Société

Covid-19 : trois spécialistes recommandent aux Algériens de se ressaisir

L’Algérie connaît un léger rebond des contaminations au Covid-19 qui sont repassées au-dessus de la barre des 200 cas par jour. Des échos en provenance des structures médicales confirment cette la reprise de l’épidémie.

Trois spécialistes de la santé mettent en garde contre une troisième vague de la pandémie de Covid-19 en Algérie et recommandent aux Algériens de se ressaisir rapidement en respectant à nouveau les mesures barrières qui ont montré leur efficacité jusque-là.

« La situation sanitaire est actuellement inquiétante. Les contaminations remontent quelque peu et le nombre quotidien a dépassé les 200 cas. On n’est pas en pleine 3e vague, mais il y a des prémices », prévient le Pr Salah Lellou, chef de service pneumologie à l’EHU Oran, dans une déclaration à TSA, ce dimanche 2 mai.

« La situation peut dégénérer tout moment »

« Les gestes barrières vivement recommandés sont malheureusement très peu respectés sur le terrain. Et c’est ce qui peut expliquer cette remontée. Il faudrait que la population soit consciente que la situation peut à tout moment dégénérer », prévient encore le spécialiste pour qui le scénario d’une troisième vague n’est plus exclu.

« On peut éviter cette 3e vague. Jusqu’à présent, nous avons pu éviter ce scénario grâce aux mesures prises par les pouvoirs publics, entre autres par la fermeture des frontières », rappelle-t-il.

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D’où l’importance, selon lui, de renforcer les gestes barrières et autres précautions, à savoir la distanciation physique, le lavage fréquent des mains et surtout le port du masque.

« Et puis, il faut éviter tous les regroupements inutiles », enjoint-il, avant d’inviter les personnes qui peuvent se faire vacciner à le faire.

« Actuellement, le seul moyen de faire face à cette pandémie c’est la vaccination. C’est vrai que pour le moment il n’est pas évident de trouver un vaccin du fait qu’il n’y a pas suffisamment de doses, mais je pense que la situation ne va pas perdurer avec l’arrivée de nouveaux vaccins », estime le pneumologue qui signale qu’à travers le monde les pays en retard dans la vaccination sont en train de payer un lourd tribut.

« Prenons l’exemple de l’Inde, l’un des premiers producteurs de vaccins au monde mais avec seulement 8% de la population est vaccinée. Et le résultat est là : le pays subit une déferlante avec des cas qui dépassent 300 000 par jour », relève-t-il.

Pour l’Algérie, le Pr Lellou juge que la situation n’est pas totalement désespérée et qu’elle est maîtrisable pour peu qu’on revienne aux gestes barrières qui ont prouvé leur efficacité dans la lutte contre la pandémie.

« Il faut se préparer à une éventuelle 3e vague afin de l’atténuer. On est face à une évolution cyclique de la pandémie avec une 1ère et une 2e vague, mais la 3e peut être atténuée si on respecte bien les consignes », ajoute le Pr Lellou.

Le Pr Idir Bitam, éminent expert en maladies transmissibles et pathologies tropicales, estime lui aussi que l’Algérie n’est pas à l’abri d’une troisième vague de la Covid-19.

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« Les gens qui ont été infectés l’année passée ne sont pas épargnés »

« Les variants britannique et nigérian sont présents en Algérie mais le premier est le plus dangereux, il mène souvent les malades en réanimation et provoque des insuffisances respiratoires », signale-t-il, tout en confirmant que contrairement à l’année passée, la Covid-19 touche de plus en plus de jeunes, cette fois.

« Là il faut faire très attention en adoptant les mesures barrières. Les gens qui ont été infectés l’année passée ne sont pas épargnés pour autant, donc il faut faire très attention, la pandémie est plus virulente et peut être fatale. Les mesures barrières sont toujours de mise », enjoint-il.

Parmi ces mesures, le port de la bavette et le lavage fréquent des mains. « Le port de la bavette, c’est 40% de protection et le lavage des mains protège à 60 %. Respecter l’un sans l’autre, c’est comme on n’avait rien fait. Il faut que ce soit complémentaire. C’est très important surtout dans les lieux publics où il y a une densité de population importante (marchés, supérettes, cafés, soirées, etc.) », recommande le scientifique qui déplore que le port du masque n’est plus respectée.

« On est en train d’assister à un relâchement total et flagrant. Même si on fait des campagnes de sensibilisation en disant attention les hôpitaux sont pleins, etc., les gens ne prennent pas cela en considération et c’est dommage », regrette le Pr Bitam.

« Les protocoles sanitaires doivent être appliqués »

Le président du Conseil de l’ordre des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani fait lui aussi ce malheureux constat, tout en rappelant que les mesures barrières ont prouvé leur efficacité dans la lutte anti-Covid.

« Il faut que nous prenions conscience de façon individuelle et collective que le retour aux fondamentaux des gestes barrières est nécessaire. D’abord  le port du masque qui lui-même est fondamental étant donné qu’il a été prouvé scientifiquement que là il y a port du masque il n’y a pas de transmission du virus. Et aussi autant que faire se peut se laver les mains fréquemment et observer la distanciation physique », exhorte-t-il.

« La population croit que l’épidémie est derrière nous au vu des chiffres officiels en dessous de 100 cas quotidiens », constate-t-il tout en plaidant pour plus de coercition en cas de non-respect des mesures barrières.

« Les protocoles sanitaires qui ont été savamment et laborieusement élaborés doivent être appliqués, tout simplement. Que ce soit dans les mosquées, dans les commerces ou dans les transports publics. Les gestes barrières doivent être réactivés absolument alors que nous sommes en phase de balbutiement de la vaccination », incite Dr Bekkat Berkani, membre du comité de suivi de l’épidémie de Covid-19 et président du Conseil de l’ordre des médecins.

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