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Conflit à l’APN : deux options pour une sortie de crise

Conflit à l’APN : deux options pour une sortie de crise

Et maintenant, quoi faire ? Cela fait quinze jours, depuis que l’APN est secouée par une crise sans précédent. Avec d’un côté un vieux routier de la politique qui en a vu d’autres, et de l’autre cinq chefs de partis politiques qui, au mépris des lois, ont cru pouvoir le faire plier, le conflit perdure et personne ne sait jusqu’à quand.

Djamel Ould Abbès a pensé un moment avoir trouvé la solution : exclure Saïd Bouhadja du comité central du FLN. La menace a été formulée publiquement, mais cette idée a fait long feu, surtout depuis le soutien affiché de la puissante organisation des Moujahidines (ONM), en faveur du Moujahid Bouhadja. Exclure un Moudjahid, qui n’a pas commis d’erreur grave, du FLN est politiquement très risqué. Ould Abbes le sait.

Said Bouhadja le sait : la loi est de son côté. Les pressions des députés n’y changeront rien. À l’heure actuelle et à y regarder de plus près, si Bouhadja persiste à refuser de partir, il n’existe que deux solutions qui pourraient mettre fin au blocage actuel. Soit la Présidence accède à la demande formulée par Said Bouhdja : être appelé « la partie qui l’a installé » à son poste, soit le Président de la République, ou alors lancer… la dissolution de l’APN, avec tous les risques que cela peut engendrer. En dehors de ces deux options, personne ne peut imaginer une sortie de crise, tant les positions sont figées et les antagonismes exacerbés entre les deux parties.

Première option : la présidence appelle Bouhadja

Cette option offre une porte de sortie honorable au président de l’APN et un règlement rapide de la crise, qui a trop duré. Depuis le début, cette option est sur la table car le président de l’APN, malicieusement, a toujours veillé à laisser la porte ouverte à cette possibilité. En politicien chevronné et en habile stratège, le vieux Moudjahid ne se fait pas d’illusion et se sait en sursis. Il ne s’attend pas à être conforté à son poste, mais veut négocier son départ. En échange de sa démission, il attend un geste, d’El Mouradia qui pour le moment ne vient pas.

Cette semaine, il a soufflé le chaud et le froid. Le 7 octobre, il annonçait son départ dans une déclaration à TSA, en début de journée : « Oui, j’ai l’intention de quitter le Parlement. Cela n’est pas un problème », affirmait-il. Avant de changer d’avis quelques heures plus tard : « J’ai reçu un émissaire qui est venu de la part d’une haute autorité du pays cet après-midi à 16 h pour me demander de rester », assurait-il.

Alors pourquoi la Présidence ne bouge pas ? À El Mouradia, l’idée de demander au président de l’APN de partir est rejetée. Du moins, officiellement. Puisque le principe de la séparation des pouvoirs empêche le chef de l’État de se mêler du fonctionnement du Parlement, censé contrôler l’action de l’exécutif, donc la sienne, puisque l’Assemblée est « un contre-pouvoir ». Mais son refus de s’impliquer directement ne signifie pas un soutien à Bouhadja. La Présidence préfère pousser le président de l’APN vers la sortie sans trop s’impliquer directement.

Deuxième option : la dissolution

C’est la solution extrême, celle que la Présidence prendrait en dernier recours, si elle ne parvient pas à régler le blocage de l’APN, par la persuasion. Cette solution comporte plusieurs risques et ressemble à un saut dans l’inconnu, d’autant que personne ne sait à quoi s’attendre. Elle ouvre une brèche pour ses adversaires qui ne manqueront pas de souligner l’absence de stabilité des institutions, alors que le pouvoir a toujours véhiculé auprès de la communauté internationale, la force de ses intuitions.

Par ailleurs, cette option aura un effet catastrophique sur l’image du pays, au moment où l’option d’un cinquième mandat n’est pas encore une certitude. Si la Présidence décide de dissoudre, elle contredira le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui assurait samedi devant les presse et les militants de son parti « qu’il n’y aura pas de dissolution.» Même s’il est vrai que, pour la Présidence, désavouer le PM Ouyhia est un moindre mal, face à la crise auquel elle doit faire face. 

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