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Covid-19 : pourquoi l’Algérie utilise de moins en moins la chloroquine

Covid-19 : pourquoi l’Algérie utilise de moins en moins la chloroquine

La chloroquine n’a plus la cote en Algérie. Adopté dès le mois de mars dernier par les autorités sanitaires dans le protocole thérapeutique pour traiter les malades atteints par le Covid-19, l’hydroxychloroquine est, huit mois après, le début de l’épidémie « de moins en moins utilisée » en Algérie, a indiqué le Pr Noureddine Zidouni à TSA il y a quelques jours.

La tendance générale est de moins en moins à l’usage de l’hydroxychloroquine pour soigner les patients Covid-19, selon des témoignages concordants de praticiens.

« Actuellement dans nos hôpitaux, on reçoit de plus en plus de patients à un stade tardif. Moi-même j’ai constaté que lorsque j’administre la chloroquine  à un patient et que je le revois après 5 jours je ne vois pas de changement par rapport aux autres malades qui n’ont pas reçu le médicament », témoigne le Pr Salah Lellou, le chef de service de pneumologie à l’EHU Oran.

« Des études ont démontré que l’hydroxychloroquine n’est pas efficace. Le Pr Didier Raoult (principal promoteur de la chloroquine au niveau mondial) lui-même dit que le médicament n’est efficace que s’il est donné précocement », poursuit le Pr Lellou qui ajoute que « de moins en moins d’études scientifiques recommandent la prescription de la chloroquine ».

Les médecins libéraux ne sont pas en reste. « Il semblerait que l’hydroxychloroquine est de moins en moins prescrite », explique à TSA, Dr Yacine Terkmane, président de la section ordinale régionale des médecins de la wilaya de Blida.

La tendance est mondiale et les praticiens algériens prescrivent de plus en plus des médicaments à visée cardiovasculaire comme les anticoagulants à l’instar du Lovenox. Le Dr Adel Boudahdir, médecin-réanimateur au CHU de Blida, confirme que la prescription de la chloroquine se fait dans une proportion moindre qu’auparavant.

« On prescrit toujours mais un peu moins qu’auparavant en respectant les contre-indications. Je pense que c’est en rapport avec les études contradictoires sur l’efficacité clinique : études positives versus études négatives », explique-t-il.

« On n’arrive pas à comprendre pourquoi ce revirement » 

L’épidémiologiste au CHU de Batna, le Pr Mohamed Yazid Kadir confirme lui aussi « qu’on ne voit pas beaucoup l’hydroxychloroquine en pratique ». « Actuellement, on ne travaille plus sous les recommandations nationales. Il fut un moment où le comité scientifique de suivi de l’épidémie de la Covid-19 avait élaboré ce qu’on appelle des recommandations nationales selon lesquelles chaque praticien, quel que soit son statut (hôpital ou cabinet privé) devrait normalement respecter le protocole thérapeutique (azithromycine+hydroxychloroquine). La réalité du terrain, aujourd’hui, est qu’on ne voit pas beaucoup l’hydroxychloroquine en pratique », relève-t-il.

Le Pr Kadir pointe une divergence entre les praticiens sur la manière de traiter la Covid-19. « Les malades se font traiter par de l’augmentin (antibiotique), par l’azithromycine (autre antibiotique). Finalement, on n’a pas une pratique commune dans la prise en charge, chaque praticien est en train de juger à sa manière le bon choix en matière de traitement », observe le Pr Kadir.

Une situation qui interpelle le praticien. « On n’arrive pas à comprendre pourquoi ce revirement : est-ce sur la base des connaissances scientifiques ou pour des raisons pratiques ? C’est le grand point d’interrogation. (…) Personne ne veut aller au fond du problème », reproche-t-il, ajoutant que la Covid-19  « a été révélatrice de dysfonctionnements dans la pratique médicale ».

En mai dernier, les experts algériens avaient défendu l’efficacité de la chloroquine après la décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de suspendre temporairement les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine.

 

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