L’Algérie fait face à une troisième vague de l’épidémie de coronavirus, affirme le Pr Nibouche qui s’alarme du nombre important de complications cardiaques graves dues au Covid-19.

Le Pr Djamel-Eddine Nibouche, chef de service cardiologie au CHU Nafissa Hamoud (ex Parnet) à Alger, se dit alarmé par le nombre important de complications cardiaques graves dues au Covid-19.

À tel point que, témoigne le cardiologue en chef, ses équipes ont transformé les urgences cardiologiques en une « unité purement Covid » afin de prendre en charge les complications cardiaques.

Le Pr Nibouche pointe une probable mutation du virus. « Cette modification rend le virus plus infectieux et c’est ce que nous voyons au niveau de notre service de cardiologie où nous enregistrons de plus en plus de complications cardiaques graves », a expliqué le Pr Nibouche dans une déclaration à TSA.

Pour le cardiologue, les mutations sont très fréquentes chez tous les virus, mais la plupart d’entre elles disparaissent très rapidement ou restent peu courantes.

« Seules quelques variantes, comme c’est probablement le cas actuellement, réussissent à émerger », note-t-il. Selon le scientifique, la diminution de la vigilance de la population quant aux mesures barrières n’explique pas à elle seule la recrudescence de l’épidémie en Algérie. « Il existe d’autres facteurs dont ceux liés au virus lui-même qui peuvent expliquer cette situation, bien que nous n’ayons pas pour le moment de preuves génétiques en Algérie d’une mutation virale », tempère le professeur.

L’Algérie vit une 3e vague de la Covid

Pour lui, la recrudescence inquiétante des contaminations (l’Algérie a dépassé le seuil de 1 000 contaminations quotidiennes) n’est pas une surprise. « Nous attendions en fait cette évolution et je n’ai personnellement pas été surpris par la recrudescence des cas (Covid), car le profil de l’épidémie a évolué et notre interrogation est de savoir si aujourd’hui le virus a bien changé de comportement », se demande-t-il. Pour le Pr Nibouche, l’Algérie fait même face à une 3e vague « puisque nous avons eu une situation similaire il y a de cela 4 mois où le nombre de cas a atteint les 700 (et plus) ».

Le Pr Nibouche relève qu’il y a aujourd’hui une meilleure compréhension du profil de l’épidémie de Covid-19. « Nous commençons à mieux comprendre le profil de l’épidémie de Covid-19. Celle-ci évolue par phases successives, entrecoupées d’accalmies. Nous devons donc nous préparer au moment des accalmies à affronter une autre recrudescence de l’épidémie par une organisation rigoureuse des soins : disponibilité des lits, organisation de circuits des malades, répartition des tâches, organisation par secteurs sanitaires de la prise en charge de la Covid, coordination et individualisation instantanée des lits disponibles par l’intégration d’Internet et des moyens numérisés », détaille le scientifique.

Ce type de préparation, précise-t-il, évitera à coup sûr d’être surpris par la survenue brutale de nouveaux cas. « Nous voyons qu’il s’agit d’une épidémie complexe, difficile à prendre en charge à chacun d’entre nous à n’importe quel niveau est interpellé afin de respecter les directives préconisées par les autorités. Et ce dans la perspective d’enrayer cette maladie qui malheureusement ne disparaîtra pas pour le moment », observe le Pr Nibouche.

Le spécialiste estime que le « seul espoir », et peut-être le dernier, restera le vaccin « que nous espérons efficace et disponible très rapidement ». Dans la stratégie de mise en place de la vaccination anti-Covid, le chef de service cardiologue du CHU Nafissa Hamoud recommande de penser à vacciner en priorité la population à risque comme le personnel hospitalier et les populations fragiles. « Mais attention, cela ne suffira pas, prévient-il. Il faut casser l’épidémie et pour s’y faire il faut également vacciner ceux qui seront susceptibles de propager la maladie ».