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Comment l’Algérie peut moderniser son système d’élevage

Comment l’Algérie peut moderniser son système d’élevage

L’Algérie veut moderniser son système d’élevage pour produire davantage de viandes, et ce en adoptant de nouvelles techniques de production de l’aliment de bétail, la transition alimentaire…

Dans le discours qu’il a prononcé samedi 24 septembre lors de la rencontre gouvernement-walis, le président Abdelmadjid Tebboune a longuement abordé les questions agricoles.

Il s’est ainsi interrogé sur les piètres performances de la filière ovine. S’étonnant en particulier que « de nombreuses subventions soient destinées à l’élevage et que de la semoule soit frauduleusement détournée vers l’élevage alors que nous continuons à importer de la viande ».

« L’importation des viandes est quelque chose d’étrange pour un État comme l’Algérie », a déploré M. Tebboune, en remarquant que nous ne connaissons pas le nombre de têtes de bétail dont dispose le pays. « Aucun ministre de l’Agriculture n’a pu nous donner le nombre exact de têtes de bétail. Un a dit nous avons 19 millions de têtes, l’autre 25 millions… », a-t-il regretté.

Quelques pistes pour moderniser l’agriculture

Se tournant vers le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, il a insisté sur la nécessité d’aller vers la « modernisation des esprits ».

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Il est vrai que de nombreux éleveurs de moutons utilisent encore des méthodes rudimentaires. Si en matière de protection sanitaire, la formation de vétérinaires et de techniciens permet un meilleur suivi des troupeaux, l’alimentation des animaux reste le point faible de l’élevage en Algérie. Or, en la matière, la sécheresse n’est pas la seule explication.

La solution passe par un développement des cultures fourragères. Ces dernières années, à côté des traditionnelles bottes de foin, sont apparues les balles rondes de maïs ensilage. Des pierres à lécher ont fait leur apparition dans les étables. La question est de savoir comment faire connaître ces nouvelles techniques au plus grand nombre d’éleveurs.

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Actuellement des ingénieurs, des vétérinaires et des techniciens restent cantonnés dans des structures administratives. Contrairement à ce qui se passe à l’étranger, il n’existe pas en Algérie d’associations locales d’éleveurs recrutant leurs propres techniciens.

Des techniciens rémunérés grâce aux cotisations des éleveurs et en partie par les aides publiques. Jusqu’à présent en Algérie, les cas où des agriculteurs gèrent des budgets et recrutent des techniciens sont pratiquement inexistants. Le « dirigisme administratif » reste la norme.

Des tracteurs travaillant la nuit

Le président Tebboune a demandé une meilleure rationalisation dans l’emploi des tracteurs suggérant leur emploi la nuit. Ces possibilités de rationalisation sont multiples : achat de tracteurs, recours à la location… À quand une start-up développant une application mettant en relation possesseurs de tracteurs et utilisateurs ?

À l’étranger, cette rationalisation passe très souvent par l’abandon du labour trop coûteux en temps et carburant. L’agriculteur utilise alors un semoir spécial permettant d’accélérer 6 fois la vitesse des chantiers de semis. Des essais menés en Tunisie montrent la possibilité de semer de l’avoine dans de la luzerne. Après la récolte de celle-ci en mars, la luzerne reprenant son cycle naturel.

Du dirigisme administratif à la participation des agriculteurs

En 2009, Denis Pommier, ingénieur agro-économiste à la Délégation de l’Union européenne en Tunisie avait regretté un « déficit prononcé de confiance des agriculteurs envers l’État dont les institutions n’arrivent pas à se mettre à leur service » au Maghreb.

Il soulignait le caractère du secteur agricole « encore largement administré de manière centralisée et où il y a fort peu d’espace pour que les agriculteurs participent efficacement à leur niveau à la résolution de leurs problèmes ».

Une telle démarche doit s’inscrire dans un long processus et faire la part des intérêts particuliers. En Algérie, les Chambres d’Agriculture datent seulement des années 1990.

En 2011, évoquant les élections au niveau de ces Chambres, le ministre de l’Agriculture avait indiqué que « la démocratie agricole a précédé la démocratie politique dans notre pays ». Il soulignait ainsi la nécessaire participation des agriculteurs à la gestion de leurs affaires.

Aux côtés de ces Chambres sont venus s’adjoindre des conseils de filière qui ont pour mission de représenter tant au niveau local que national les agriculteurs et transformateurs.

Vers une transition alimentaire

Aux importations de viandes dénoncées par le président Tebboune, il s’agit de rajouter celles concernant les aliments du bétail : tourteau de soja et maïs. Pour le seul maïs, ce sont 4 millions de tonnes qui sont annuellement importées.

À l’alimentation des 28 millions de têtes de moutons que compte le pays, il s’agit donc de tenir compte des élevages avicoles et du cheptel bovin.

La satisfaction des besoins de ces élevages passe par la production de fourrages et donc une utilisation accrue des ressources en eau et en terres. Mais dans un pays semi-aride jusqu’où est-il possible durablement de promettre aux consommateurs locaux une disponibilité en produits animaux identique à celles des consommateurs européens ?

Dans nombre de pays avancés apparaît une transition alimentaire. Celle-ci se caractérise par une réduction de la consommation de viande au profit de la consommation de protéines végétales. Peut-on espérer une telle transition dans les années à venir en Algérie ?

En mai dernier, le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l’Économie de la Connaissance et des Start-up, Yacine El-Mahdi Oualid, déclarait que « les start-up algériennes sont appelées à investir davantage dans l’agriculture et jouer un rôle actif dans la sécurité alimentaire du pays ».

La FoodTech constitue un secteur totalement inconnu en Algérie. Aujourd’hui, nombreux sont les sous-produits des industries agro-alimentaires qui peuvent être valorisés en alimentation du bétail, c’est le cas de la mélasse des sucreries.

Une fois passés dans une extrudeuse, les tourteaux issus de la trituration du soja peuvent être utilisés en alimentation humaine. L’extraction des protéines du pois sert aujourd’hui à fabriquer des substituts végétaux à la viande de poulet.

Attentisme dans la prise de décisions

Afin de répondre aux défis de l’heure, une plus grande participation des agriculteurs ainsi qu’une modification des modes de consommation alimentaire méritent plus d’attention.

Il faut cependant tenir compte de l’attentisme de certains responsables à prendre des initiatives. Un attentisme lié en partie à la crainte de sanctions judiciaires.

Le chef de l’État a rassuré les gestionnaires des entreprises publiques et les fonctionnaires et a insisté sur la « modernisation des esprits ». Les cadres du ministère de l’Agriculture sauront-ils y répondre ?

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