C’est l’un des débats générés par les émeutes qui ont ébranlé la France entre fin juin et début juillet suite à la mort du jeune Nahel, tué par la police au cours d’un contrôle routier mardi 27 juin. Quel est réellement le profil identitaire ou ethnique des émeutiers ?
La mort du jeune d’origine algérienne de 17 ans a embrasé les banlieues des grandes villes françaises.
Les émeutes ont été d’une grande violence. Si beaucoup, notamment dans l’extrême-droite et la droite traditionnelle, ont accusé évidemment les jeunes d’origine étrangère, notamment maghrébine et africaine, d’être les auteurs exclusifs des saccages qui ont ciblé infrastructures publiques et biens privés, le ministère de l’Intérieur a fait état de la présence parmi les émeutiers de jeunes des « beaux quartiers » ou portant des prénoms à consonance française.
Depuis quelques jours, le prénom des casseurs et des individus interpellés est devenu un enjeu pour la partie de la classe politique française qui, avant même ces émeutes, avait dans le viseur l’immigration d’origine musulmane, maghrébine ou africaine.
Celui qui a fait du prénom un marqueur de l’identité française un indice d’intégration, c’est évidemment l’extrémiste Éric Zemmour.
Invité de BFMTV et RMC, le fondateur de Reconquête a contesté les affirmations du ministère de l’Intérieur quant à la proportion des prénoms à consonance non étrangère parmi les personnes interpellées lors des émeutes.
Pour lui, et même en l’absence de statistiques indiscutables, il est « évident » que la majorité des casseurs sont des jeunes d’origine immigrée.
Éric Zemmour se contente des images diffusées par les chaînes de télévision et les réseaux sociaux pour conclure à la responsabilité des étrangers dans ce qui s’est passé en France après la mort du jeune Nahel.
« J’aimerais que vous me donniez des statistiques. On le voyait aux images, l’énorme majorité, je n’ai même pas de mots pour dire combien c’est majoritaire, s’appelle Mohamed ou Ali », a tranché le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2022.
« Il y a toujours eu du racisme » en France
Cela, en dépit de ce qu’a pu affirmer le ministère de l’Intérieur quant à la participation de jeunes français dits « de souche » aux émeutes.
« Je n’y crois pas une seconde. Moi je pense qu’il y a eu 80, 90 % de Mohamed et d’Ali. Il y a eu un Matéo, un Nicolas et il y a eu cet amalgame », insiste-t-il.
« Ce type est un raciste. Et sa haine devient pathologique », a réagi sur Twitter le jeune homme politique Ismaël Boudjekada, qui a aussitôt annoncé un dépôt de plainte auprès du procureur de la République contre Éric Zemmour pour « incitation à la haine raciale ».
La question du racisme dans la société s’est aussi invitée sur le même plateau de RMC avec l’intervention du maire de Grenoble, Éric Piolle.
Le maire écologiste ne justifie pas les émeutes, mais il a estimé que les jeunes des banlieues font face à d’énormes difficultés, comme le fait de se sentir « des citoyens de deuxième classe », de « ne pas pouvoir circuler partout », de « ne pas pouvoir accéder au même études que les autres » et de connaître la discrimination dans l’emploi.
Il a surtout dénoncé le délit de faciès qui frappe, selon lui, ces jeunes. « Si je cours moi dans la rue, on va dire que je vais choper mon bus. Si c’est un jeune qui n’a pas la peau blanche, on va croire qu’il a volé quelque chose », dit-il, illustré.
La société française est-elle alors raciste ? Éric Piaule ne le nie pas complètement.
« Il y a toujours eu du racisme, on l’est tous un petit peu, on a tous un rapport à la différence », assène-t-il.
Le maire de gauche donne comme exemple le délit de faciès qui ciblait auparavant les Espagnols et les Portugais, à cause de la consonance de leurs noms, ou encore les Italiens qui vivaient à l’époque « relégués » et s’adonnaient à des activités délictuelles.
« Il y a quarante ans, dans certains bars de Grenoble, il était écrit ‘ni chien ni rital’. Le racisme ciblait à l’époque les Italiens. Aujourd’hui, si vous avez un nom italien, ça passe complètement inaperçu », ajoute-t-il.
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