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Conflit Azerbaïdjan – Arménie : une autre opportunité pour le gaz algérien ?

Conflit Azerbaïdjan – Arménie : une autre opportunité pour le gaz algérien ?

Les projecteurs sont de nouveau braqués sur l’Azerbaïdjan, après l’opération militaire déclenchée par ce pays dans la province du Haut-Karabakh, à majorité arménienne.

Les Occidentaux, notamment l’Union européenne, soutiennent l’Arménie dans ce conflit qui dure depuis l’éclatement de l’ex-URSS, bien que l’Azerbaïdjan soit un fournisseur important de gaz de l’Europe.

La position actuelle de l’Europe rappelle celle qui a suivi l’attaque de l’Ukraine par la Russie en 2022, lorsque les Européens ont dû soutenir un pays contre leur principal fournisseur d’énergie.

Les décisions prises alors par l’Union européenne avaient profité, entre autres, au gaz algérien qui s’est taillé des parts supplémentaires dans le marché du Vieux Continent. Sera-t-il encore le cas cette fois-ci ?

En février 2022, après le déclenchement de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine, l’Algérie a été fortement sollicitée pour augmenter ses livraisons de gaz vers l’Europe qui a décidé de s’affranchir de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes. Ce qui a été fait, dans la limite de la marge de manœuvre dont elle disposait en termes de capacités de production et de transport.

La nouvelle situation n’a pas seulement permis à l‘Algérie d’augmenter ses exportations de gaz vers l’Italie et la France notamment, mais elle a aussi été l’occasion de réviser les tarifs prévus dans les contrats à long terme avec les principaux clients, soit l’Italie, la France et l’Espagne.

L’Azerbaïdjan fait partie des pays gaziers sollicités par l’Europe pour augmenter leurs livraisons. En 2022, un accord a été signé entre le gouvernement de ce pays et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’accord prévoyait le doublement des livraisons azerbaïdjanaises de gaz d’ici à 2027. Les livraisons ont déjà augmenté de 30 %, à 20 milliards de mètres cubes annuels.

Éventuel remplacement du gaz azerbaïdjanais : l’Algérie aux premières lignes

Le gaz azerbaïdjanais se trouve dans la région de Shah Deniz, au sud de la capitale Bakou. Le champ renferme d’importantes réserves de gaz. Celui-ci est acheminé vers l’Europe via trois gazoducs construits successivement depuis les années 1960, mais qui ne constituent plus qu’un après leur raccordement.

Le premier va jusqu’aux frontières de la Turquie, le second traverse ce pays et le troisième, achevé en 2022, va jusqu’en Italie. Le coût total du gazoduc est estimé à 40 milliards d’euros, fournis par l’Azerbaïdjan et des pays étrangers dont la Grèce, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.

Avec les accusations de « nettoyage ethnique » qui ciblent l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, des voix en Europe réclament de se détourner du gaz de ce pays, comme cela avait été fait pour Moscou. C’est l’avis par exemple de François-Xavier Bellamy, patron du groupe de députés du parti français Les Républicains au Parlement européen.

Selon de nombreux spécialistes, l’Europe peut d’autant plus franchir un tel pas que les livraisons de l’Azerbaïdjan ne représentent que 5 % de sa consommation en gaz. Il faudrait juste une décision politique des États de l’Union européenne, estime l’analyste Anna Creti, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine.

Rien de concret ne permet pour le moment d’entrevoir une telle éventualité, mais si l’Europe franchit le pas, l’Algérie se retrouverait aux premières lignes des pays qui pourront récupérer les parts de marché que laisserait l’Azerbaïdjan.

L’Algérie a signé depuis 2022 de nombreux contrats avec de grandes firmes internationales pour développer ses capacités de production de gaz, dont un de 4 milliards de dollars conclu en juillet 2022 avec les firmes ENI, Total Energies et Occidental, alors que le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait annoncé en février de la même année l’investissement de près de 40 milliards de dollars dans le secteur énergétique sur quatre ans. En janvier dernier, le projet de réalisation d’un deuxième gazoduc vers l’Italie (le Galsi) a été relancé.

Le président Tebboune a émis le vœu en décembre dernier de doubler la production algérienne de gaz, qui tourne actuellement autour de 100 milliards de mètres cubes, et dégager la moitié pour l’exportation.

Les tensions avec l’Azerbaïdjan pourraient pousser les pays de l’Union européenne à regarder davantage vers le sud pour y sécuriser leurs approvisionnements en gaz et en énergie d’une façon générale.

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