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Comment les Algériens détournent la crise de l’huile de table

Comment les Algériens détournent la crise de l’huile de table

Pour la deuxième fois en moins d’une année, les Algériens sont confrontés à une crise de l’huile de table. Ce produit de première nécessité, subventionné par l’Etat et produit en quantités suffisantes en Algérie, est à nouveau en rupture de stock dans les commerces.

Cette rareté est due aux achats massifs opérés par les consommateurs et à la spéculation.

Pour faire face à ce phénomène, les vendeurs usent de tous les moyens, quitte à ne pas déclarer la disponibilité de ce produit dans leurs magasins, pour ne pas attirer la grande foule, où le vendre à quelques privilégiés.

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« Areej market cherche à fournir l’huile de table quotidiennement à ses clients… Et nous nous réservons de ne pas publier sa disponibilité chaque jour afin qu’il ne soit pas exploité par ceux qui achètent des grande quantités, » a écrit une supérette sur sa page Facebook.

Comment trouver une bouteille d’huile de table : mode d’emploi

L’huile de table est devenue tellement rare que les citoyens doivent, eux aussi, élaborer des stratagèmes pour acquérir ce produit, devenu précieux.

Les publications sur les réseaux sociaux ne manquent pas de créativité afin de dénoncer cette situation intenable. La page « Blida Info » a choisi de passer par le sarcasme.

 

Afin d’espérer avoir accès à l’huile de table, il faut d’abord « avoir une excellente relation avec le vendeur, » conseille Blida Info.

Ensuite, il est recommandé de mener une surveillance 24h/24 afin de ne pas rater l’arrivée du camion transportant l’huile de table. Là encore, il faudra « passer la journée à convaincre le vendeur qu’on a vraiment besoin de l’huile. » insiste la page.

Autre conseil : il est préférable de rester dans la confidentialité et ne dire à personne que le vendeur a accepté de vous vendre le précieux produit.

Enfin, une fois le bidon d’huile acheté, il est important de « bien le cacher à l’aide de sachets noirs pour que personne ne le voit, » recommande Blida Info.

La toile indignée

Très vite, les commentaires ont fusé, tous indignés par la situation à laquelle le peuple algérien est confronté. Entre colère et tristesse, les internautes algériens n’ont pas manqué de réagir, sans perdre leur sens de l’humour.

« C’est un scandale que nous vivons, je ne comprends pas pourquoi personne ne réagit ! » s’exclame une internaute. Elle est épaulée par d’autres, tout aussi dans l’incompréhension et appelant au boycott.

Un autre internaute blâme le peuple qui se laisse faire, « au point où ils pensent qu’ils nous rendent service en nous vendant une bouteille d’huile. »

« On est arrivé au point où on a peur d’être agressé si on transporte une bouteille d’huile avec nous, » ajoute un internaute, résumant la situation que vivent des Algériens pour la deuxième fois en une année.

L’huile de table, « interdite aux -18 ans »

Dans un effort de lutter contre la spéculation et les achats massifs de l’huile de table, le ministère du Commerce a décidé d’interdire la vente de ce produit aux mineurs.

 

Là encore, les réactions n’ont pas manqué. Sur Twitter comme sur Facebook, les Algériens ont exprimé leur avis sur cette mesure qui, selon eux, n’apportera rien pour sortir de la crise.

« A l’étranger, tu dois montrer ta carte d’identité pour acheter de l’alcool, en Algérie tu dois la montrer pour acheter de l’huile, » commente une jeune femme sur Twitter.

 

Naturellement des mèmes n’ont pas tardé à surgir. Des images de Yacine Brahimi en train de transporter joyeusement deux bouteilles d’huile, comme lors de son but contre le Maroc en coupe arabe à des bouteilles d’huile détournées en bouteille de champagne, les internautes ont fait preuve de créativité.

Toujours dans la parodie, Sid Ali Dima Dima s’est photographié, tenant une bouteille d’huile de tournesol. En légende, il proclame « fièrement » avoir le droit d’acheter ce produit devenu un luxe : « Je déclare moi Sid Ali Dima Dima que je suis adulte et que j’ai le droit d’acheter de l’huile de table. »

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