Critiquée par les Occidentaux pour un prétendu tropisme pour la Russie avec laquelle elle entretient des relations historiques, l’Algérie réitère son « attachement » à sa politique de non-alignement, principal fondamental de sa diplomatie.
« Nos relations avec la Russie ne sont pas exclusives de toutes les relations de qualité [et] d’amitié avec d’autres pays », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf, dans un entretien à Al-Monitor, site basé à Washington et dédié à l’actualité au Moyen-Orient.
Maintenant sa politique de « non-alignement » tout en restant à l’écart des sanctions occidentales contre Moscou après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Algérie a augmenté ses livraisons de gaz aux pays de l’Union européenne qui ont décidé de réduire leur dépendance vis-à-vis du gaz russe.
Une neutralité qui ne l’a pas mis pour autant à l’abri des pressions. En octobre 2022, un groupe du congrès américain avait envoyé une lettre au secrétaire d’État américain Antony Blinken, exprimant ses « inquiétudes quant aux liens croissants de l’Algérie avec la Russie et appelle à des sanctions contre les responsables du gouvernement algérien pour un accord sur les armes avec Moscou ».
Mais comme pour d’autres conflits, l’Algérie privilégie la « solution politique » dans le cadre des Nations Unies. « La façon dont cela est fait est une autre affaire », a remarqué Ahmed Attaf, en soulignant l’absence de proposition concrète pour « gérer politiquement la crise ukrainienne, du moins en ce qui nous concerne ».
Le chef de la diplomatie algérienne a révélé que l’offre de médiation algérienne a été acceptée par la Russie et que l’Algérie travaille « toujours pour convaincre l’Ukraine de répondre à cela ». Au passage, Ahmed Attaf n’a pas manqué de regretter une forme d’intransigeance de Kiev.
Ahmed Attaf : pas de compromis sur les intérêts de l’Algérie
Mais en dépit des critiques et des pressions, l’Algérie n’est visiblement pas prête à sacrifier sa relation avec la Russie avec laquelle elle a signé récemment une « déclaration de partenariat stratégique » à la faveur de la visite d’Abdelmadjid Tebboune à Moscou en juin dernier. La Russie est le principal fournisseur d’armes de l’Algérie.
Ahmed Attaf a rappelé que les Américains, qu’il a qualifiés d’ « amis », comprennent que la relation entre l’Algérie et la Russie qui existe depuis 60 ans « ne peut pas être abolie immédiatement ». Une grande partie des besoins en armement de l’Algérie proviennent en effet de la Russie et le reste des autres pays comme le Royaume-Uni, la France, les États-Unis ou encore l’Allemagne et la Chine.
Ahmed Attaf a clairement dit que l’Algérie « ne peut pas faire de compris » sur ses « besoins essentiels » et ses « préoccupations de sécurité et de défense ». Il a souligné qu’ « aucun pays » n’a renoncé à acheter des équipements militaires russes à cause des sanctions occidentales contre la Russie.
« Le dialogue sur les questions de défense et de sécurité, la diversification de nos équipements militaires est traité très discrètement avec nos partenaires américains, et il se déroule normalement », a-t-il dit, en soulignant que les relations algéro-américaines sont à un « tournant ».
Le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que les relations entre les États-Unis et l’Algérie se sont nettement développées « au cours des deux dernières années en termes de dialogue politique », comme en témoigne le nombre important de responsables américains qui viennent en Algérie.
Plus globalement, l’Algérie défend ses relations avec les partenaires « prêts à répondre à ses besoins ». « Si c’est la Chine, c’est la Chine. Si c’est la Russie, c’est la Russie. Si ce sont les États-Unis, ce sont les États-Unis. La chose la plus importante est notre intérêt national », a tranché Attaf, comme pour lever toute équivoque.
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