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Comment le Maroc tente d’entraver le travail de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental

Comment le Maroc tente d’entraver le travail de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental

La présentation faite par Horst Kohler, représentant personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, devant le Conseil de sécurité de l’Onu au sujet de sa récente tournée dans la région, a été précédée dans les coulisses par des manœuvres marocaines visant à préempter la présentation et la limiter à un simple factuel.

C’est ce que révèle un courrier envoyé par le représentant permanent du Maroc à l’Onu aux quinze membres du Conseil de sécurité de l’Onu le 6 août dernier, soit deux jours avant la présentation de Horst Kohler.

« Le Conseil de sécurité tiendra le 8 août 2018 ses troisièmes consultations en six mois sur la question du Sahara marocain. Cette réunion a été demandée par le représentant personnel du Secrétaire général, M. Horst Kohler, dont le briefing sera seulement un rapport factuel de sa visite dans la région en juin dernier », écrit Omar Hilale, précisant que « le Maroc aurait préféré que cette troisième présentation du représentant personnel soit organisée à un stade ultérieur ».

Le courrier du représentant permanent du Maroc à l’Onu détaille ensuite les différentes actions entreprises par l’envoyé spécial de l’Onu dans la région, en y apportant sans surprise une perspective favorable au Maroc. Le représentant permanent du Maroc à l’Onu affirmera notamment dans son courrier que M. Kohler « a tenu librement, dans les endroits de son choix, des réunions avec tous les interlocuteurs qu’il a souhaité rencontrer ».

« À la fin de sa visite, l’Envoyé personnel a fait part avant son départ de Laayoune de sa satisfaction quant à sa première visite au Sahara » occidental, affirme également Omar Hilale dans sa lettre, avant de rappeler la résolution 2414 qui appelle entre autres « les États voisins, en particulier l’Algérie » à effectuer d’importantes contributions au processus politique et à accroître leur engagement dans le processus de négociations ».

« Enfin, le Royaume du Maroc compte sur votre compréhension et votre soutien pour vous assurer que ces consultations du 8 août n’aboutissent à aucun résultat », conclut le courrier du représentant permanent du Maroc à l’Onu adressé aux quinze membres du Conseil de sécurité.

« À défaut de pouvoir retarder ce briefing demandé par Kohler, le Maroc a préempté le briefing en donnant la version marocaine aux membres du Conseil de sécurité et en les priant d’éviter qu’il n’ait de résultat afin que les échanges se limitent au simple aspect factuel de la tournée », analyse auprès de TSA une source connaissant de près le dossier sahraoui.

« Le Maroc met la pression sur Kohler pour qu’il n’y ait pas de surprise de fait accompli ou de pression de la part de l’envoyé. C’est une manière d’encadrer le travail de l’envoyé et de lui tracer des lignes rouges sur les paramètres du règlement de la situation, comme le plan d’autonomie ou l’implication de l’Algérie », explique-t-on.

« En comptant sur l’appui de certains membres permanents du Conseil de sécurité, dont la France au premier plan, le Maroc gagne un peu de répit en ce qui concerne la  date de tenue du cinquième round des négociations. L’échéance de fin septembre envisagée par Kohler ne semble d’ailleurs plus d’actualité », affirme notre source.

« Il faut relever de plus que le roi du Maroc ne veut plus entendre parler de négociations avec le Polisario. L’appareil diplomatique marocain va selon toute vraisemblance imaginer tous les prétextes possibles afin d’éviter de revenir à la table de négociations. D’où l’insistance de leur part sur l’implication de l’Algérie », ajoute-t-elle.

 

 

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