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Coronavirus : les professionnels de santé déplorent un relâchement aux conséquences lourdes

Coronavirus : les professionnels de santé déplorent un relâchement aux conséquences lourdes

La reprise de certaines activités commerciales et artisanales décidée par le gouvernement pour atténuer les effets de la crise sanitaire sur l’économie du pays a donné lieu à des comportements qualifiés d’ « irresponsables » par les professionnels de la santé qui tirent la sonnette d’alarme quant aux conséquences désastreuses du non-respect des mesures anti-Covid-19.

« Les citoyens manquent de vigilance de façon collective étant donné qu’ils ne portent pas de masques, d’autant que nous ne cessons de marteler qu’il ne faut pas avoir un masque chirurgical ou de type FFP2, mais on peut fabriquer des masques à la maison. De plus, la distanciation sociale n’est pas respectée, et l’on est en train de constater que les gens sont en train de se promener dans la rue comme si de rien n’était », déplore Dr Bekkat Berkani président du Conseil de l’ordre des médecins et membre du Comité scientifique de suivi de l’épidémie du Covid-19.

Et Dr Berkani de rappeler la mise en garde, vendredi soir, du président de la République qui n’a pas exclu, si les règles sanitaires ne sont toujours pas respectées, un durcissement du confinement et une fermeture de nouveau des commerces.

Pour Dr Berkani des résultats probants ont été constatés par l’effet conjugué du confinement et des mesures prises « très tôt » comme la fermeture des frontières et la suspension des liaisons aériennes, la fermeture des écoles et des mosquées, adoption rapidement du protocole de traitement, etc.

« Nous avons remarqué depuis le début du Ramadan que nos concitoyens se sont senti affranchis quant au respect des mesures sanitaires, probablement par les discours qui étaient réalistes dans la mesure où nous n’avons aucun intérêt à cacher à la population qu’il y a une stabilisation. Ils se sont permis de revenir de façon rapide à une vie normale comme avant l’épidémie sans prendre leurs mesures », constate Dr Berkani.

Et d’alerter que des chiffres démontrent une « subite augmentation » des cas prouvés et de décès depuis le début du mois de ramadan, sur l’ensemble du territoire en particulier dans les wilayas qui étaient jusqu’alors épargnées.

Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique, fait le même constat concernant ce relâchement en pointant notamment la communication « un peu trop rassurante » de la part de certains membres du comité scientifique de suivi de l’épidémie, en particulier sur l’effet positif du protocole thérapeutique à base de chloroquine.

« Ce traitement n’est pas la solution à cette pandémie mondiale, c’est un traitement ‘’palliatif’’ qui a diminué le nombre de cas compliqués et donc de décès. La solution au problème actuel est dans une vaccination qui n’est pas encore là », rappelle Dr Merabet.

Abordant la reprise de la majorité des activités commerciales et artisanales dans une démarche « de déconfinement qui ne dit pas son nom », Dr Merabet aurait souhaité le décalage de cette reprise, qu’il juge par ailleurs légitime puisqu’elle répond à un impératif économique, à la deuxième quinzaine du mois de Ramadan ce qui permettrait de gagner deux semaines de confinement.

Dr Merabet se dit favorable à des mesures coercitives afin d’amener la population à se conformer aux règles sanitaires, comme infliger des amendes ou même la prison pour les récalcitrants.

Dans ce sens, Dr Mohamed Yousfi, chef du service des maladies infectieuses de l’EPH de Boufarik, estime que l’autorité publique peut intervenir pour mettre en application les mesures édictées tant par les commerçants que par la population.

« Il y a eu beaucoup de sacrifices qui ont été faits depuis deux mois, notamment une bonne partie de la population qui s’est astreinte au confinement. Au plan sanitaire aussi, le prix a été lourd tant en termes de décès que de cas prouvés. Il ne faudrait pas qu’on perde tout ça à cause du comportement de certains individus », avertit Dr Yousfi.

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