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Crimes du 17 octobre 1961 : Macron va-t-il reconnaître la responsabilité de l’État français ?

Crimes du 17 octobre 1961 : Macron va-t-il reconnaître la responsabilité de l’État français ?

À l’occasion du 56e anniversaire de la répression sanglante, en plein Paris, d’une manifestation organisée par la Fédération de France du FLN, un collectif d’associations, de partis politiques et de syndicats, demande au président français Emmanuel Macron de préciser sa position sur les crimes d’État commis par la France.

Crimes contre l’Humanité

« Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des ‘bienfaits de la colonisation’, à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS », peut-on lire dans cette lettre en date du 9 octobre.

En outre, le collectif indique qu’à l’occasion d’un rassemblement qui aura lieu ce mardi, en fin de journée, au pont Saint-Michel à Paris, « une nouvelle plaque sera symboliquement apposée avec une inscription »détaillant leur vœu : " À la mémoire des centaines d’Algériens tués lors des manifestations pacifiques du 17 octobre 1961 par des policiers agissant sous l’autorité du préfet Maurice Papon. Reconnaissance de ce crime d’État ». Pour rappel, en 2001, la mairie de Paris avait apposé une plaque commémorative sur le pont Saint-Michel.

Au cours de sa visite à Alger en février 2017, Emmanuel Macron, alors simple candidat à la magistrature suprême avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ». « La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », avait-il lâché lors d’une interview accordée à Echorouk Newslaissant croire à un processus de repentance de la France sur la question.

Emmanuel Macron avait alors déclenché l’ire d’une partie de la classe politique française -montrant ô combien le sujet est toujours clivant et sensible dans la société française- l’obligeant ainsi à faire marche-arrière et à préciser ses propos.

Exercice du pouvoir

Pour faire taire la polémique, le candidat à l’Élysée postera quelques jours plus tard une vidéo sur son site de campagne dans laquelle il maintient sa position -« il faut avoir le courage de dire la vérité […] dire que la colonisation a entraîné la négation du peuple algérien »-, mais où il nuance son propos. L’expression « crime contre l’humanité », trop connotée, a ainsi été gommée du discours.

Toutefois, en dépit de ce « réajustement lexical », les propos du candidat Macron restent pour Alger inédits – il est le seul homme politique français à date à avoir tenu une position aussi courageuse et nette sur le passé colonial de la France- et suscitent évidemment beaucoup d’espoir. Quand Emmanuel Macron est élu en mai dernier, une déclaration de la présidence de la République algérienne salue la victoire d’un « ami de l’Algérie » et appelle le nouveau locataire de l’Élysée à aller plus loin. Son « attitude pionnière » le place « dans la position-clé de protagoniste (…), du parachèvement d’une réconciliation authentique entre nos deux pays ».

Mais le temps de la conquête du pouvoir et de ses calculs électoraux (la France compte plus d’un million de binationaux et donc d’électeurs potentiels) a laissé place à l’exercice du pouvoir. Depuis son élection, Emmanuel Macron n’a d’ailleurs fait aucune déclaration sur le sujet et aucun déplacement officiel n’est prévu en Algérie pour le moment.

Emmanuel Macron n’est toutefois pas le seul président français à avoir suscité beaucoup d’attentes du côté d’Alger. En mai 2012, l’élection de François Hollande, signe de renouveau, est saluée. Quelques mois plus tard, lors de l’anniversaire du 17 octobre 1961, le locataire de l’Élysée se contentera toutefois d’une déclaration a minima : « La République reconnaît avec lucidité ces faits »

Pourtant, en octobre 2011, alors candidat à l’élection présidentielle, François Hollande avait jugé que « trop longtemps cet événement (avait) été occulté des récits historiques » et qu’il était « important de rappeler ces faits ».

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