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Crise libyenne : redistribution des cartes et médiation algérienne en perspective

Crise libyenne : redistribution des cartes et médiation algérienne en perspective

CONTRIBUTION. La visite en Algérie du président de la chambre libyenne des députés, Salah Aissa Aguila, est importante. Elle place désormais Alger au centre de l’équation libyenne.

En effet, la quasi-disqualification du maréchal autoproclamé, Khalifa Haftar, pour cause de déboires militaires sévères et répétés, a poussé son parrain égyptien (secondés par les émiratis et les Français) à lui trouver rapidement un leader de substitution, plus ou moins crédible, en la personne du rusé Aguila qui a su se démarquer, à temps, de son encombrant compagnonnage avec l’irascible et psychorigide maréchal.

À travers « la déclaration du Caire » adoptée à la hâte et de manière théâtrale le 6 juin dernier, le président égyptien Abdel Fatah al Sissi s’est empressé de reprendre tactiquement l’initiative pour tenter d’imposer une trêve conditionnelle visant principalement à geler le front avant qu’une plus grande débâcle de « l’armée nationale libyenne » ne rapproche fatalement sa bête noire, la Turquie, via ses supplétifs et ses redoutables drones, de sa zone proclamée d’influence en cyrénaïque et de sa frontière occidentale.

L’intrusion de la Turquie de l’islamiste Erdogan dans la crise libyenne a été le game changer qui a radicalement bouleversé le rapport de forces sur le terrain en acculant ceux qui rêvaient de conquérir Tripoli (notamment le trio franco-égypto-émirati) à revoir en catastrophe leur plan pour essayer de sauver les meubles.

L’insincérité de cette initiative a été mise à l’index aussi bien par la Turquie que par le Gouvernement d’Accord National (GAN), reconnu par l’ONU, de Faiaz Sarraj.

Entre temps, pragmatiques, les Russes qui poursuivent leur propre partition géopolitique (terrorisme, pétrole et facilites navales) ne sont pas loin de reproduire le modus vivendi établi avec les Turcs en Syrie en traçant des lignes rouges pour éviter tout casus belli avec un membre fondateur de l’OTAN dont les ambitions régionales affirmées en Libye et méditerranée orientale font enrager deux autres membres de l’alliance atlantique (France et Grèce) qui l’accusent d’instrumentaliser cette organisation politico-militaire qui fonctionne selon la règle d’airain du consensus en tant que seul fondement de la prise de décision.

Les Américains qui se sont réengagés sur la question libyenne, principalement pour contrer la présence active de la Russie et ses plans visant  à établir une présence durable sur le flanc sud de l’OTAN, ont rejeté de manière diplomatique, quoique ferme, cette « initiative » égyptienne qui n’a aucune chance d’être acceptée par le GNA, car celui qui essuie des défaites sur le terrain militaire n’est certainement pas en mesure de dicter ses conditions (démantèlement des milices, expulsion des mercenaires…).

C’est la dure loi de la guerre et Le Caire qui a tout fait pour parasiter les efforts sincères consentis par l’Algérie, tout au long de ces dernières années, pour parvenir à un règlement libyo-libyen, à l’écart des jeux d’influence et de pouvoir, doit se résoudre à accepter, la mort dans l’âme, une médiation algérienne devenue incontournable pour arrêter l’effusion du sang de nos frères libyens.

 

*Politologue


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