes réalistes la question identitaire qui se pose encore, faute d’un processus de décolonisation mené jusqu’à ses conséquences extrêmes, comme l’ont été les épurations sanglantes qui ont touché les intellectuels collaborateurs français de l’occupation nazie, ou le processus de dénazification qui a été mis en œuvre en Allemagne, après l’effondrement du Troisième Reich.

Il y va de la survie de l’Algérie comme Nation. La limitation de la place de la langue française, étrangère dans notre pays, est au centre du problème identitaire, non le processus de réhabilitation de la langue arabe et des différentes langues appartenant au groupe amazigh, qui font, elles,  partie de notre âme.

On doit se libérer une fois pour toutes, et quelles qu’en soient les conséquences, de la politique linguistique imposée par l’occupant colonial.

Le débat, tels que certains veulent en imposer les termes, doit être inversé et évacuer les théories coloniales sur la Nation algérienne, théories frappées d’obsolescence par la guerre de libération nationale et l’indépendance de notre pays, acquise chèrement.

Donner une nouvelle vie à l’idéologie raciste coloniale et ses considérants linguistiques, dénigrant tant la langue arabe que les langues amazighes, et les condamnant à la disparition au profit exclusif de la langue française,  n’est certainement pas la meilleure voie pour retrouver son identité perdue.

C’est à ce prix seul que notre pays pourra maintenir son intégrité humaine et territoriale.

Finalement, nier l’existence de la Nation algérienne et, par voie de conséquence, rejeter l’unité territoriale de l’Algérie, n’est pas un délit d’opinion. C’est un crime contre la sécurité et l’intégrité du territoire national, et une attaque directe contre l’unité du peuple algérien, sous un seul drapeau, ce symbole si fort que les autorités coloniales, pendant la guerre de libération nationale, ne prenaient même pas la peine de conduire ceux qui l’arboraient au poste de police ou au commandement militaire le plus proche ; ils les abattaient sur place ou les « jetaient en Seine! »

Le peuple algérien, dans toutes ses composantes, ne s’est pas battu pour former une association de tribus, dans laquelle chacune aurait eu son propre emblème, mais pour restaurer la Nation algérienne autour du drapeau national, pour lequel des centaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens ont donné leur vie. Il y a en Algérie un seul drapeau qui reflète la fusion totale arabo/amazigh, baignée dans les valeurs de l’Islam, fusion qui constitue l’originalité et la spécificité de la Nation algérienne : c’est le drapeau national algérien !

*Mourad Benachenhou est ancien ministre


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