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Coronavirus : mystère autour du faible taux de mortalité en Allemagne

Coronavirus : mystère autour du faible taux de mortalité en Allemagne

Alors que la pandémie du coronavirus continue de se répandre à travers le monde, un pays en particulier attire l’attention autour du très faible taux de mortalité par rapport au nombre de cas officiellement déclaré.

Il s’agit de l’Allemagne, qui recense ce mercredi en début d’après-midi 10 082 cas de contamination au coronavirus dont 26 décès, soit un taux de fatalité de 0,25% à peine. A titre de comparaison, son pays voisin la France compte 148 décès sur 7696 cas de contamination, soit un taux de mortalité de 1,9%. Presque dix fois plus important qu’en Allemagne. En Algérie, 6 personnes sont mortes sur 72 cas officiellement recensés, soit un taux de fatalité de 8,3%, soit 40 fois plus important qu’en Allemagne.

Aucun pays développé n’a connu un aussi grand nombre de cas que l’Allemagne avec un aussi faible taux de mortalité, que ce soit l’Italie (7,9%), l’Espagne (4%), le Royaume-Uni (3,6%), les Etats-Unis (1,7%), la Suisse (1%) ou la Corée du Sud (1%). Des pays comme la Norvège (0,28%) et l’Autriche (0,2%) font certes aussi bien que l’Allemagne, mais disposent d’un nombre de cas recensés beaucoup plus faible, avec moins de 1500 cas recensés au 18 mars. 20

Comment expliquer un taux de mortalité aussi faible pour un nombre de cas aussi important en Allemagne ? C’est la question que des Allemands eux-mêmes se posent. « J’aimerais pouvoir répondre à cette question, je me la pose depuis le début de l’épidémie », affirme Thomas Schulz, médecin à l’institut de virologie de Hanovre (Allemagne), cité par Franceinfo.

« La question est posée très régulièrement aux médecins de l’Institut Robert Koch. Ils disent systématiquement qu’en grande partie, c’est un peu un mystère », indique Laurent Desbonnet, correspondant de France Télévisions en Allemagne. « Depuis le début [de l’épidémie], nous avons systématiquement demandé à nos médecins de tester les gens », indiquait le 11 mars dernier le docteur Lothar H. Wieler », président de l’Institut Robert Koch, l’établissement allemand responsable du contrôle et de la lutte contre les maladies au niveau fédéral.

L’Allemagne dispose en effet d’une capacité de dépistage massive évaluée « par les autorités allemandes à 12 000 tests par jour » grâce à un « maillage territorial important de laboratoires », indique Franceinfo qui précise que des « drive » en voiture ont même été mis en place dans le pays, comme en Corée du Sud ou aux Etats-Unis, afin de tester rapidement de très nombreuses personnes.

Il est pour l’instant toujours possible d’être testé en Allemagne sur demande de son médecin généraliste. Il faut pour cela avoir des symptômes après avoir été en contact avec un cas confirmé, avoir des symptômes et revenir d’une zone à risques ou d’une zone dans laquelle des cas positifs ont été détectés sans être classée zone à risques ou bien être atteint d’une pneumonie sans que l’on puisse l’expliquer.

Une autre explication quant à au faible taux de mortalité concernerait une éventuelle surévaluation du taux de mortalité dans les autres pays. « Comme l’Allemagne teste davantage de personnes, y compris certaines qui ne sont pas tant malades, cela nous donne une meilleure compréhension du taux de mortalité », avance Thomas Schulz, médecin à l’institut de virologie de Hanovre.

Disposant de capacités limitées, les autres pays ne peuvent en revanche tester et donc recenser que les cas graves, dont les morts, ne comptabilisant pas ainsi le nombre bien plus élevé de personnes contaminées présentant des symptômes bénins. C’est selon toute vraisemblance la situation en Algérie, où le nombre de cas officiellement recensés ne reflète pas la réalité de la propagation du coronavirus compte tenu du faible nombre de tests effectués (moins de mille).

L’Allemagne dispose enfin d’un système de santé performant. Elle figure notamment dans le top 3 des pays ayant le plus de lits en soins intensifs à offrir à leurs habitants, avec 6 lits pour 1000 habitants, indique la Tribune. En comparaison, la France ne dispose que 3,1 lits d’hôpitaux en soins intensifs pour 1.000 habitants.

Malgré le faible taux de fatalité, les spécialistes allemands préfèrent rester vigilants et mesurés. « Il est probable que dans les prochains jours, l’Allemagne connaisse une vague de nouveaux cas et que le taux de mortalité grimpe », avertit dans ce contexte le virologue Thomas Schulz, estimant que le pays a « deux semaines de retard sur l’Italie », avec une courbe exponentielle de l’évolution de l’épidémie. L’Allemagne disposant de l’une des populations les plus âgées d’Europe, un tel risque est à craindre.

Pour éviter un tel scénario, l’Allemagne a mis en place dans ce cadre ces derniers jours des mesures drastiques telles que des appels à la population à « rester à la maison » et à renoncer aux vacances dans le pays et à l’étranger, ainsi que la fermeture des écoles ainsi que des frontières avec cinq pays.

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